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Éducation : une entreprise sociale au service des jeunes

Le centre de langues et de communication géré par l'association Initiative urbaine a changé son mode de gestion pour devenir une entreprise sociale. Ce nouveau système permet d'améliorer le rendement de l'établissement et, surtout, d'assurer son autofinancement.

Le centre accueille entre 600 et 1.000 étudiants par module et propose également des cours d’alphabétisation et de bureautique.

26 Décembre 2014 À 19:32

À Hay Mohammedi, plus précisément au boulevard la Grande Ceinture, s’érige un centre de langues et de communication pas comme les autres. Sa particularité réside en son mode de fonctionnement. Géré par l’association Initiative Urbaine, ce centre fonctionne comme une entreprise sociale. Cet espace d'apprentissage linguistique et de soutien scolaire est financé par les cotisations des étudiants. «Le centre existe depuis 2006. Le passage en mode de gestion en tant qu’une entreprise sociale a été mené dans le cadre du projet “EduCare”», explique Abdeljalil Bekkar, président d’Initiative urbaine. Ce concept relativement nouveau au Maroc a démarré en mars 2014, en partenariat avec les Fondations «la Caixa» (Espagne) et «Cariplo» (Italie). Ce projet est porté par les associations «Casals del enfants» et «Soleterre», ONG de coopération internationale.

Selon Abdeljalil Bekkar, Initiative urbaine, qui travaille déjà avec «Casals del enfants» pour l’insertion des jeunes, a découvert le concept «Educare» d’entreprise sociale depuis un an et demi. L’association basée à Hay Mohammedi a été aussi contactée par «Soleterre» pour professionnaliser son centre de langues et de soutien scolaire installé à Hay Adil. Cet espace éducatif souffrait de problèmes financiers. Grâce à l’intervention des associations porteuses du projet «Educare» au Maroc, Initiative urbaine a fait appel à une consultante professionnelle pour mener un diagnostic interne. Ainsi, elle a pu découvrir les points forts et faibles du centre. L’association casablancaise a également fait une étude de marché externe. Après ces deux étapes, elle a présenté, le 14 novembre 2014, son projet à Rabat pour validation. Ce processus lui permet non seulement d’assurer la pérennité du centre de langues et de communication, mais également de développer son projet sur d’autres quartiers défavorisés de la métropole. Pour l’instant, ledit centre doit se mettre à niveau afin d’accompagner le passage vers une entreprise sociale. Selon le président d’Initiative urbaine, l’association a établi un business plan, ainsi qu’un plan d’action applicable en partie à partir de l’année en cours. «Nous prévoyons d’organiser une formation pédagogique ainsi que la production d’un référentiel éducatif. Nous avons également pour ambition d'informatiser le système de gestion. En attendant de réaliser toutes les démarches nécessaires à cette mise à niveau, on commencera cette année par la formation des équipes», explique-t-il.

Cette nouvelle entreprise sociale de Hay Mohammedi est perçue comme une alternative d'intervention sociale dans le secteur de l'éducation. À voir le nombre et la satisfaction des bénéficiaires, on peut déduire que cette infrastructure représente plus qu’une initiative associative. C’est une chance pour les jeunes et les moins jeunes qui n’ont pas d’autres alternatives. En Effet, au moment où les frais des cours de soutien scolaire et de langues alourdissent les charges des parents, ce centre prend en considération les revenus et les responsabilités de ces derniers, notamment en cas de famille nombreuse. Ainsi, les cours de soutien pour lycéens y sont proposés à 300 DH pour trois matières. Ces tarifs représentent le ¼ du prix appliqué sur le marché. Pour démocratiser l’accès au centre, les bénéficiaires des cours de langue paient 400 DH par module. Ces tarifs bas ne sont en aucun cas, selon Abdeljalil Bekkar, un prétexte pour offrir un service de qualité médiocre ou inférieur à celui proposé dans d’autres établissements. La différence des prix est plutôt justifiée par un budget de fonctionnement plus bas et bien sur un gain moindre ou inexistant.

À titre d’exemple, les enseignants des langues perçoivent 80 DH par séance de cours au lieu des 120 DH proposés par les écoles privées. «La différence est considérée comme un engagement de la part des enseignants, conscients de leur mission, et qui font un travail de qualité», explique Initiative urbaine. Et d’ajouter qu’en cas d’excédent, l’association préfère réinvestir dans le matériel afin d’offrir un cadre d’enseignement approprié pour les enseignants et les bénéficiaires. Outre les économies faites sur la rémunération des professeurs, l’association bénéficie également de la gratuité du local qui sert pour école. Il est à noter que cet espace, qui accueille entre 600 et 1.000 étudiants par module, propose également des cours d’alphabétisation et de bureautique. Disposant de huit salles de cours, une salle multimédia, une salle de séminaire et des bureaux, ce centre, ou plutôt cette entreprise sociale, essaie de vendre des services de qualité aux habitants de Hay Mohammedi et même ceux issus d’autres quartiers casablancais. Cependant, elle diffère de l’entreprise traditionnelle du fait qu’elle réinvestit ses profits pour remplir sa mission sociale et assurer sa pérennité, tout en garantissant sa viabilité financière. 

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