09 Janvier 2014 À 18:19
De fortes vagues ont fait plusieurs dégâts matériels, non seulement à Casablanca, mais aussi à Rabat, Mohammedia, Skhirat. D’autres villes ont aussi été touchées par cette forte houle. Ainsi, à Agadir, Essaouira et Safi, les flottes de pêche et les infrastructures portuaires ont été inondées par l’eau de mer. Les dégâts matériels se chiffrent à des millions de dirhams, et les personnes touchées par cette houle évaluent toujours leurs pertes dont aucune estimation officielle n’a été faite pour l'heure.
Selon les premiers éléments d'information, les dégâts matériels, à Casablanca, plus précisément sur la corniche de Aïn Diab, ont concerné quelques cafés-restaurants. Vitres brisées, salles dévastées, tables, chaises ou encore frigos flottant dans des jardins ou submergés par les flots… Les propriétaires ne déplorent que des dégâts matériels. La corniche de Aïn Diab a été pratiquement inondée et les vagues ont même submergé la route, selon les témoignages de plusieurs citoyens, notamment sur les réseaux sociaux.
D’autres sites ont aussi été touchés par la houle à Casablanca, dont un bidonville au niveau d’El Hank. À Dar Bouazza, des cabanons en front de mer ont également été submergés par les vagues. À Salé, la circulation sur la route côtière reliant Sidi Moussa à Hay Chemaôu a été interrompue et 20 barques de pêche artisanale ont été endommagées tandis qu'à Skhirat-Temara, l'on signale l'effondrement de 2 bungalows, l'endommagement partiel de 30 autres à la plage Guy-ville et la submersion partielle de 17 villas et de la terrasse d'un hôtel. Quant à Kénitra, elle a enregistré la submersion de quelques caravanes au camping Moulay Bouselham et l'endommagement de 4 barques de pêche artisanale (3 à la plage Moulay Bouselham et une à la plage Boukmour). Dans la ville d'Essaouira, un mur de clôture séparant la mer du port s'était effondré. Des dégâts ont aussi été constatés à Agadir où l'on signale le bris d'une vitre d'un restaurant et l'endommagement partiel de 3 embarcations à Taghazoute.
À Safi la houle a causé un endommagement total ou partiel de 75 embarcations artisanales. À Chtouka Ait Baha, la forte houle a causé l'effondrement de la clôture d'une maison, la submersion de 13 autres à la plage Tifnit et l'endommagement partiel d'une barque à la plage Douira. Dans la province de Benslimane, les dégâts signalés concernent l'effondrement partiel ou total de 25 cabanons à la plage Dahomey et la submersion des sous-sols de 5 villas sises à la plage Bouznika.
Suite à la forte houle qui a touché durant la nuit du lundi à mardi quelques villes côtières du littoral atlantique, des Postes de commandement (PC) de veille et de suivi ont été mis en place sous l'autorité des walis et gouverneurs des villes concernées et en présence des représentants de la Protection civile, des services de sécurité, des autorités portuaires et des services techniques. Les membres desdits PC se sont déplacés sur les lieux afin de s'enquérir de la situation, d'évaluer les dégâts et d'inciter les citoyens à la vigilance. Les services de la Protection civile ont été mobilisés pour l'évacuation des eaux de mer. De même que des équipes de nettoiement ont été déployées sur les sites touchés.
Quelles sont les origines du phénomène qui a frappé les côtes atlantiques marocaines ?Ce phénomène résulte de la présence d’une dépression assez profonde de 935 hPa (hectopascal, ndlr) située sur l’Atlantique nord, et ce, depuis le 4 janvier 2014. Cette dépression s’est déplacée progressivement vers l’ouest des îles britanniques les 5 et 6 janvier. Elle s’est accompagnée de vents de Nord-Ouest de 30 à 50 kt (nœuds) (60 à 100 km/h, ndlr) soufflant pendant trois jours sur une distance d’environ 3 000 km, ce qui constitue une longueur importante du «fetch» (distance en mer ou sur un plan d'eau au-dessus de laquelle souffle un vent donné sans rencontrer d'obstacle, depuis l'endroit où il est créé ou depuis une côte s'il vient de la terre. Plus le fetch est important, plus la hauteur des vagues sera grande, ndlr). Toutes ces conditions réunies, à savoir les vents forts, le fetch et la durée d’action, ont été à l’origine de l’arrivée de houles dangereuses de direction de Nord-Ouest sur les côtes atlantiques entre Larache et Tan-Tan, atteignant une hauteur moyenne de 6 à 7 m entre Rabat et Essaouira. Il est à signaler que l’arrivée de ces houles a coïncidé avec une marée haute sur les côtes atlantiques, atteignant 3,5 m entre 6 h et 7 h le mardi 7 janvier. L’effet combiné des fortes houles et de la marée haute explique la dimension atteinte par les vagues.
Certaines régions ont été touchées plus que d’autres. Comment expliquer cette dissimilitude ?Comme souligné avant, l’effet combiné de fortes houles et de marée haute a entraîné le débordement des vagues, mais à différents niveaux sur les côtes atlantiques. De manière logique, ce débordement prend de l’ampleur dans les régions dont le niveau est proche de celui de la mer. C’est le cas notamment des régions situées au Nord entre Safi et Larache.
Est-ce qu'il y a des risques de voir ce phénomène se reproduire dans les prochains jours ?Il faut rappeler qu’il s’agit là d’un phénomène naturel qui se répète selon qu’il y a une forte dépression ou non. Les côtes marocaines ont déjà été frappées par un phénomène similaire ces dernières années, et ce, durant la même période. En ce sens, les derniers en date remontent à janvier 2005 et à janvier 2008, toutefois, avec une amplitude moindre. Propos recueillis par Abdelhakim Hamdane