12 Novembre 2014 À 14:14
Animée par Abderrahim Hafidi, politologue et animateur de l’émission Islam sur France 2, cette rencontre a réuni des personnalités qui représentent toutes les facettes du festival, notamment Katia Légeret représentant le côté artistique, Leili Anavar, qui a contribué à la création de la fresque littéraire, spirituelle et soufie «La conférence des Oiseaux», Rolland Kérol, témoin des débats des Forums et, bien sûr, Faouzi Skali, l’auteur du livre qui est revenu, dans ses interventions, sur les grandes lignes du Festival des Musiques sacrées, en tant que véritable creuset de dialogue et d’échange, où une vraie alchimie s’est construite d’année en année, avec une vision d’ouverture vers les autres cultures.
«Parler de “l’Esprit de Fès”, c’est-à-dire de cette aventure dont j’ai été complice pendant plusieurs années auprès de mon ami Faouzi, n’est pas des plus simples si on veut l’évoquer avec l’objectivité qu’il faut. C’est une belle odyssée qui continue son cheminement après plusieurs étapes marquantes de son histoire. L’ouvrage de Skali restitue en 20 mots, 20 concepts, avec de magnifiques photos, cette immense aventure et nous dira pourquoi les motivations et moments fondateurs de ce festival, pourquoi Fès et pourquoi cette vocation et ligne de conduite qui l’a amené à devenir un grand festival ?» souligne Abdou Hafidi, avant de passer la parole à l’écrivain qui a rappelé ce parcours exceptionnel de 20 ans de voyage musical, chorégraphique et artistique.
Un voyage qui a surtout œuvré pour la promotion des cultures et des savoirs au Maroc et a réussi à jeter des ponts entre le Maghreb et le Machrek, l’Asie et l’Occident. Ces passages qui se sont concrétisés à travers des concerts, des débats et des séances nocturnes dédiées au soufisme, animés par de grandes figures dans les domaines de la musique et de la pensée. Ressusciter l’esprit d’une ville ouverte et ancrée dans la diversité était son objectif et sa vision. Ainsi, ce livre constitue un bel hommage à cette âme de Fès, qui prône l’ouverture sur le dialogue des cultures et des religions, dans un esprit de tolérance et d’universalité. Il représente un vrai témoignage du souffle musical sacré et spirituel qui traverse la ville durant toute une semaine, rendant un vibrant hommage aussi aux artistes qui ont partagé des instants magiques avec les festivaliers.
Tout ce périple, gravant les temps forts du festival, avec ses artistes et penseurs est évoqué dans cet ouvrage, mettant en exergue le brassage des cultures du monde, avec des témoignages et citations tout aussi émotionnels, immortalisés en images par des moments uniques des concerts où plane toute la magie de la ville spirituelle de Fès.
Vingt ans représentent toute une vie où vous avez mené ce projet avec enthousiasme et volonté. Est-ce facile de s’en débarrasser ?Non, parce que justement cela se présente à un moment où les choses doivent se faire d’une façon naturelle. Il y a, aussi, la volonté de pouvoir retrouver une marge de temps pour faire autre chose. J’ai beaucoup de projets que je laisse en suspens, depuis un moment, à cause du projet du festival. Maintenant, j’ai cette possibilité de reprendre mes autres activités en tant que conférencier et écrivain. Comme j’avais aussi la contrainte de mener deux projets importants en parallèle, celui des Musiques sacrées et de la Culture soufie. D’ailleurs, il fallait que cela arrive un jour. Nous ne sommes pas éternels.
Que gardez-vous comme souvenirs marquants de cette belle aventure ?Énormément de beaux souvenirs. Mais pour moi, l’aventure n’est pas terminée, même si je ne suis pas impliqué en termes d’organisation et de logistique. L’essentiel est que le projet puisse continuer de vivre de sa propre vie, qu'il survive, pas seulement à ceux qui l’ont fondé ou à ceux qui l’ont initié. C’est devenu un patrimoine immatériel culturel et spirituel de la ville de Fès et du Maroc. C’est un projet «civilisationnel» dans le sens où il exprime quelque chose qui appartient à l’âme de Fès, c’est-à-dire qu’il appartient à l’imaginaire collectif, à la culture partagée au-delà des personnes. C’est une œuvre «anthropologique», comme je l’ai conçue, qui se ressource dans l’histoire, le patrimoine de l’art, de la pensée… de la spiritualité. Après vingt ans, il fait, actuellement, partie de l’histoire de la ville de Fès. Une histoire récente et créative.