13 Août 2014 À 14:35
Les MRE ne sont pas près de couler une retraite heureuse. Après une vie de dur labeur, ces derniers ne peuvent revenir dans leur pays natal, car la France impose aux retraités étrangers de ne pas séjourner hors du territoire plus de 6 mois et un jour, sous peine de voir leurs prestations sociales suspendues. Une situation d’autant plus injuste que les retraités français de souche ne subissent pas cette contrainte administrative et peuvent s’établir où bon leur semble, leur couverture médicale leur étant assurée de plein droit.
500.000 retraités marocains seraient aujourd’hui concernés par cette loi sociale et fiscale inique. Salem Fkir, président de Cap Sud MRE, souligne, à cet effet, qu’«une mesure a été tout spécialement adoptée, en 2014, pour les retraités français séjournant hors de la communauté européenne qui leur permet de bénéficier d’une couverture sociale à l’identique de celle dont ils jouissent en France». Les retraités marocains titulaires de la carte de résident, quant à eux, n’ont pas été inclus dans ces dispositions, alors que ce sont des contribuables à part entière. «Non seulement, on leur nie leurs droits, mais les contrevenants s’exposent purement et simplement à la suppression de leurs droits sociaux, au moment même où ils en ont le plus besoin», s’indigne Salem Fkir.La plupart des primo-migrants, faut-il le rappeler, sont de nationalité marocaine, souvent analphabètes et peu familiers des dispositions juridiques françaises. Ne sachant pas qu’ils enfreignaient la loi, en séjournant au Maroc, au-delà de 183 jours, «certains d’entre eux ont été appelés à rembourser des sommes colossales, entre 20.000 et 40.000 euros», rappelle le président de l’association.
Afin de dénoncer cette différence de régime, l’association Cap Sud MRE a introduit une requête officielle auprès du gouvernement français, en particulier la ministre française des Affaires sociales, Marisol Touraine, sur cette question, publiée au bulletin officiel du 22-07-2014. «Cette initiative, indique l’association, va permettre de saisir le gouvernement français de manière officielle, longtemps resté sourd à cette discrimination fiscale subie par les MRE depuis plusieurs décennies.» Parallèlement, l’association étant de droit marocain, elle a également attiré l’attention du gouvernement marocain sur la question, faisant valoir les dispositions de l’article 16 de la Constitution qui stipule que le pays doit soutien et protection des droits et des intérêts de sa composante dans son pays d’accueil. «Nous avons interpellé à de multiples reprises l’ensemble des pouvoirs politiques marocains et français afin de les mettre devant leurs responsabilités face à cette loi anticonstitutionnelle».Grâce à sa détermination, Cap Sud MRE a été reçue, en mai dernier, avec une délégation de Marocains résidant en Europe, lors de la Commission du dialogue national qui statuait sur les nouvelles prérogatives constitutionnelles de la société civile.
L’association avait fait part, à cette occasion, de ces revendications concernant les retraités marocains qui souhaitent s’établir dans leur pays d’origine. Selon l’ONG, si la France doit amender la loi, le Maroc doit quant à lui négocier des accords bilatéraux favorables à ces Marocains de l’étranger qui constituent un capital humain et financier de poids. «Il ne suffit pas de parler des MRE uniquement le 10 août et de se contenter de mener des campagnes d’accueil, durant les 3 mois d’été, mais bien toute l’année, fait observer Salem Fkir. Les MRE ne demandent aucun privilège. Ils réclament uniquement leurs droits !» martèle-t-il. «Mais pour faire entendre leur voix, poursuit Salem Fkir, ceux-ci doivent jouir de leur citoyenneté pleine et entière en bénéficiant du droit de vote».Le président de Cap Sud MRE a bon espoir d’obtenir gain de cause et de rétablir ces «obscurs et sans grades» dans leur droit et leur dignité, mais c’est une véritable course contre la montre. «Nos chibanis sont vieux et malades, et après une vie entière de dévouement et de sacrifices, nous nous devons d’apporter un peu de lumière dans leur vie avant qu’ils ne s’éteignent».