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Guerre ethnique au Sud-Soudan

Alors que les Nations unies ont assuré qu'elles enquêteraient sur les crimes contre l'humanité et qu'elles ont dépêché 92 enquêteurs qui se trouvent actuellement sur place, le secrétaire général adjoint aux droits de l'Homme, Ivan Simonovic, a qualifié Bentiu, la capitale de l'État de l'Unité, de «ville fantôme».

Les déplacés se comptent par dizaines de milliers et il y aurait, selon l'ONU, plusieurs milliers de morts. Ph. AFP

17 Janvier 2014 À 17:41

Malakal, dans la province du Haut Nil (Nord-Est), est devenue un des champs de bataille les plus durs dans le conflit qui fait rage depuis plus d'un mois et oppose l'armée fidèle au Président Salva Kiir et une rébellion hétéroclite, conduite par l'ancien vice-Président Riek Machar. L'armée du Soudan du Sud s'est déclarée, hier vendredi, incapable d'entrer en contact avec ses forces combattant dans la ville pétrolière de Malakal, signe que la place serait tombée aux mains de la rébellion. Ailleurs dans le pays, l'armée parle depuis plusieurs jours d'assaut imminent sur la ville de Bor, capitale de l'État de Jonglei, au nord de Juba, qui a déjà changé trois fois de mains depuis le début du conflit.

Pour la première fois depuis le début, le 15 décembre 2013, du conflit au Soudan du Sud, l’Ouganda a officiellement reconnu avoir engagé des soldats sur le terrain. Ils combattent en soutien des forces loyales au Président Salva Kiir. «Au cours de la seule journée du 13 janvier, la SPLA et des soldats de notre contingent ont mené de vifs combats avec les troupes rebelles à environ 90 kilomètres de Juba, et nos troupes leur ont infligé une sévère défaite», a déclaré le Président ougandais à l’issue du sommet sur la région des Grands Lacs qui s’est ténue à Luanda, la capitale de l’Ouganda.

Crimes ethniques

«Dès qu'un camp reprend le contrôle de Bentiu, il commet des violations des droits de l'Homme et tue des civils», a déclaré le secrétaire général adjoint aux droits de l'Homme, Ivan Simonovic, qui souligne que la mission de l’ONU a vu entre 15 et 20 cadavres en état de décomposition dans la rue, manifestement les civils sont ligotés avant d'être tués. Les affrontements entre les deux rivaux ont fait de nombreux morts, les chiffres allant de plus d'un millier à quelque 10 000, et des centaines de milliers de déplacés.

Dans un rapport, Human Rights Watch écrit, jeudi, que «des crimes effarants ont été commis contre des civils pour la seule raison de leur appartenance ethnique». L'ONG détaille des «tueries généralisées», dont le massacre, le 16 décembre à Juba, la capitale, de 200 à 300 hommes, par les forces de sécurité gouvernementales, qui ont «tiré systématiquement» sur des membres de l'ethnie Nuer enfermés dans un local fermé, rapporte l’AFP. De son côté, Casie Copeland, consultante chargée du Soudan du Sud à l'International Crisis Group, témoigne : «on observe des cycles de vengeance qui touchent les communautés dinkas. Les combats ont notamment gagné l'État du Jonglei et celui d'Unité (nord), où se trouvent les ressources pétrolières. La plupart des zones où ces violences ont lieu n'ont pas donné de bilan des victimes, mais l'on estime que ce bilan sera élevé. Les capacités médicales y sont insuffisantes». 

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