20 Janvier 2014 À 16:58
Le parlement provisoire centrafricain élisait ce lundi un nouveau président de transition. Le nouveau président sera une présidente, puisque c'est la maire de Bangui, Catherine Samba-Panza, qui a été élue. Son élection par le Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire), prévue à partir de 10 heures, doit combler le vide laissé par la démission contrainte de Michel Djotodia le 11 janvier, accusé par la communauté internationale de n'avoir rien fait pour arrêter les tueries interreligieuses.Une urne transparente a été installée et chaque parlementaire a été appelé par son nom à venir y déposer son enveloppe, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Pour le nouvel élu, «ce ne sera pas une partie de plaisir», a déclaré la présidente en exercice du CNT, Léa Kouyassoum Doumta à l'ouverture de la séance, en présence des huit candidats, dont deux femmes.Mme Kouyassoum Doumta a invité les parlementaires à «avoir une pensée» pour les populations de province «abandonnées à elles-mêmes» et pour les centaines de milliers de personnes déplacées par les violences. «Le peuple nous regarde. Nous allons procéder à un choix important pour l'avenir de notre pays», a-t-elle souligné. Parmi les candidats figuraient Sylvain Patassé et Désiré Kolingba, respectivement fils des présidents Ange-Félix Patassé, au pouvoir de 1993 à 2003, et André Kolingba (1981-1993).
Autre personnalité, Émile Gros Raymond Nakombo, banquier proche de l'ex-président Kolingba, déjà candidat à la présidentielle de 2011.
À Bangui, sillonnée par les soldats français et africains, l'élection était au centre de toutes les conversations de la population, dont la moitié vit entassée dans des camps de déplacés. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a, lui, appelé à une «action immédiate et concertée» en Centrafrique, lors d'une session spéciale au Conseil des droits de l'Homme à Genève pour la création d'un poste d'expert indépendant sur ce pays. À Bruxelles, l'Union européenne devait approuver dans la journée l'envoi d'au moins 500 soldats européens à Bangui, en soutien aux 1 600 Français de l'opération Sangaris - engagés depuis le 5 décembre avec l'approbation de l'ONU - et aux 4 400 militaires de la force africaine (Misca).
L'Estonie s'est fermement engagée à hauteur de 55 hommes. La Pologne et la Belgique ont annoncé qu'elles participeraient dès lors qu'un cadre européen est fixé. D'autres pays pourraient encore se dévoiler. Mais l'Allemagne et le Royaume-Uni ont fait savoir qu'ils n'enverraient pas de combattants. D’autre part, la communauté internationale s'est engagée lundi à Bruxelles à débloquer près de 500 millions de dollars pour venir en aide à la Centrafrique en 2014, ont indiqué l'UE et l'ONU. Les pays donateurs, réunis à Bruxelles, «se mobilisent totalement pour tenter de mettre fin à la grave crise» humanitaire de la Centrafrique, qui «a été si longtemps oubliée», a déclaré la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva. À Bangui, le calme de ces derniers jours reste précaire. Des musulmans tentent toujours de fuir en direction du Tchad. «Il y a des violences un peu partout, à Bouar (Ouest, près de la frontière camerounaise), Sibut (au nord de Bangui), Boali (au Nord-Ouest)», a reconnu un officier de la Misca, la force africaine, sous couvert de l'anonymat.