Spécial Marche verte

Il n’est pas étonnant que l’on nomme l’adolescence «l’âge ingrat»

Évidemment, cette période de vie a été nommée ainsi pour d’autres raisons aussi liées aux changements physiques qui surviennent à la puberté, mais cela colle bien au ressenti de beaucoup de parents vis-à-vis de leurs adolescents : «l’ingratitude». Arrivé à l’adolescence, votre enfant entrera en conflit avec toute figure d’autorité, même le modèle parental, et se fera entendre en se rebellant et en imposant sa volonté. Ceci n’est pas étonnant, puisqu’il est en train de se chercher et s’affirmer, et il s’affirme par la négation et l’opposition. Et ne pensez pas que vous êtes un cas isolé, tous les parents traversent ce passage obligé avec leurs adolescents, avec une différence peut-être au niveau de la communication et du degré de rébellion.

A l'adolescence, l'enfant entre en conflit avec toute forme d'autorité : il se cherche.

16 Janvier 2014 À 17:33

Si votre adolescent défie votre autorité, en mettant votre patience à rude épreuve, et que cette situation vous effraye ou vous met en colère, essayez simplement de décider de reprendre le contrôle de la situation au lieu de subir ou réagir.

Comment réinstaller votre autorité parentale ?

1. Gardez votre calme en toute situation : même si à l’intérieur vous avez peur ou vous êtes très en colère. Quand votre adolescent vous défie, essaye de vous provoquer, ou pique une crise de rage, essayez de garder un ton et une expression très neutres, même si à l’intérieur vous ragez ou vous tremblez, donnez-lui l'impression que vous avez le contrôle de vous-même et de la situation, et qu’il ne peut vous faire rentrer dans son jeu. S’il se rend compte qu’il peut vous faire réagir, c’est que ça marche, et il n’hésitera pas à le refaire souvent.2. Traitez la situation immédiatement : arrêtez l’escalade des mots et des reproches, et évitez les glissements vers les scènes parent-enfant, marquez la limite en disant à votre adolescent que vous vous occuperez de ce problème dans une minute. Allez dans votre chambre, respirez, prenez le temps de vous calmer, en lui laissant aussi le temps de se calmer. De cette manière, vous marquez clairement que vous êtes celui qui contrôle la situation. Revenez ensuite avec des propositions ou une décision définitive et informez-le.3. Ne cédez pas, et restez cohérents : faites savoir à votre adolescent que vous n’avez pas peur de le mettre en colère ou de refuser certaines demandes. Ne le laissez pas vous entraîner vers des argumentations ou des disputes. Prenez une décision, installez une règle, informez-le, et dites-lui les conséquences s’il ne coopère pas, et partez. Quand vous avez installé une règle, restez cohérent et ne cédez jamais, ne cédez pas à ses colères, menaces, supplications, séduction… la clé, c’est la consistance.4. Recadrez votre adolescent : faites-lui clairement savoir qui est le parent, et expliquez-lui que sous votre toit, les chefs de famille sont papa et maman, et certainement pas un(e) adolescent (e) de 14 ans. Il est pris en considération, et a toute sa place dans les décisions et les échanges, mais ce n’est pas lui qui commande, ni qui fait vivre la famille à son rythme et à sa guise.

5. Faites le deuil de l’enfant parfait : l’autorité est aussi installée par l’amour. Beaucoup de parents élèvent ce qu’on appelle «l’enfant parfait» et qui est une image irréaliste de l’enfant modèle qu’ils souhaitaient avoir, tout en mettant la pression à leur enfant pour coller à ce modèle. C’est souvent pour cela que beaucoup d’adolescents commencent à se définir en se séparant de leurs parents, et en s’affirmant avec force et violence, ils sont simplement en train de montrer à leurs parents qui ils sont réellement, ce modèle que les parents refusent de voir et d’adopter. Aimez votre adolescent pour ce qu’il est, comme il est, et arrêtez de vouloir faire de lui «l’enfant imaginaire» que vous aviez en tête.6. Commencez par des petits pas : ne cherchez pas à réintégrer votre autorité de manière violente et d’un seul coup. Faites-le petit à petit. Commencez par prioriser les domaines où vous sentez que votre autorité est bafouée, et installez des règles dans un domaine à la fois.7. Ne vous laissez pas intimider et ne vous sentez pas abattus ou blessés par les propos et les attitudes de votre adolescent. Montrez-lui des limites claires et expliquez ce qui est approprié et ce qui ne l’est pas, sans rentrer dans son jeu. Même s’il vous dit qu’il «vous déteste» il n’en est rien en réalité. Mais économisez vos attentes en cette période délicate. Dites-vous que c’est passager.8. N’allez jamais avec votre adolescent au point du non-retour. Gardez toujours une certaine distance qui permet de préserver des rapports respectueux et courtois. Évidemment, apprenez-lui que s’il veut être respecté il doit aussi vous respecter et respecter vos limites. Mais ceci est valable pour vous, respectez-le, et respectez ses limites.

La bonne nouvelle, c’est que votre enfant est en train de devenir adulte. Ce que vous considérez aujourd’hui comme de l’ingratitude ou de la rébellion, c’est simplement la manifestation de sa personnalité qui se définit et s’affirme. Accompagnez-le avec amour et compréhension, c’est une période difficile pour lui aussi. Communiquez avec lui sans l’envahir, et ne faites pas l’erreur de vouloir être son ami, vous êtes le parent et vous devez le rester, même s’il ne se l’avoue pas, vous restez son modèle. N’hésitez pas à installer des règles et des limites claires à propos de l’essentiel tout en restant flexible pour les détails, ces limites sont des repères dont il aura besoin pour construire ses valeurs d’adulte, et c’est rassurant pour lui de savoir que vous êtes quelque part «le responsable» en famille. 

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