L'humain au centre de l'action future

«Le Job», un totem existentiel

«Le Job» est le tout premier roman du journaliste et écrivain marocain d’expression francophone Réda Dalil. Paru récemment aux Éditions Le Fennec, le roman raconte, en 224 pages, l’aventure d’un jeune Casablancais, Ghali, en quête d’un travail stable. Le tout avec un mélange d’humour noir, d’autodérision et de satire. Un mélange inattendu dont l’efficacité s’avère cruelle.

Réda Dalil.

21 Février 2014 À 17:25

Poussé par le vent de l’amour de la littérature, l’écrivain et journaliste marocain Réda Dalil vient de publier son tout premier roman «Le Job» aux Éditions Le Fennec. Dans cet opus, il s’agit de l’histoire d’un jeune casablancais qui, avec plusieurs diplômes en proche, décide de se lancer dans une quête peu sûre, celle de trouver un travail. Sans résultat. La crise économique a fait que les opportunités deviennent rares, voire inexistantes. Après une bonne série d’entretiens infructueux, le protagoniste commence petit à petit à perdre l’espoir et la confiance en soi.

Les jours se suivent et se ressemblent pour le jeune casablancais. Toujours, rien. Mais, il s’y accroche quand même. Et au fil du temps, Ghali trouve une lueur d’espoir : une possibilité d’embauche. Celle que lui fait miroiter la directrice d’un cabinet de Consulting casablancais, qui promet de le rappeler à la suite d’un entretien. De par là même et à force, naît une histoire d’amour entre lui et ce poste tant souhaité. Il jette son dévolu sur ce poste, avec un mélange d’espoir et d’angoisse. Cette fixation prend vite l’allure d’une obsession. Bouée de sauvetage ou une seconde chance dans la vie, peu clémente au regard de Ghali ? Les deux à la fois. Mais pas seulement.

Ce job devient même une sorte de totem existentiel, une question de vie ou de mort. D’où le choix du titre de ce premier coup d’essai de Réda Dalil dans le roman. «Ghali s’est construit tout seul. Il souffre du syndrome du «boursier». Ayant réussi à emprunter l’ascenseur social par le biais des études, il traverse la vie avec cette angoisse latente de celui qui, à n’importe quel moment, peut tout perdre. Il vit sans filets, sans parents fortunés pouvant, le cas échéant, servir d’amortisseur à un accident professionnel, à une chute», explique l’auteur. Dans «Le Job», il s’agit également de la condition humaine, ce combat farouche que mène l’individu contre la fatalité du destin. Retranché du monde du plaisir, et livré à la merci des circonstances, Ghali ne perd pas l’espoir, même embrumé par les nuages de l’angoisse, voire la dépression. «Du coup, lorsque la fatalité frappe, il est démuni face à ce destin qui semble s’acharner contre lui.

Tout ce passe comme si sa déchéance était inscrite quelque part, désirée par une volonté supérieure. J’aime confronter mes personnages à ce type de déterminisme. Ghali a beau se débattre, consentir des efforts herculéens pour s’extirper de l’ornière qui l’enserre, rien n’y fait, on a décidé pour lui qu’il ne s’en sortirait pas aussi facilement. Philosophe, il endure, mais continue à rêver d’une embellie», ajoute Réda Dalil. Or l’histoire de Ghali est celle d’un grand nombre de jeunes diplômés qui après plusieurs tentatives se trouvent cassés, vides et sans joie. Cela vire facilement au traumatisme et à l’impossibilité de repartir à zéro dans la vie.Bref, avec une écriture simple, mais pas simpliste, concise et précise, Réda Dalil propose aux lecteurs l’histoire d’un Ghali, parfait reflet de sa génération. Un roman qui, en 244 pages seulement, décortique la déchéance socio-économique des jeunes casablancais. À lire, absolument !

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