12 Avril 2014 À 14:01
Le Code du travail marocain prévoit dans son article 24 que «de manière générale, l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires afin de préserver la sécurité, la santé et la dignité des salariés dans l’accomplissement des tâches qu’ils exécutent sous sa direction et de veiller au maintien des règles de bonne conduite, de bonnes mœurs et de bonne moralité dans son entreprise», et prévoit toute un module, le Titre IV, à l’hygiène et de la sécurité des salariés. À ceci s’ajoute l’engagement de tous les acteurs pour élaborer une stratégie plus globale de maîtrise des risques professionnels qui fait partie intégrante de la politique sectorielle dans laquelle s’engage notre économie dans son processus de développement.
C’est dans ce contexte stratégique que la ville de Casablanca a accueilli, du 8 au 10 avril, le 1er Congrès/Salon international pour la maîtrise globale des risques. Une manifestation de haut niveau pour traiter de la problématique de la sécurité et la santé au travail, ainsi que de la gestion des risques. En effet, le salon a bénéficié d’un parrainage et d’un soutien institutionnel important. Cet événement a été organisé sous le parrainage officiel du ministère de l’Équipement, des transports et de la logistique, du ministère de l’Emploi et des affaires sociales, du ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement et du ministère de la Santé.
La cérémonie d’ouverture de cet événement exceptionnel a été marquée par la présence de personnalités de haut niveau soulignant ainsi l’intérêt que porte le Royaume à cette thématique.Intervenant en premier, le ministre de l’Emploi et des affaires sociales, Abdeslam Seddiki, a tenu à remercier Préventica International d’avoir choisi le Maroc pour l’organisation de cet événement et pour débattre de cette thématique dont l’importance est cruciale. Il a également rappelé que son département «de par la nature de ses attributions est investi de la mission du contrôle et de l’application des pratiques de la SST». Le responsable a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la collaboration internationale efficace pour la prévention des risques. Pour M. Seddiki, le droit à un travail décent est synonyme du droit à la vie, un droit consacré par la Constitution marocaine de juillet 2011. Parallèlement, les pouvoirs publics œuvrent en permanence pour renforcer l’arsenal juridique et pour la vulgarisation de la culture de la SST à travers notamment la création de l’Institut national dédié. Sur le terrain, le ministère a renforcé l’effectif des médecins et des ingénieurs en charge de la SST et créé de nouvelles inspections médicales.
Dans ce cadre, «3 238 visites ciblées sur la SST ont été effectuées en 2013 contre 1 243 en 2012, avec 2 977 mises en demeure et 37 procès verbaux qui ont été établis», a-t-il noté avant de conclure que son département s’est engagé à intensifier les efforts dans le sens du respect de la santé et la sécurité au travail. Pour sa part, le ministre délégué chargé du Tansport, Mohamed Najib Boulif, a indiqué que «ce Salon représente une véritable opportunité pour le Royaume afin de mettre en avant la vision globale sur la prévention des risques ainsi que de prendre des recommandations pratiques sur la gestion de ces risques qu’ils soient liés à des catastrophes naturelles, à la technologie ou au travail».
Et d’ajouter que cet événement permet également aux acteurs nationaux, dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de gestion, lancée il y a 7 ans, de prendre connaissance des expériences internationales notamment françaises dans le domaine de la gestion des risques afin d’en tirer profit.Il a, par ailleurs, affirmé qu’avec «cette stratégie nationale, le Maroc a pu avoir une cartographie nationale de l’ensemble des risques naturels auxquels il est confronté, notant que le Royaume a mené une étude économicofinancière qui présente les différents scénarii et les mesures à prendre en cas d’urgence afin de minimiser et limiter les dégâts».
Le ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Abdelkader Amara, a noté, dans une allocution lue en son nom, que «cette édition marocaine permettra aux experts, aux autorités publiques, aux collectivités territoriales et aux entreprises d’échanger les expériences et expertises autour des dernières avancées scientifiques et technologiques dans le domaine de la santé et la sécurité dans le travail». Et d’ajouter que cet événement de grande envergure «contribuera également à développer les connaissances et renforcer les compétences des opérateurs économiques dans le domaine de la santé et la sécurité dans le travail, appelant les différents intervenants dans le domaine de maîtrise des risques à conjuguer les efforts pour parvenir à des solutions pratiques à cette problématique».
La cérémonie d’ouverture de ce Salon a été également caractérisée par la présence de l’ambassadeur de France au Maroc, Charles Fries, pour marquer cette édition qui constitue la première sortie à l’international du Salon Préventica, organisé depuis plusieurs années en France. Ainsi, il a tenu à féliciter les organisateurs pour cette initiative qui traduit bien les relations profondes entre les deux pays et à appeler à mettre en commun les efforts de l’ensemble des acteurs pour renforcer le partenariat au niveau de la SST. Les partenaires sociaux étaient également présents lors de cette cérémonie avec la présence du secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloud Moukharik, et Said Sekkat, président de la commission RSE & Labels de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Dans son intervention, Moukharik a tenu à rappeler que le Code du travail de 2004 a marqué une nouvelle étape dans le respect des droits des travailleuses et travailleurs en incluant, notamment, l’obligation d’instituer des pratiques de la SST, des comités d’hygiène et des médecins de travail dans les entreprises de plus de cinquante employés. Cependant, à ce jour, seuls 51% des institutions ont mis en place des comités d’hygiène et de sécurité, note-t-il. Pour sa part, M. Sekkat a appelé à plus de dialogue avec les acteurs sociaux pour déployer ces pratiques de la SST dans l’ensemble des entreprises et trouver de nouvelles solutions pour «penser l’entreprise dans son environnement global, dans une démarche RSE».En fin, le directeur du Congrès/Salon Préventica, Éric Dejean-Servières, a pris la parole pour souhaiter la bienvenue à tous, tout en affirmant la qualité du partenariat mis en place et en souhaitant «être à la hauteur de cet événement et des enjeux qu’il représente en faisant de cet événement une réelle occasion de débats et d’échanges».
«Je me suis associé à cet événement dans le cadre d’une charte élaborée avec les organisateurs dans le but de faire de ce salon non pas un transfert du concept de la France vers le Maroc, mais plutôt le transfert de l’expertise de l’organisation et du principe d’association du salon à un congrès. Le principe était de collaborer dans un esprit d’équité, car le Maroc possède également sa propre expertise qui devra être présente pour un partage d’expertise de part et d’autre. Cette présence se traduit d’ailleurs par la participation aux conférences, nous participons, à 60%, dans l’animation des congrès qui auront lieu tout au long de cet événement. Pour ce qui est de la démarche adoptée, le principe était d’être toujours à l’écoute des besoins et des problématiques au niveau national, les conférences sont pensées avec les partenaires locaux qui ont travaillé en étroite collaboration avec le comité de pilotage de Préventica, et le panel élaboré représente la réalité du marché marocain et touche les différents secteurs : agriculture, industrie…. De là, on a mis l’accent sur le concept de la réponse sectorielle et la réponse transversale. Ainsi, à titre d’exemple, cet événement verra la naissance d’un Forum de l’Association professionnelle des cimentiers (APC) qui est une initiative courageuse de la part de ces professionnels pour discuter de la SST dans leur propre secteur d’activité et trouver les solutions adéquates. L’idée donc principale de cet événement est de faire valoir l’expertise nationale et de l’associer à celle internationale pour une meilleure réussite. Je tiens également à préciser que la demande des professionnels a été nombreuse et encourageante, et je donne rendez-vous l’année prochaine pour un Préventica International 2015, d’ailleurs, pour nous les préparatifs de la prochaine édition sont déjà entamés.»
Le Matin Emploi : Pourquoi le choix du Maroc pour accueillir la première édition du Salon Préventica International ?Éric Dejean-Servières : Depuis 1997, les Congrès/Salons Préventica réunissent régulièrement en France tous les acteurs de la prévention des risques en milieu professionnel. Au cours des 25 éditions de Préventica, nous avons accueilli un nombre croissant de visiteurs marocains intéressés par les problématiques traitées et les solutions technologiques présentées dans le cadre de notre Congrès/Salon. Au fur et à mesure des échanges, certains d’entre eux ont clairement sollicité notre venue afin de répondre aux attentes spécifiques des entreprises et des professionnels marocains. Pour organiser la 1re édition de Préventica Casablanca, nous nous sommes appuyés sur un Comité scientifique marocain qui rassemble pour l’occasion les principales organisations professionnelles liées à la santé au travail, à la sécurité incendie, au risque industriel et à la sûreté des entreprises.
Parmi les objectifs du salon figure le volet de la formation, pourriez-vous nous en dire davantage ?L’un de nos objectifs est en effet la formation des visiteurs à la Santé-sécurité au travail. Au travers des 35 conférences, forums et colloques, ils auront l’occasion de découvrir un large panel des mesures à prendre pour maîtriser les risques professionnels. À l’issue des trois jours, les visiteurs disposeront de nombreux outils pour impulser des dynamiques SST dans leur quotidien.
D’après vous, quel est le rôle de ce type d’événement dans la sensibilisation des employeurs en matière de santé-sécurité au travail ?L’organisation de Préventica Casablanca s’inscrit totalement dans notre concept de base. En France, la particularité de notre évènement est qu’il soit toujours organisé en région à proximité des acteurs de terrain (artisan, responsable HSE, médecin du travail…). Préventica Casablanca répond aussi à cet objectif d’aller à la rencontre des acteurs de la maîtrise globale des risques professionnels. La 1re édition du Congrès/Salon au Maroc rassemble en un seul lieu pendant 3 jours, 90 exposants et 35 conférences autour des thématiques de la santé et de la sécurité au travail. C’est une occasion unique pour les 2 000 visiteurs attendus issus de tous les secteurs d’activités de se documenter, de se former, de découvrir des solutions innovantes et technologiques pour sécuriser leurs bâtiments ou pour limiter les risques professionnels des salariés.
Selon vous, quel est le degré de conscience des entreprises marocaines sur l’importance de la santé-sécurité au travail ?Le 1er Congrès/Salon international pour la maitrise globale des risques est organisé en partenariat avec Wafa Assurance et Alomra Group International, deux acteurs actifs de la prévention des risques au Maroc. Chacun dans son domaine s’attache quotidiennement à sensibiliser ses publics et à développer une culture de prévention. Persuadés de l’importance de la santé-sécurité au travail, ils se sont adossés à un évènement tel que Préventica afin de mutualiser les efforts et de créer des synergies entre tous les acteurs dans l’objectif de réduire les risques professionnels. Je pense donc que les entreprises marocaines commencent à prendre conscience de l’importance de la Sante-sécurité au travail, mais qu’il est indispensable de maintenir un discours permanent ; ce qui est d’ailleurs relayé par les ministères qui soutiennent la manifestation.