26 Mars 2014 À 15:16
E l Jadida dispose d'un littoral unique en son genre. Elle offre une plage réputée par ses sables dorés et fins et attire chaque été des milliers d'estivants, dont environ 95% de nationaux. La ville est célèbre par sa cité portugaise, dont la citerne a fasciné plusieurs artistes de renommée mondiale tels qu’Orson Welles, Francis Ford Coppola… Elle est sublime par son phare Sidi Bouafi, bâti en 1916, son cachet architectural, son château rouge et ses espaces verts… Tous ces atouts ont contribué au développement d'El Jadida et ont marqué l'originalité de la capitale des Doukkala. Malheureusement, elle a perdu son charme. Les monuments se détériorent et s'effritent au fil du temps, car on a complètement oublié que le développement de Mazagan reposait sur trois pivots qui sont intimement liés : l’environnement, l'économie et le tourisme. Et pourtant, on ne cesse de répéter : «On va tout réhabiliter, tout redresser. On a un dossier bien ficelé avec un magnifique plan de développement...» Mais rien n’est fait. L'exemple de l'immeuble Cohen, un véritable chef-d'œuvre architectural, est édifiant : il se trouve actuellement dans un état déplorable. Quant aux autres monuments historiques, tels le phare de Sidi Bouafi, le château rouge, la cité portugaise, l'ex-municipalité (actuel deuxième arrondissement urbain), l'hôtel Marhaba, ils sont laissés à l'abandon. Par exemple, l’hôtel Marhaba, considéré comme un patrimoine architectural et le lieu privilégié de repos pour feu S.M. Mohammed V, a été le théâtre de pillages constants. Ses murs et ses façades sont actuellement dans un état de délabrement avancé, depuis sa fermeture en juin 1996.
La mer connaît aussi une dégradation environnementale, écologique à cause du déversement en mer des eaux usées et des déchets des usines de la zone industrielle sans aucun traitement. En plus, la ville croule sous les ordures, même en plein centre-ville (place Allal Kasmi, place Hansali, le port). Du côté des infrastructures touristiques, la capacité d'accueil d'El Jadida est quasi nulle, surtout après la fermeture catastrophique de l'hôtel Marhaba et de l'hôtel Doukkala, même si quatre hôtels ont été ouverts dernièrement. Pourtant, El Jadida a tout pour devenir l'un des fleurons touristiques du Royaume. Pourquoi les gestionnaires de la ville et les investisseurs ne s'intéressent-ils pas à cette région et n'encouragent-ils guère les professionnels du tourisme à programmer El Jadida dans les circuits touristiques ? Pourquoi ne propose-t-on pas aux visiteurs de la station Mazagan de découvrir l’arrière-pays des Doukkala ? Pis encore, la circulation à El Jadida est un enfer à cause de la dégradation des routes et de l’occupation illégale des trottoirs et même de la chaussée. Côté animation, la ville est abandonnée à un sommeil léthargique toute l’année, sauf pendant quelques jours en été.
Le pire est que les décideurs de la ville n'ont jamais songé sérieusement à exploiter intelligemment la Cité portugaise et les monuments historiques des Doukkala dans le but de relancer le tourisme dans la région. Malheureusement, la Cité portugaise n'est pas dotée d'infrastructures touristiques. Ce qui prouve qu'à El Jadida, on n'a pas encore saisi que cette Cité, le site de Tit (Moulay Abdellah Amghar) et même la Casbah de Boulâaouane pourraient constituer, grâce à la station touristique Mazagan, des maillons essentiels pour concrétiser la Vision 2020.