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Des guerres civiles à répétition

Après une guerre civile qui a duré plus de 20 ans (1983-2005) avec son lot de morts et de réfugiés, le Sud-Soudan a proclamé son indépendance en 2011. Sitôt cette scission proclamée, l’un des plus pauvres de la planète, est entré dans un nouveau cycle infernal de violences fratricides qui ont fait, pour l’heure, plus de 10 000 morts et des centaines de milliers de déplacés. Au-delà de ces combats meurtriers, la proclamation de l’indépendance du Sud-Soudan remet en cause le principe, adopté en 1964 par l’Organisation de l’Unité africaine, de l'intangibilité des frontières héritées de l’époque coloniale. Au vu de la situation actuelle et malgré la signature récente d'un cessez-le-feu, les politiques sécessionnistes semblent loin de répondre aux attentes des populations et des principes de paix.

Depuis 1955, le Soudan est la proie de plusieurs guerres civiles : 1955-1972, 1983-2005 et l'actuelle guerre civile au Sud, sans compter le conflit du Darfour.

29 Janvier 2014 À 15:48

L’histoire contemporaine du Soudan est un long feuilleton fait de conflits, de guerres civiles, de partition et de rapprochement. D’abord sous domination égyptienne, les Anglais établissent, en 1899, un condominium, territoire sur lequel plusieurs puissances exercent une souveraineté conjointe, incluant les deux actuels Soudan. Avant de reconnaître l’indépendance du Soudan en 1956, les Anglais avaient tenté de rattacher le Sud à l’Ouganda en 1947, mais n’y parvinrent pas, car la Conférence de Juba, actuelle capitale du Sud-Soudan, avait établi l'appartenance du Soudan du Sud au Soudan. Mais des dissensions entre le nord du Soudan, à majorité musulmane, et le sud à majorité chrétienne, sont apparues dès le lendemain de l'indépendance, car le gouvernement de Khartoum revint sur les promesses d'autonomie au sein d'un État fédéral qu'il avait faites aux populations de la région. Ce sera le coup de starter de la première guerre civile qui durera de 1955 à 1972 à la suite d’une mutinerie déclenchée par des officiers. Environ un demi-million de personnes sont mortes lors des dix-sept années du conflit. La médiation entre le Conseil œcuménique des Églises et la Conférence des Églises d'Afrique aboutit finalement, en 1972, à la signature de l'accord d'Addis-Abeba qui accorde une certaine autonomie au Soudan du Sud.

Application de la charia à des populations chrétiennes

Cette accalmie ne durera pas longtemps. En 1983, le colonel Gaafar Nimeiry, au pouvoir à Khartoum depuis son coup d'État de 1969, décide unilatéralement d'étendre au droit pénal le domaine de la «Charia», ce que refusent les chrétiens majoritaires au Sud. En violation de l'accord d'Addis-Ababa, il a dissout le gouvernement soudanais méridional. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la deuxième guerre civile qui embrasera le pays pendant 22 ans, de 1983 à 2005, et qui a coûté la vie à deux millions de personnes. Cette guerre a également provoqué le déplacement de 4 millions de civils et a désorganisé la production agricole au point de déclencher une terrible famine en 1998. Un cessez-le-feu est enfin signé entre 2002, consolidé trois ans plus tard, le 9 janvier 2005, par un accord de paix signé à Naivasha, au Kenya. Mais le conflit reprend entre l'armée soudanaise et les rebelles de l'APLS (Armée populaire de libération du Soudan), du 21 mai 2011 au 20 juin 2011, pour le contrôle de la région frontalière d'Abyei, revendiquée par les deux parties. Elle sera finalement démilitarisée, restant sous le contrôle du Soudan et d'une force éthiopienne de maintien de paix sous l'égide de l'ONU. L'indépendance du Soudan du Sud est proclamée le 9 juillet 2011. C'est alors que commence la guerre civile acte 3, mais avec cette différence que cette fois-ci les Sud-Soudanais s’entretuent.

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