27 Janvier 2014 À 16:05
C’est d’abord seul que Jeff Panacloc est entré en scène, devant le public casablancais traditionnellement en retard, mais bien décidé à rire. Mais où est donc passé Jean-Marc ? Le public le réclame, mais rien n’y fait, le singe aime se faire désirer. Les enfants quémandent et Jeff tente de faire passer le temps. «Vous êtes 600 donc chacun d’entre vous va se présenter, nom prénom profession et si on a le temps, on fera les passions», plaisante Jeff… Puis il décide de se faire violence et finit par faire sortir Jean-Marc des coulisses. Après dix secondes de timidité, Jean-Marc se met à l’aise et fait ce qu’il sait faire de mieux : se moquer ! Le public en prend pour son grade, notamment le premier rang, et une certaine Samira qui a visiblement tapé dans l’œil de Jean-Marc.
Très peu diplomate et d’un franc parlé presque déstabilisant, la marionnette nous fait tordre de rires sur le dos de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, François Hollande, Johnny Halliday et sa femme, Mickael Jackson… Ahhh ! si Jeff n’était pas là pour calmer ses ardeurs… pas sûr que l’on puisse s’en remettre un jour. Si l’humour du singe orangé fait l’unanimité, il faudra reconnaitre l’excellente performance de Jeff Panacloc qui a tout d’un magicien. Avec une parfaite coordination des gestes et des mots, il donne vie à sa marionnette et parvient à la faire exister sur scène. Doué en ventriloquie, mais également doté d’un humour aiguisé, il livre un spectacle justement équilibré sans jamais tomber dans l’excès ou dans la pudeur.
Entrainé sur scène par le rythme endiablé de Jean-Marc, Jeff Panacloc déploie toute son énergie et brille dans ce duo qu’il pilote avec une main de maître. Et après nous avoir fait rire à grande bouche pendant près d’une heure et demi, Jean-Marc et Jeff Panacloc nous offrent un dernier présent, la séquence «émotion». Le singe réalise que c’est Jeff qui le fait parler et qu’il ne pourra donc jamais exister sans lui. Mais comme dans tous les vrais duos, le charme ne peut fonctionner qu’à deux. Jeff lui promet de toujours rester à ses côtés et de ne jamais plus se séparer de lui…
Comment décide-t-on un jour de devenir ventriloque ? Faut-il avoir un don ou certaines prédispositions pour y arriver ?À l’âge de 15-16 ans, j’ai rencontré un autre ventriloque, David Michel et sa marionnette Nestor le pingouin, très connu dans les années 80, c’est lui qui m’a donné envie de faire ce métier. Au début, c’était une passion, mais à force de le faire… le métier est venu tout seul. Je n’ai pas décidé un jour de le devenir, mais à un moment donné quand on lâche tout ce qu’on fait à côté pour ne faire que ça, ça devient un métier. J’ai découvert plus tard que j’avais un don pour ce métier, mais j’imagine que tout le monde peut le faire, mais il y a beaucoup de travail et il y a des choses à apprendre.
Votre spectacle est assez cru, est-ce que Jean-Marc vous permet de dire des choses que vous n’oseriez pas dire vous-même ?Absolument. Les autres humoristes sont un peu jaloux d’ailleurs, ils aimeraient bien faire certaines blagues, mais ils ne peuvent pas les faire eux-mêmes. J’en parle souvent avec des collègues humoristes, parfois on a envie de dire des choses sur scène, mais on ne peut pas parce qu’on va nous cataloguer, or Jean-Marc, lui, il fait ce qu'il veut ! Jean-Marc est mon exutoire en fait.
Vous êtes venu une première fois au Maroc l’année dernière dans le cadre du Festival Marrakech du rire, est-ce que c’est cette expérience qui vous a donné envie de revenir vous produire au Maroc ? On s'est rendu compte, en venant jouer l’année dernière à Marrakech, que les gens appréciaient plutôt bien le show ici donc je me suis dit «pourquoi ne pas venir faire des spectacles ici». Est-ce que ça va plaire ou pas ? Je n’en sais rien, j’essaie de ne jamais avoir d’attente. Je viens, je joue et après si les gens adhèrent tant mieux, sinon, je me dis qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. J’imagine que si les gens payent leur place c’est qu’ils veulent voir Jean-Marc, ils ne viennent pas par hasard donc c’est que ça doit leur plaire.