05 Septembre 2014 À 16:23
Depuis quelques années, les séries télévisées turques doublées en arabe font partie de notre quotidien. Ces feuilletons, généralement des drames sentimentaux tournés à Istanbul où on a souvent affaire à deux familles ennemies, à des amours interdites et des trahisons…, sont devenus un véritable phénomène de société et continuent à connaitre un succès fou. D’après un récent rapport publié par Deloitte Turkey, les pays du monde arabe ont consommé un équivalent de 150 millions de dollars de séries télévisées turques en 2013, alors qu’en 2008, les recettes ne dépassaient pas 10 millions de dollars. En raison de la qualité de leur production, les séries télévisées turques ont pu franchir toutes les frontières et ont réussi à détrôner les télénovelas mexicaines et la fiction américaine. En effet, d’après une étude portant sur les grandes tendances de la télévision mondiale réalisée par de Médiamétrie-Eurodata TV Worldwide, 36% des séries importées dans le monde sont turques. Elles arrivent devant les États-Unis (32%) et puis la Corée (13%).
Selon les adeptes de ces feuilletons qui dépassent généralement les 100 épisodes, ce grand succès s’expliquerait par la densité de l’histoire, le talent et la beauté physique des personnages et la qualité de l'image. Dès leur première diffusion, tout le monde est tombé sous le charme de ces séries. Les spectateurs, principalement des femmes, essayent de «vivre virtuellement» dans l’histoire pour mieux comprendre les mœurs et coutumes du pays et enfin à développer une proximité affective avec les acteurs principaux.
«Dès que je sors du boulot, je fonce directement chez moi pour regarder mes séries préférées. Je ne sors presque jamais avec les collègues, le soir. Je regarde actuellement quatre nouvelles séries ; des téléfilms à couper le souffle. Je ne peux pas rater un seul épisode. Et si par malheur j’en rate un, je le vois sur le champ sur Internet. Cela fait partie de ma vie maintenant : dès qu’une série est finie, j’en regarde une autre. C’est comme une drogue», confie Hayat, 27 ans, secrétaire dans une entreprise. «Je suis tout le temps scotchée devant l’écran de la télévision. Ces histoires sont tellement touchantes que je ne peux plus m’en passer. Regarder ces séries m’aide à oublier le stress, le travail et mes problèmes personnels, une vraie thérapie», poursuit-elle.
On peut également expliquer l’engouement des spectateurs marocains et arabes par la dimension culturelle de ces séries. Les codes adoptés par ces séries, les valeurs qu’elles véhiculent sont plus familières à notre culture en comparaison avec les telenovelas mexicaines. «Les séries turques sont géniales. Elles rentrent facilement dans notre contexte arabo-musulman. J’aime beaucoup leur attachement aux traditions qu’ils marient parfaitement à la modernité. Nous avons plus d’affinités avec les personnages. Aussi, l'importance qu'ils donnent au détail, à l'habillement des héros, la jet-set et le décor constituent les points forts de ces séries. Pour nous les téléspectateurs, c’est un monde qui nous fait rêver», affirme Hafsa, femme au foyer, 35 ans. Cerise sur le gâteau, depuis quelques années, de nombreuses séries turques sont doublées en darija, atteignant ainsi une plus grande proportion de spectateurs.