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Certification des compétences au sein des universités

«Tempus P@lmes» ou le «Passeport numérique de compétences pour améliorer l’employabilité des lauréats de l’enseignement supérieur marocain» est un projet qui a été sélectionné par la commission européenne lors du cinquième appel «Tempus IV». Celui-ci regroupe le ministère de l’Enseignement supérieur de la recherche scientifique et de la formation des cadre, les quatorze universités marocaines, la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM), la CDRT, l’Université de Savoie, l’Université Claude Bernard Lyon 1 et l’entreprise Pentila en France, l’Université de Mons en Belgique, et l’Université d’Aveiro au Portugal.

Le cadre marocain de qualification des compétences transversales est le fruit du travail des universités marocaines.

14 Juin 2014 À 16:01

C’est dans ce cadre que l’Université Hassan II Mohammedia-Casablanca a organisé, du 5 au 7 juin, en collaboration avec l’Université Cadi Ayyad et le ministère de l’Enseignement supérieur de la recherche scientifique et de la formation des cadre, un séminaire national pour la création et la dissémination du cadre marocain de qualification. Cette manifestation a réuni l’ensemble des acteurs, groupes nationaux représentant les différentes universités, partenaires socio-économiques et partenaires européens du projet «Tempus P@lmes», le but étant de bien cerner les compétences à développer pour l’insertion professionnelle des étudiants au niveau des licences (Bac +3), notamment dans les domaines des TIC, de l’entrepreneuriat, de la gestion de projet, et de la communication et langues. En effet, durant deux jours de travail, les groupes se sont réunis pour l’élaboration de référentiels de compétences transversales et leur document d’accompagnement, ainsi que de proposer les activités et critères d’évaluation associés à chacune des compétences de ces référentiels. Ces actions seront par la suite mises en ligne à la disposition des étudiants souhaitant développer leurs compétences et obtenir cette certification.

Ce cadre national commun pour la certification des compétences transversales est le fruit du travail des universités marocaines pour la mise en valeur des compétences acquises par leurs étudiants au cours de leur cursus et demandées par les entreprises lors de leur embauche. Selon Boumediene Tanouti, le président de l’université chouaïb doukkali et président en charge de la nouvelle Commission nationale de la certification professionnelle, ce travail de certification vient compléter et fournir de la visibilité aux efforts qui sont fournis depuis deux ans pour améliorer l’enseignement des modules transversaux dans les universités marocaines et notamment la langue d’enseignement qui constitue un handicap pour l’apprentissage des sciences. C’est dans cette optique que le projet «Tempus P@lmes» opère, dans l’objectif d’accompagner nos universités dans la conception des référentiels de compétences transversales dans les quatre domaines précités, mais aussi en mettant à leur disposition un dispositif technique d’évaluation et de certification des compétences intitulé «EmaEval». Pour plus d’éclaircissements, «Le Matin Emploi» a contacté Boumediene Tanouti. 


Entretien avec Boumediene Tanouti, PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ CHOUAÏB DOUKKALI

«Mettre en place un cadre national pour la certification des compétences transversales»

Le Matin Emploi : Dans quel cadre vient la création de la Commission nationale pour la certification professionnelle ? Comment cela va-t-il se traduire ?Boumediene Tanouti : Cette commission est prévue dans le cadre du projet P@lmes qui est un projet financé par la commission européenne dans le cadre des appels d’offres Tempus. P@lmes, qui regroupe l’ensemble des universités marocaines, le ministère de tutelle et un certain nombre de partenaires étrangers et socio-économiques, a pour but de mettre en place un cadre national commun pour la certification des compétences transversales. On entend par compétences transversales le savoir-faire que doit avoir un lauréat de l’université, abstraction faite de sa discipline et des connaissances acquises dans une spécialité donnée.C’est par exemple la maitrise des langues, de l’informatique, des techniques de communication, de l’entrepreneuriat, de la gestion de projets... Il est important de souligner que ce sont ces compétences qui permettent aux lauréats de l’université d’accéder plus facilement à l’emploi surtout dans le secteur privé. La commission qui est formée par des responsables universitaires et des représentants du secteur de production et de partenaires sociaux a pour mission de procéder à la validation des contenus et de la méthodologie de préparation et d’évaluation de ces certificats. Une fois cette opération de validation réalisée, elle va superviser leur publication et assoir leur statut juridique.Pour l’heure, nous avons validé le certificat TIC qui a été élaboré par des experts marocains et étrangers et qui est en expérimentation dans cinq universités marocaines. Les autres certificats sont en cours d’élaboration et seront validés courant 2015.

Selon vous, quelles sont les compétences phares à développer chez les étudiants ? Et quelle valeur ajoutée pour la certification des compétences ?Il est tout à fait évident que l’acquisition de compétences transversales chez les jeunes, de façon générale, donne de la confiance en soi, et permet son épanouissement. Il est évident aussi que les entreprises cherchent des employés et des cadres qui ont, en plus du savoir académique théorique, des savoir-faire et des compétences transversales. Ce sont même ces compétences qui priment dans les entretiens d’embauche, par exemple. De là découle l’intérêt des universités pour ce type d’approche, sachant qu’aujourd’hui l’administration qui était jusqu’aux années 80 le premier employeur des lauréats de l’université n’est plus en mesure de continuer à jouer ce rôle. Prenant acte de cette donne, les universités marocaines ont commencé à mettre en place des structures d’ouverture sur leur environnement (interfaces, incubateurs, services de formation continue…). Dans le domaine pédagogique, par un effet d’inertie, les changements ont tardé à être mis en place pour réorienter l’offre de formation de façon à satisfaire la demande du marché de l’emploi. Je pense qu’aujourd’hui, toutes les universités marocaines ont fait des efforts pour élaborer des formations professionnelles dans le but de répondre aux besoins du marché de travail. Bien entendu, ces efforts à eux seuls ne pourraient résoudre la question de l’emploi sans une croissance économique suffisante. En tout état de cause, un lauréat qui maitrise plusieurs langues, qui sait manipuler l’outil informatique, qui a des connaissances pratiques sur le fonctionnement de l’entreprise a toujours plus de chance de trouver un emploi. La question est de savoir comment l’entreprise pourra être sûre que le jeune qu’elle s’apprête à embaucher maitrise effectivement ces compétences. C’est là qu’intervient la certification qui est une garantie reconnue par tous, y compris par l’entreprise elle-même de l’acquisition des savoir-faire énoncés. C’est également un formidable outil de visibilité et d’aide à la décision pour les entreprises, qui peuvent programmer leur plan de recrutement en connaissance de cause.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour ce projet au sein de nos universités ?La première étape est de compléter ce passeport de compétences par les certificats qui restent à compléter, à savoir l’entrepreneuriat, les langues et communication et la gestion de projets, de les publier et d’assoir leur assise juridique. Ensuite, nous mettrons en place des mécanismes de pérennisation et de mise à jour qui permettent d’ajuster les contenus de façon permanente aux changements qui interviennent dans les domaines visés. Nous avons également, en perspective, le souci d’ajuster les certificats nationaux aux cadres existant à l’échelle internationale pour faciliter leur mobilité et leur reconnaissance. 

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