07 Juin 2014 À 15:56
Une étape cruciale est franchie par les trois leaders mondiaux du transport maritime, Maersk, MSC et CMA-CGM dans leur projet d’alliance. La Commission européenne les a en effet informés qu'elle ne s'opposerait pas au rapprochement qu'ils préparent dans le transport de conteneurs, depuis maintenant un an. L'aval de Bruxelles intervient après celui des États-Unis, obtenu le 24 mars, mais le processus de validation de l'alliance, appelée P3, n’est pas encore bouclé. Il requiert le feu vert d’autres grandes puissances économiques, notamment la Chine, mais également la Corée du Sud. À la mi-mai, les trois partenaires avaient d'ailleurs repoussé à l'automne le lancement opérationnel de leur association, prévu initialement pour juillet. Ce qui n’est pas gagné d’avance. Certes, il ne s’agit pas d’une fusion. Toutefois, tout en restant indépendants, les trois leaders mondiaux du transport maritime comptent mettre en commun tous leurs navires qui assurent les liaisons entre l'Asie et l'Europe, entre l'Asie et l'Amérique du Nord, ainsi qu'entre l'Europe et l'Amérique. Soit 255 porte-conteneurs au total. L’enjeu est de taille.
Les trois groupes pourraient contrôler 43% du marché entre l'Asie et l'Europe, 41% pour la route transatlantique et 24% pour la route transpacifique, selon les estimations des analystes. Ce qui permettra aux trois sociétés de faire face aux surcapacités, de réaliser le maximum d'économies d'échelle et de limiter la concurrence, dans un secteur difficile. Ces dernières années, les grands armateurs ont commandé d'immenses bateaux qui risquent d'accroître encore les surcapacités dont souffre le transport maritime. Donc de provoquer une guerre des prix et de replonger les opérateurs dans le rouge. Une telle alliance ne manquera pas d’avoir un impact sur le transport maritime au Maroc, puisque ces groupes y opèrent. Ainsi, Maersk est présent dans le Royaume à travers sa filiale APM Terminals Tangier S.A. Celle-ci célèbre, d’ailleurs, cette année le septième anniversaire de la mise en service de son terminal. Créée en mars 2005 en partenariat entre A.P. Moller–Maersk et le marocain Akwa Group, la société a démarré ses activités en 2007 avec un terminal de 800 mètres linéaires de quai et de 40 hectares de terre-plein, contribuant à positionner Tanger Med en tant qu’important port transbordement et du commerce international. Pour sa stratégie future à l’international, Maersk retient le Maroc en priorité parmi un groupe de 15 pays prometteurs appelés M15. Et ce, dans le cadre d’une étude stratégique menée pour garantir les investissements du groupe dans les 25 à 50 années à venir pour 135 pays partenaires.
S’agissant du groupe CMA-CGM, sa présence au Maroc remonte à 1983 et s’est consolidée par l’achat, en 2007, de Comanav Cargo, ainsi que par l’acquisition de parts dans les ports de Casablanca et de Tanger Med. Pour l’avenir, le groupe compte renforcer sa présence sur le marché marocain. En effet, son président-directeur général, Jacques Saadé, a affirmé le 21 mai dernier à Agadir que «le Maroc est un marché stratégique» pour son groupe, qui ambitionne d’y développer encore ses activités vers d’autres destinations de par le monde. CMA-CGM est prêt à mettre à disposition son réseau à partir du Maroc qui est intéressé par le développement en Afrique de l’Ouest, a-t-il dit, cité par la MAP. Il a également précisé que ce groupe qui relie le Maroc à plus de 400 destinations de par le monde est «prêt à créer des services directs vers d’autres destinations si les exportateurs marocains ont les volumes nécessaires». CMA-CGM emploie 1.837 salariés au Maroc et a fait, en 2013, plus de 800 escales à Tanger Med avec 13 services hebdomadaires, soit l’équivalent de 875.000 conteneurs et «on espère faire plus d’un million cette année», avait annoncé Saadé.