03 Juin 2014 À 15:25
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 1.271 le nombre de nouveaux cas de cancer colorectal au Maroc et à 1.185 le nombre annuel de décès. Il faut noter que ce ne sont que des estimations et qu’il n’existe pas encore de statistiques fiables sur le sujet. Par ailleurs, ce serait le quatrième cancer le plus fréquent derrière les cancers du sein, du col de l’utérus et du poumon.
En détail, le cancer colorectal peut se former dans le côlon ou dans le rectum, la dernière partie du gros intestin. Ce type de cancer prend plusieurs années à se former, comme la majorité des cancers. Il le fait habituellement à partir de polypes dans la paroi tapissant l’intérieur du côlon. Les polypes sont de petites excroissances charnues. Il en existe plusieurs genres. Le plus souvent, ils sont bénins. Cependant, on sait que certains d’entre eux peuvent devenir cancéreux. À noter toutefois qu’un polype met en moyenne dix ans pour former une tumeur cancéreuse. C’est pourquoi il est possible que le cancer colorectal ne cause aucun signe ni symptôme aux tout premiers stades, puisque la cavité abdominale offre beaucoup d'espace favorisant ainsi le développement d'une tumeur.
Les symptômes apparaissent souvent lorsque la tumeur provoque un blocage (occlusion) ou une ulcération (lésion) dans le côlon ou le rectum.Dès que le médecin détecte des polypes chez un patient, il procède à des analyses afin de savoir s’ils posent un risque pour sa santé comme le toucher rectal ou encore la coloscopie qui reste, selon le Dr Mohamed Kohen, l’examen le plus intéressant. «On introduit, sous anesthésie générale, un tube monté sur une caméra pour voir l’intérieur de l’intestin et détecter, voir enlever les polypes», explique-t-il. Un diagnostic qui coûterait environ 1.500 à 2.000 DH au patient. Ceci dit, des polypes enlevés, c’est un cancer évité…
À noter qu’à un stade d’évolution avancé, le cancer colorectal peut se propager vers les ganglions lymphatiques, puis vers le foie et ensuite à d'autres parties du corps en formant des métastases. Alors qu’en France le cancer colorectal semble concerner les patients de plus de 60 ans, au Maroc, il trouve son maximum de fréquence entre 40 et 59 ans. C’est pourquoi les professionnels de la santé souhaiteraient que plus de gens subissent les tests de dépistage de façon régulière, dès 40 ans, et plus tôt chez les personnes à risque. En effet, plus le cancer est détecté tôt, meilleures sont les chances de guérison : «les stades précoces sont aujourd’hui guérissables pratiquement 9 fois sur 10», conclut finalement notre spécialiste.
Qu’est-ce que le cancer colorectal ?Le cancer colorectal est un cancer très fréquent qui touche essentiellement les personnes de plus de 50 ans. On parle de cancer colorectal de façon générale, qu'il touche le côlon ou le rectum. Le cancer du côlon survient chez l’homme et la femme presque à proportion égale, celui du rectum est deux fois plus fréquent.
Existe-t-il des facteurs de risque ?L'alcool, le tabac et les graisses animales augmentent le risque du cancer colorectal, les légumes et les fruits ont par contre un rôle protecteur. Il existe également des formes génétiques et notamment certaines maladies familiales comme la polypose adénomateuse familiale caractérisée par l'existence d'un nombre important de polypes à l’intérieur du côlon ou du rectum. Les polypes évoluent presque systématiquement vers la cancérisation. C’est pourquoi il est préférable de les enlever lors d’une coloscopie.
Quels symptômes doivent alerter ?Il convient de rester vigilant lorsqu’on présente des troubles du transit intestinal ; la diarrhée prolongée, et la constipation ou l’alternance des deux doivent conduire à un examen clinique et une coloscopie. Le diagnostic peut être évoqué aussi lorsqu’il existe des saignements par l’anus et à ce titre il ne faut pas rapporter facilement les saignements à des hémorroïdes, car on peut méconnaitre une lésion cancéreuse située plus haut dans l’intestin. Enfin, il faut prendre au sérieux les douleurs abdominales chroniques.
Quels examens réaliser ?En cas de symptômes évocateurs, le médecin peut être amené à pratiquer un examen de l’anus et du rectum par un toucher rectal, car les tumeurs du rectum sont parfois palpables au doigt. Mais l'examen le plus approprié est la coloscopie. On introduit un tube monté sur une caméra pour voir l’intérieur de l’intestin et détecter, voire enlever les polypes.
Quel traitement pour le cancer colorectal ?Le traitement du cancer colorectal dépendra de la localisation de la tumeur et des résultats du bilan d'extension. La chirurgie est le seul traitement curatif et permet l’ablation de la partie du tube digestif malade.
Quelles mesures préventives adopter ?Il est possible d'éviter le cancer colorectal notamment en adoptant une hygiène de vie appropriée avec une alimentation saine (peu de viande rouge, de charcuterie et de grillades, mais plutôt du poisson, des céréales complètes, des fruits et des légumes), la pratique régulière d'exercice physique, l’arrêt du tabac et de l’alcool.Il est sage de faire un bilan de santé à partir de 50 ans de façon optionnelle et de façon obligatoire à partir de 40 ans si on a dans la famille proche un sujet atteint du cancer du côlon ou du rectum.