18 Avril 2014 À 15:26
Meryem mène la vie dure à cause du travail de son mari. Ce dernier est un mordu de boulot. Il rentre souvent tard le soir et même quand il arrive tôt, il continue à travailler sur son ordinateur à la maison. Sa femme n’arrive plus à supporter cette situation. «Je suis totalement perdue... je suis mariée depuis 4 ans, femme au foyer avec deux enfants : 3 ans et 3 mois. Le problème est que mon mari travaille beaucoup, il a sa propre entreprise. Je m'occupe toute seule des enfants, je gère tout toute seule ! Bien sûr, il doit travailler, mais pas tout le temps. Il ne pense qu’à ça. Il sort à 6 h du matin et rentre vers 21 h.
Il est adorable avec les enfants même s’il ne les voit pas beaucoup, mais une fois qu'ils sont couchés, il continue à travailler ou s'endort sur le canapé... Du coup, on ne parle jamais, on ne fait plus rien du tout ensemble. Je lui ai parfois proposé qu'il rentre un peu plus tôt, qu'on laisse les enfants une soirée et qu'on aille manger dans un restaurant, mais il dit qu'il ne peut pas rentrer plus tôt», confie Meyem tristement. «Je me sens délaissée et je n’ai plus envie de faire des efforts. Je sais qu'il travaille beaucoup pour nous, mais il oublie l'essentiel : passer du temps avec sa femme et ses enfants. Ses problèmes au boulot passent avant tout. Il ne m'a jamais accompagnée chez le pédiatre quand les enfants étaient malades. Quand je lui demande rarement un service, il me répond : “Demande à ma mère, je dois travailler”. Je ne sais plus quoi faire pour sauver cette situation. Il doit comprendre qu'en continuant comme ça il finira par me perdre», poursuit-elle.
Vivre avec fou du boulot n’a rien de reposant. Un partenaire qui a tout le temps juste un coup de fil à donner, une page d’une revue financière à lire, un dernier mail à envoyer… qui pense toujours à son travail, peut facilement détruire sa vie de couple et sa vie de famille aussi. «Il est clair que chacun passe dans sa carrière par des périodes de crise, ou des délais stressants, ou encore des projets imprévus qui obligent à mettre les bouchées doubles… Quand cela devient la règle, ou la routine, il est certain qu’il faut se poser des questions : cela peut être une manière de fuir ses responsabilités de conjoint et/ou de parent, comme cela peut être un problème de confiance en soi et en ces compétences qu’on essaye de racheter, ou un problème de sécurité lié à une peur d’être exclu professionnellement, ou encore un problème d’estime de soi quand on fait tout pour obtenir l’approbation de ses collègues ou ses supérieurs hiérarchiques, ou de l’ambition démesurée, ou un problème de priorités désorganisées… les raisons peuvent être multiples, et au final “être absent” et manquer à ses responsabilités de conjoint et partenaire de vie en est la conséquence», indique Imane Haddouche, coach certifié.
Généralement, ce sont les hommes qui sont les plus concernés par l’addiction au boulot. Ils ont davantage tendance à séparer leur vie professionnelle et leur vie familiale et à ne pas parler de ce qui les touche. Aussi, les hommes se sentent moins contraints par les horaires pour rentrer à la maison, n’ayant pas «l’autre» dans la tête en permanence. Toutefois, certaines femmes dérogent à la règle et sont également trop attachées à leur travail et pensent beaucoup à leur carrière. «Ma femme n’aime pas perdre. Il prend les enjeux de travail comme un défi personnel et s’acharne jusqu’à la réussite complète. L’entreprise dans laquelle elle travaille en profite, bien sûr, mais elle se met beaucoup de pression. Résultat : elle nous délaisse mon fils et moi. Elle ne prend pas son rôle d’épouse et de mère au sérieux. Je me demande ce qu’elle choisirait si je mettais notre couple dans la balance», se plaint Karim.
Pour sauver la situation, Imane Haddouche recommande aux couples d’être dans l’empathie, car c’est un comportement inconscient à la base. Il faut également essayer de séparer la personne de la situation, car ce conjoint, depuis la première rencontre et jusqu’à aujourd’hui, a certainement d’autres qualités et séparer la situation de l’interprétation puisque si un partenaire est accro à son boulot c’est pour lui-même et pas contre l'autre. Il faut aussi séparer l’intention des conséquences, car à la base, l’intention de ce partenaire n’est pas de nuire, c’est une conséquence et pas une volonté ou une envie préméditée de faire du mal. «Un partenaire accro au boulot (ou à autre chose), c’est une personne en souffrance, il faut l’aider et non la blâmer. Mais ceci n’est pas votre rôle, alors encouragez-le à voir un professionnel.
Ne faites pas les choses à sa place, vous encouragez ce comportement, identifiez ensemble une carte de fonction de chacun dans le couple, et tracez des limites claires par rapport à cet engagement. Aussi, ne baissez pas les bras, et rappelez-lui les vraies priorités dans la vie. Donnez l’exemple en menant une vie équilibrée et sereine, où vous avez du temps pour vous, pour votre famille, et pour votre carrière. N’hésitez pas à clarifier vos besoins, et exprimez-les de manière très claire à votre partenaire. Enfin, proposez des programmes et des modes de fonctionnements concrets et obtenez son engagement là-dessus», explique Haddouche.