L'humain au centre de l'action future

«Les territoires de Dieu» de Abdelhak Najib

01 Juin 2015 À 16:22

Qu'est-ce qui frappe de prime abord dans «Les territoires de Dieu», le roman que vient de publier, aux éditions Les Infréquentables, le journaliste et animateur TV, Abdelhak Najib. Sans hésiter, il y a cette langue si forte, si enjouée, ce langage à la fois cru, lyrique, poétique, et irrévérencieux par moments, qui frôle la jubilation, dans des passages à souligner quand les protagonistes multiples de ce roman s'adressent à Dieu, parlent de la vie, conversent sur le sort et l'avenir, se racontent des blagues ou alors décrivent leurs ébats amoureux et reviennent sur leurs parties de football qui avaient des allures de guerres pour la survie. Abdelhak Najib écrit avec frénésie, une verve verbale qui rend compte des rêves de toute une génération, née à l'orée des fameuses années 70. Mais l'auteur n'évoque jamais ce que d'autres ont nommé «les années de plomb».

Au contraire, à un moment donné du récit, il parle de la mésaventure d'un des personnages, Momo le criminel, qui va purger une peine de prison pour sa non-participation aux émeutes de juin 1981. Comme un pied de nez du sort, celui qui était au moment des faits dans les limbes du haschich ne sachant même pas ce qui se passait dans le quartier quand tout partait en fumée, paie pour les autres. Oui, l'auteur s'en moque ouvertement et liquide le sort d'un fait d'histoire qui n'a rien changé à la vie des uns et des autres. C'est cette ironie, parfois grinçante, souvent glaciale et ô combien légère dans des passages emprunts de grande profondeur sur la mort, l'enterrement du père, la visite au cimetière et la rencontre de l'amour dans le giron de femmes cultivant l'art et la manière de rendre heureux des jeunes dont l'esprit était enveloppé dans les effluves d'étreintes érotiques à leur couper le souffle, qui donne à ce livre toute sa puissance narrative. 

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