Spécial Marche verte

Les employeurs frileux face au recrutement des trisomiques

L'Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques (AMSAT) organise, le 23 janvier à Rabat, un colloque autour du projet de vie et l'insertion professionnelle des personnes trisomiques.

La trisomie est souvent mal perçue du grand public.

15 Janvier 2015 À 17:55

«Au Maroc, la trisomie touche une naissance sur 700», indique Bouchaïb Bouzekraoui, directeur du service consultation de l'Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques (AMSAT). Visibles au sein de la population, ces personnes sont quasi inexistantes dans le monde du travail. D’ailleurs selon des chiffres publiés par le Haut-Commissariat au Plan en 2009, le taux d’activité brut des personnes handicapées qui était de 13,1% serait doublement moins élevé que celui des non-handicapés qui, lui, était à 30,3%. Ces chiffres sont révélateurs de la discrimination dont est victime cette catégorie de population sur le marché du travail.

En ce sens, l’AMSAT organise, le 23 janvier à Rabat, un colloque intitulé : «Du projet de vie à l'inclusion socioprofessionnelle : quel avenir pour un adulte trisomique au Maroc». L’occasion pour les participants de débattre de l'accompagnement des personnes en situation de handicap mental dans la construction de leurs projets, tant personnels que professionnels. À noter que ce colloque s'inscrit dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne consistant à former 40 jeunes trisomiques au métier de restauration et 30 éducateurs accompagnateurs des personnes en situation de handicap.Force est de constater que les employeurs sont souvent réticents à l’idée d’embaucher une personne handicapée. Pour le cas particulier des personnes trisomiques, la raison la plus courante repose sur des préjugés qui ont la vie dure.

Les entreprises peu impliquées

«On pense que l'incapacité mentale et le manque d'autonomie empêcheraient ces personnes porteuses de trisomie d'être productives. Cependant, les projets d'inclusion socioprofessionnelle mis en place par l'AMSAT démontrent que ces jeunes porteurs de trisomie 21 sont non seulement capables de travailler, mais d'être aussi actifs et productifs que n'importe quelle autre personne.

D'autre part, les éventuels employeurs sensibles à la cause sont eux-mêmes limités par la loi qui ne leur permet pas d'établir des contrats avec les personnes porteuses de handicap mental», souligne M. Bouzekraoui. Il y a aussi la crainte des difficultés relationnelles avec les collègues, des arrêts maladie à répétition, de l’investissement dans un encadrement renforcé... Bref, embaucher des travailleurs handicapés est, aux yeux de beaucoup de managers, trop compliqué et pas assez rentable.

Pourtant, il est important de rappeler que la loi 7-92 relative à la protection sociale des personnes handicapées oblige les secteurs public et semi-public à recruter des personnes handicapées. Comme le prévoit ce texte, un quota de 7% des effectifs est fixé par voie réglementaire. À ce sujet, notre interlocuteur précise que «sa mise en œuvre rencontre énormément de résistance et d'obstacles, d'autant plus qu'à date d’aujourd’hui seules les personnes à handicap physique et à mobilité réduite bénéficient de celle-ci, les personnes porteuses de handicap mental étant exclues de cette loi».

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