Économie

Un gain d’un point de PIB pour le Maroc en 2015

L’État pourrait économiser environ 1% du PIB si le prix du baril est contenu en dessous de 78 dollars en moyenne en 2015, selon la Banque mondiale qui vient de publier un rapport sur l’impact de la chute des prix du pétrole sur la région MENA.

La baisse des prix pétroliers en deçà de l’hypothèse retenue pour la préparation de la loi de Finances 2015 (103 dollars le baril) redonne des marges de manœuvre budgétaires.

29 Janvier 2015 À 19:12

La Banque mondiale vient de publier son dernier Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA. Ce rapport, dédié à la chute des prix du pétrole et intitulé Plunging Oil Prices, examine les répercussions de la faiblesse des cours de l'or noir sur huit pays en développement importateurs de pétrole (Égypte, Tunisie, Liban et Jordanie) et exportateurs de pétrole (Iran, Iraq, Yémen et Libye), ainsi que sur les pays membres du CCG (Conseil de coopération du Golfe). Le Maroc ne fait donc pas partie de cette étude, mais les économistes de la Banque mondiale ont livré leur analyse sur le Royaume au «Matin-Eco», à l’occasion de cette publication. Selon eux, l’économie marocaine étant très dépendante de l’énergie importée, la baisse des prix du pétrole a donc un impact positif sur l’économie, notamment sur les finances publiques et la balance des paiements. «Il est estimé que l’État pourrait économiser environ 1% du PIB si le prix du baril ne dépasse pas 78 dollars en moyenne en 2015. La facture énergétique à l’importation pourrait être diminuée de l’ordre de 25%», a déclaré Jean-Pierre Chauffour, économiste principal pour le Maroc.

À ses yeux, la baisse des prix pétroliers en deçà de l’hypothèse retenue pour la préparation de la loi de Finances 2015 (103 dollars le baril) redonne donc des marges de manœuvre budgétaires pour accélérer le processus graduel de consolidation budgétaire entamé en 2013. «Le secteur manufacturier devrait lui aussi bénéficier de la chute du cours du baril, à travers une baisse du prix des intrants pétroliers ou à base d’énergie pétrolière. L’inflation, qui est déjà sur un rythme de croissance faible, devrait elle aussi bénéficier de la récente évolution des cours pétroliers», souligne Chauffour. En somme, résume-t-il, le Maroc peut se réjouir de ce choc positif externe et en profiter pour accélérer les réformes structurelles visant à promouvoir une croissance plus forte et inclusive.

Pour ce qui est des autres pays de la région MENA, «les importateurs de pétrole bénéficieront de la diminution de la facture des importations de pétrole et du montant des subventions aux carburants tandis que les exportateurs - dont certains tirent 80% de leurs revenus du pétrole - perdront des recettes d’exportation et des recettes budgétaires», a déclaré Shanta Devarajan, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA. Outre le Maroc, les pays importateurs de pétrole qui devraient afficher le plus de gains sont la Jordanie, la Tunisie, le Liban et l’Égypte. Leur balance commerciale pourrait s’améliorer de jusqu’à 2% de leur PIB.

En revanche, des pertes attendent les pays producteurs. Le Yémen et la Libye figurent parmi les plus vulnérables, le pétrole représentant plus de 90% de leurs exportations. L’Iran et l’Iraq pourraient aussi enregistrer une dégradation de leurs exportations nettes de pétrole de plus de 10% du PIB en 2015. Concernant, les pays du Conseil de coopération du Golfe, la Banque mondiale estime qu’ils se trouvent dans une situation nettement plus favorable, car ils disposent d’amples réserves. «Toutefois, ils pourraient également subir une perte de plus de 215 milliards de dollars de recettes pétrolières, soit plus de 14% de leur PIB conjugué», prévient l’Institution. 

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