12 Mars 2015 À 17:50
Il a fallu quelques semaines seulement pour que Maria Joudaane, une jeune fille de 16 ans atteinte d’une insuffisance rénale, retrouve l’espoir le goût de la vie. Pourtant, qui aurait cru que la solution miraculeuse viendrait de Marrakech ? En effet, c’est dans cette ville que les parents d’un enfant âgé de 10 ans, décédé suite à un accident de la circulation, avaient accepté de faire don de ses organes. Mais si cette jeune se dit chanceuse d’avoir bénéficié d’une greffe de rein, des centaines de cas similaires attendent toujours leur tour pour pouvoir bénéficier d’une greffe qui pourrait changer le cours de leur vie.
Une solution rarement envisageable par les médecins, vu que le taux de refus des familles de faire don des organes de leurs proches décédés reste parmi les plus élevés dans toute la région arabe, dépassant de loin ceux de l’Algérie et de la Tunisie. «Nous nous sommes heurtés dans 99% des cas à un refus catégorique des familles sous prétexte que c’est un acte “haram” interdit par la religion, ce qui est complètement faux d’ailleurs», lance docteur Hakima Rhou, professeur de transplantation rénale au CHU Ibn Sina de Rabat.
Ce niet des parents n’aurait pourtant pas dissuadé cette jeune médecin de réaliser une douzaine d’opérations de greffe, car rien ne semble résister à sa volonté. «Je pense que ce qui empêche les gens d’accepter de faire don de leur organe est leur méconnaissance de l’acte en soi. Ce que savent les gens des transplantations est souvent ambigu et repose sur de fausses rumeurs selon lesquelles on associe le don d’organes à la vente ou encore au trafic d’organes. C’est le manque de sensibilisation qui fait que les gens sont aussi réticents», note Mme Benrahou.
Pour tenter de dissiper le flou autour de l’opération de don d’organes et encourager les citoyens à s’inscrire sur la liste potentielle de donateurs, le CHU Ibn Sina de Rabat vient d’organiser jeudi à Rabat une Journée de sensibilisation au sein de l’hôpital à laquelle a pris part une pléiade de professeurs et de responsables gouvernementaux. Cette rencontre était une occasion pour de nombreux citoyens ayant bénéficié d’une greffe d’organes (spécialement le rein) d'apporter leur témoignage. L’événement a constitué également une opportunité pour s’arrêter sur les actions réalisées dans ce domaine.
Dans un discours du ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi, lu par le directeur des hôpitaux et des soins ambulatoires Ahmed Boudak, le haut responsable s’est arrêté sur les réalisations. Selon lui, d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années en matière d’extension de l’offre de soins et de soins palliatifs et d’accompagnement des patients. En outre, de nombreux projets de construction de centres d’hémodialyse sont en cours dans différentes régions du Royaume. «Le Maroc ne comptait qu’un unique centre d’hémodialyse en 1984 et, depuis, le nombre augmente jusqu’à atteindre une centaine de centres parallèlement à 15 autres en cours d’achèvement et qui verront le jour au cours de cette année», a indiqué le ministre.