09 Janvier 2015 À 18:38
Lundi prochain, les Haïtiens célébreront le cinquième anniversaire du séisme qui a ravagé sa capitale. Cependant, la propagation du choléra empêche la reconstruction d'un pays déjà pauvre. Les malades accusent les Casques bleus de l'ONU d'être à l'origine de cette épidémie. Cependant, les Nations unies refusent de reconnaître la responsabilité des Casques bleus, dépêchés à Haïti suite au séisme, dans la propagation épidémie de choléra qui a tué plus de 8.000 Haïtiens, affirmant qu'il est impossible de déterminer le foyer de la maladie.
Des malades ont porté plainte auprès d'un tribunal new-yorkais dans l'espoir de toucher des dommages et intérêts, mais l'ONU fait valoir son droit à l'immunité, garanti par l'un de ses traités fondamentaux. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a néanmoins reconnu une «responsabilité morale» de son organisation à l'égard du peuple haïtien pour tenter d'enrayer la propagation de cette infection intestinale mortelle. À l'approche du cinquième anniversaire du tremblement de terre, célébré lundi prochain, des équipes de la Croix-Rouge font du porte-à-porte pour désinfecter les logements. À Carrefour, un quartier résidentiel de Port-au-Prince, un homme a contracté le choléra, une maladie qui avait disparu d'Haïti depuis 150 ans, mais dont la souche actuelle a été identifiée comme provenant du Népal, pays dont étaient originaires les Casques bleus mis en cause. «On a un cas ici, on fait la décontamination et parfois on trouve un cas. Et puis on fait la décontamination des 20 maisons les plus proches. C'est ça le cordon sanitaire», explique à l'AFP Maxiles Joles qui travaille avec la Croix-Rouge.
Plusieurs centres de traitement ont été construits et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est associée avec la Croix-Rouge pour faire face à l'épidémie qui a fait encore 9.000 cas en 2014 contre 200.000 en 2013. Le taux de survie augmente, mais les souffrances se poursuivent dans un pays pauvre qui avait déjà un système médical défaillant avant le séisme du 12 janvier 2010 et l'arrivée du choléra. Un juge new-yorkais doit décider, à une date non précisée, s'il poursuit ou non les Nations unies au nom d'une plainte en nom collectif déposée par des Haïtiens et des Américano-Haïtiens. Le gouvernement américain, en tant qu’hôte du siège de l'ONU à New York, affirme que l'ONU bénéficie d'une totale immunité, à moins qu'elle ne soit levée de façon explicite, comme mentionné dans la section 2 de la Convention sur les privilèges et immunités des Nations unies, approuvée en 1946. Selon l'AFP, une étude menée par des médecins français a clairement établi le lien direct entre l'arrivée d'un bataillon de Casques bleus népalais près de la petite ville de Mirebalais et l'épidémie qui a éclaté fin 2010. Les Nations unies se sont engagées à récolter plus de fonds tout en se préparant à l'éventualité de devoir comparaître.