27 Avril 2015 À 16:12
Comment provoquer le sursaut du civisme au Maroc ? Une question essentielle de nos jours, sur laquelle s’est penchée la Fondation Attijariwafa bank, le jeudi 23 avril au siège d'Attijariwafa bank à Casablanca. Face à une audience venue nombreuse, les invités sont revenus sur le phénomène de l’incivisme, ses origines et la manière de le combattre.
Pour l’anthropologue Yasmine Chami, la notion du civisme est très vague, mais demeure indissociable de la citoyenneté. «Il s’agit de faire adhérer des populations hétérogènes dans le champ de la citoyenneté active et positive. Le civisme est aussi inséparable de la question de l’intégration à un mode de vie et à des valeurs. Il implique un sentiment d’appartenance suffisamment fort», déclare Mme Chami. Pour cela, cette dernière revient sur les politiques et les gouvernants qui doivent impliquer les citoyens dans l’élaboration des lois afin qu’ils y adhérent. «Si on vit dans une communauté et on récuse les lois de celle-ci, les comportements peuvent devenir inciviques et pourraient même mener à la désobéissance civique. Il faut aussi savoir si le citoyen est satisfait dans ses besoins fondamentaux à savoir la justice, l’éducation, le travail et la sécurité.
Ce sont les termes de l’équation qui se pose aujourd’hui dans notre pays. Pour que la loi soit respectée, il faut que l’État respecte aussi ses engagements», soutient Chami. Par ailleurs, pour Fatima Sbihi, présidente de l’association Afak, civisme et développement vont de pair. «Le citoyen doit respecter les règles de vie en société, les lois et les règlements. C’est le message que nous véhiculons chaque jour dans les médias, mais malheureusement les comportements inciviques connaissent une extension alarmante. Ces comportements touchent toutes les classes sociales et font du tort à notre pays et à son développement. Les touristes et investisseurs sont choqués par le non-respect du Code de la route et cela doit changer impérativement», déclare Mme Sbihi. Elle propose ainsi l’établissement d’une charte du civisme. «Celle-ci doit être déclinée au niveau local et dans les quartiers. On peut changer son contenu selon les populations et les quartiers, mais les principes fondamentaux de cette charte doivent rester les mêmes et être appliqués par tous», soutient Mme Sbihi.
D'après Ismail Douiri, DG d’Attijariwafa bank : «Grâce aux projets structurants et la vision moderniste du Maroc, notre pays est aujourd’hui en bonne voie pour rejoindre le rang des pays émergents. Nous avons la conviction que l’atteinte de cet objectif passe par la lutte contre les comportements inciviques dans tous les domaines et toutes les sphères. Au-delà des campagnes de sensibilisation ponctuelles et de l’adoption de lois dissuasives, il nous incombe à tous de trouver des solutions durables à des pratiques inciviques comme les infractions au Code de la route, l’occupation abusive du domaine public et la détérioration des biens et de l’espace public. Il faut garder à l’esprit que le civisme n’est ni une vertu spontanée ni une qualité innée, mais il s’acquiert progressivement et très tôt par le biais de l’éducation au sein de la famille et l’enseignement scolaire. Pour être efficace, l’apprentissage des bonnes règles de conduite doit débuter dès le préscolaire afin d’ancrer chez les jeunes enfants les bons réflexes. Dans ce domaine, tout se joue avant l’âge de 6 ans. Chose que nous développons avec notre partenaire Care International Maroc dans le quartier Sidi Moumen à Casablanca. Ce programme de préscolaire profite aujourd’hui à 2.500 enfants.»