Spécial Marche verte

L’approche genre au cœur de la recherche

Pour faire le point sur les «États généraux de la recherche et de la formation sur le genre au Maroc», le staff universitaire du master genre de la Faculté des lettres d’Aïn Chock a organisé un colloque international. De nombreuses idées ont été proposées lors de ce rendez-vous.

La problématique du genre intéresse encore peu le domaine universitaire.

20 Avril 2015 À 17:15

 

De nombreux chercheurs universitaires, des acteurs politiques ainsi que des acteurs de la société civile se sont retrouvés, pendant deux jours, jeudi et vendredi derniers, lors d’un colloque organisé au sein de la Faculté des lettres et des sciences humaines d’Aïn Chock (FLSHA).

Ce colloque a permis de développer une réflexion sur la problématique du féminisme et de l’approche genre. Le rendez-vous, organisé par le «Master genre, sociétés et cultures» de la FLSHA, en partenariat avec l’Université de Casablanca, l’Unesco et l’Institut de recherche pour le développement (IRD), a permis, pour la première fois de réunir trois catégories d’acteurs qui s’intéressent à la problématique «genre» : chercheurs, décideurs politiques et acteurs associatifs. Les travaux ont eu pour objectif de dresser l’état des lieux de cette question. C’est ainsi que, pour la première fois, cet événement a permis la tenue des «États généraux de la recherche et de la formation sur le genre au Maroc».

Cette rencontre, à travers des visions croisées, a été l'occasion non seulement de discuter de la problématique du genre et de ses enjeux, mais aussi d’analyser ce qui avait été déjà entrepris pour la promotion de l’approche genre, relever les dispositifs mis en place par le passé et les faiblesses,proposer les moyens de les corriger et renforcer leurs atouts ou les réorienter… Une réflexion qui a visé notamment les centres de recherche au sein des établissements universitaires. 

Au cours de ces deux jours de travaux, les participants se sont engagés à mettre en place un réseau devant permettre la convergence des efforts, la mutualisation des moyens et des compétences dans le cadre d’une stratégie commune. 

Ils ont également démarré la réflexion au sujet de la création d’un observatoire marocain sur le genre avec l’implication du département de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, des organismes nationaux, des organisations internationales… Ces «États généraux» ont permis aussi l’élaboration d’une feuille de route pour dynamiser les actions visant la recherche sur la thématique du genre. 


Questions à Phinth Chanthalangsy spécialiste de programme pour les sciences sociales et humaines 

au sein du bureau de l’Unesco pour le Maghreb

«Nous devons ouvrir le milieu universitaire à son environnement»

Quelle perception a-t-on à l’Unesco de l’approche genre au Maroc ?En fait, nous n’avons pas fait, par nous-mêmes, une évaluation à ce niveau. Mais nous travaillions, dans ce sens, avec l’Université Hassan II, à travers le Master Genre mis en place par cette université. Déjà au Maroc, il y a plein de compétences très qualifiées, de niveau international, sur la question du genre. Il y a les universités d’Oujda, Agadir, Marrakech, Kénitra, Rabat et Casablanca avec des enseignants chercheurs extrêmement compétents et qui enseignent aujourd’hui aux étudiants et essayent d’intégrer la question du genre à travers les différentes disciplines. C’est donc un constat d’espoir. Mais malgré ces compétences, il existe un isolement de chaque unité de recherche et d’enseignement. Cet événement portant sur les «états généraux» va permettre d’ouvrir ce chantier.

Comment situer l’approche genre au Maroc par rapport aux autres pays du Maghreb ?On peut dire que le Maroc et la Tunisie ont développé, depuis des années, beaucoup de matière grise sur la question du «genre». Mais l’enjeu essentiel est de faire en sorte que les recherches et les connaissances produites par ces universitaires puissent être utilisées par la société civile pour élaborer le contenu réglementaire et par les responsables politiques pour élaborer les politiques publiques. Nous avons donc le devoir de décloisonner le milieu universitaire par rapport à son environnement.

 

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