17 Mai 2015 À 13:14
L'initiative du plébiscite revient à son maire populiste Toru Hashimoto, qui fait campagne pour «une nouvelle Osaka» et ambitionne de faire de la mégalopole de l'Ouest la deuxième capitale du Japon. Son objectif est de réduire drastiquement la bureaucratie municipale pour économiser 270 milliards de yens (2 milliards d'euros) dans les deux prochaines décennies, et accroître la compétitivité de la cité pour attirer des investisseurs. Osaka, aujourd'hui divisée en 24 quartiers, tombe sous l'autorité concurrente de l'administration municipale et du gouvernorat provincial (Osaka est aussi le chef-lieu de la préfecture du même nom). Selon le projet de M. Hashimoto, la ville serait restructurée en cinq «arrondissements spéciaux», dotés chacun d'une autonomie limitée, sous la direction d'un maire élu au suffrage direct, et chargés des services publics. En revanche, les affaires d'urbanisme, budgétivores, seraient de la responsabilité des autorités provinciales. Ce plan est modelé sur le système administratif en vigueur à Tokyo, où 23 arrondissements bénéficient d'une certaine autonomie.Si la réforme - la première du genre depuis 1956 quand fut institué l'actuel système municipal dans tout le Japon - est plébiscitée, elle entrera en vigueur en 2017. Président d'un Parti pour la réhabilitation d'Osaka, de tendance conservatrice, Toru Hashimoto, un ex-avocat pugnace qui ne mâche pas ses mots, a juré d'«abandonner la politique» en cas d'échec du référendum. Son projet controversé - auquel s'oppose le Parti libéral-démocrate (PLD, droite) du Premier ministre Shinzo Abe - a la défaveur des sondages, mais l'écart se réduit entre les partisans du statu quo (48%) et les réformateurs (40%).
Osaka - qui en termes de population (2,7 millions d'habitants) est la troisième ville du Japon derrière Tokyo et Yokohama - n'a jamais renoncé à renouer avec sa gloire passée.Aujourd'hui dans l'ombre de Tokyo, elle a longtemps été une cité prospère, tournée vers l'industrie et le négoce du riz et d'autres denrées, ce qui lui a valu le surnom de «cuisine de la nation».Mais son influence s'est progressivement évanouie à partir du moment où la capitale impériale s'est déplacée de Kyoto, voisine d'Osaka, à Tokyo en 1868, au début de la modernisation du Japon. Osaka a toujours conservé une identité propre, avec son dialecte local, sa cuisine roborative, une culture ouvrière et des mœurs moins apprêtés qu'à Tokyo - nombre de comédiens populaires en sont originaires. C'est aussi une ville férue de sport (baseball et foot). «Copier Tokyo ne conduira pas au développement d'Osaka», tranche Akira Yanagimoto, un représentant du PLD à l'assemblée locale.
«Il n'y a aucune garantie que ce plan puisse améliorer les finances et dynamiser rapidement la compétitivité économique» d'Osaka, estime Tomoaki Iwai, politologue à l'université Nihon de Tokyo. «Il doit y avoir d'autres moyens de rationaliser la cité. Il s'agit plus ou moins d'un coup politique du maire Hashimoto», affirme à l'AFP l'universitaire. En revanche, Nobuo Sasaki, professeur de sciences politiques à l'université Chuo, convient que la rivalité entre la ville d'Osaka et la préfecture du même nom ont créé «une administration à double vitesse». «La préfecture devrait laisser la charge des services publics aux nouveaux arrondissements, et centraliser à son niveau des stratégies de croissance dynamiques», a-t-il plaidé dans le quotidien «Sankei».