L'humain au centre de l'action future

Disparition de l'acteur Omar Sharif à 83 ans

L'acteur égyptien est mort d'une crise cardiaque dans un hôpital au Caire spécialisé pour les patients atteints d'Alzheimer. Polyglotte, Omar Sharif a surtout vécu en France, aux États-Unis et en Italie.

Omar Sharif avec son fils Tarek.

10 Juillet 2015 À 19:03

L'acteur égyptien Omar Sharif, né Michel Chalhoub, devenu une légende du cinéma grâce à ses rôles dans «Lawrence d'Arabie» et «Docteur Jivago», est décédé vendredi au Caire d'une crise cardiaque à l'âge de 83 ans, a indiqué son agent londonien à l'AFP.«Il est mort cet après-midi d'une crise cardiaque au Caire. Il était dans un hôpital spécialisé pour les patients atteints d'Alzheimer», a déclaré son agent Steve Kenis. L'ex-ministre égyptien des Antiquités et égyptologue, Zahi Hawwas, qui faisait partie de ses proches amis, a confirmé la mort de l'acteur légendaire affirmant que les obsèques pourraient avoir lieu dimanche.

La maladie d'Alzheimer avait contraint le défunt à s'éloigner des plateaux en 2012, après une dernière apparition dans «Rock The Casbah», de Laïla Marrakchi, clôturant une carrière riche de plus de 70 films. Né le 10 avril 1932 à Alexandrie, dans une famille de négociants en bois précieux d'origine syro-libanaise, Michel Chalhoub fut élevé dans le rite grec-catholique melkite.

À 11 ans, sa mère le trouvant trop gros, l'envoie dans une école anglaise, le Victoria college d'Alexandrie, dans l'espoir qu'il y sera moins tenté par la nourriture. L'objectif est atteint et, en plus, il y découvre le théâtre et l'anglais, que ce polyglotte parle couramment comme le français, l'italien ou encore le grec. Après des études de mathématiques et de physique à l'Université du Caire, il accepte de travailler cinq ans avec son père, alors qu'il rêve de jouer. La carrière du mythique acteur avait été lancée par le réalisateur égyptien Youssef Chahine, qui l'a fait tourner en 1954 dans «Ciel d'enfer». Il jouera son premier rôle occidental dans «La châtelaine du Liban» de Richard Pottier, en 1956, avec son épouse Faten Hamama pour partenaire.

Il devient une véritable vedette internationale après «Lawrence d'Arabie» (1962), qui lui vaut le Golden Globe du Meilleur second rôle. Il s'était converti à l'islam avant son mariage en 1955 avec la star égyptienne Faten Hamama, avec laquelle il aura un fils, Tarek. Couronné en 2003 par un Lion d'or au festival du film de Venise pour l'ensemble de sa carrière, il reçoit en 2004 le César français du meilleur acteur pour «Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran» de François Dupeyron. Charmeur au regard langoureux et nomade flambeur vivant entre hôtels de luxe et casinos, Omar Sharif était rarement satisfait de ses prestations -- «Je suis content de dix secondes dans un film et de dix secondes dans un autre», disait-il --, l'acteur confiera avoir tourné «beaucoup de mauvais films» par nécessité.Car loin des plateaux de tournage, Omar Sharif est un flambeur. Joueur de bridge professionnel, amateur de courses hippiques, il fréquente assidûment les casinos pour tromper sa «solitude», disait-il.

«Tout l'argent que je gagne, je le perds. Quand j'ai de l'argent, je suis obligé de le dépenser, mais ça ne me gêne pas de ne pas en avoir», assurait-il. Pour payer ses dettes de jeux, il devra même vendre en urgence le seul appartement qu’il n’ait jamais possédé, à Paris.

Omar Sharif, dont l'humour était aussi fin que le caractère ombrageux, préférait d'ailleurs mener une vie de «nomade». «Je suis le seul acteur au monde qui suis étranger partout. J'avais ma valise, j'allais dans les hôtels» de luxe, comme «invité», racontait-il. 

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