Spécial Marche verte

Environ 5 à 20% de la population ont des problèmes hormonaux

La glande thyroïde produit des hormones nécessaires à tout l’organisme. Son dysfonctionnement peut être détecté par plusieurs symptômes : prise de poids, nervosité, fatigue, troubles de la mémoire… Parfois, il peut aussi s'agir de nodules (petites boules), laissant présager le pire. Pourtant, ces nodules sont bénins dans 90% des cas. Et lorsque la lésion est maligne, il s'agit dans 80% des cas d'un cancer dit papillaire qui se soigne aujourd'hui très bien.

Les maladies thyroïdiennes sont relativement nombreuses. Les plus fréquentes concernent l'hypothyroïdie et l'hyperthyroïdie.

06 Janvier 2015 À 16:52

La glande thyroïde est indispensable au bon fonctionnement de notre organisme et les pathologies la concernant sont relativement fréquentes. Actrice essentielle au sein du système endocrinien, elle assure un grand nombre de fonctions primordiales à l'équilibre du corps. L'hormone principale fabriquée par la thyroïde, la thyroxine, participe à la régulation du métabolisme du corps et intervient notamment dans les processus de croissance, dans la différenciation des tissus et dans la régulation du développement physique et mental.

Les maladies thyroïdiennes sont relativement nombreuses. Les plus fréquentes concernent l'hypothyroïdie et l'hyperthyroïdie (un manque ou un surplus d'hormones de cette glande) ou encore la présence chez le sujet de nodules thyroïdiens (sorte de petites boules qui se forment dans la glande thyroïde). «Selon les estimations, environ 5 à 20% de la population ont un nodule palpable, en général de plus de 1 cm», indique le Dr Adil Benlyazid El Hassani, Chirurgien oto-rhino-laryngologiste et cervico-facial. Les nodules découverts fortuitement lors d'un examen radiologique ou lors d'une autopsie sont encore plus fréquents.

«En effet, 16 à 67% des sujets de populations non sélectionnées ont au moins un nodule de plus de 2 mm à l'échographie thyroïdienne et 30 à 60% des thyroïdes contiennent un ou plusieurs nodules dans des séries d'autopsie. Le risque théorique de cancer de ces nodules est de l’ordre de 10%. À noter également que selon le Registre du cancer du Grand Casablanca (2004), l’incidence standardisée du cancer de la thyroïde était plus élevée chez les femmes, avec une incidence de 4,78 pour 100.000 femmes/an (versus 0,96 pour 100.000 hommes/an)», poursuit la même source.

Avoir un ou plusieurs nodules dans la thyroïde est donc une situation fréquente dans la population générale, en particulier chez les femmes, à partir de 40 ans. «Ils peuvent passer totalement inaperçus à moins qu’ils ne génèrent une production anormale d’hormones, ou alors s’ils déforment les contours de la glande et deviennent visibles ou palpables», précise notre spécialiste. S’agissant majoritairement d’une situation bénigne, l’impact peut souvent être totalement nul. Néanmoins, à partir du moment où ce nodule est découvert, il va générer une certaine inquiétude chez le patient qui pourra rarement l’ignorer. La principale question posée par la présence de ce nodule est son risque malin.

Le dépistage précoce est donc un enjeu de santé publique majeur. Aujourd'hui, les facteurs de risque des pathologies thyroïdiennes sont relativement bien identifiés et on trouve parmi eux, l'hérédité, la carence en iode, l'irradiation, l'alimentation, les polluants, le stress, le tabac. Bien entendu, les examens médicaux jouent un rôle prépondérant pour détecter les éventuelles pathologies. Les plus intéressants sont les analyses de sang (TSH, T3 et T4 notamment), la scintigraphie, l'échographie de thyroïde, la ponction de thyroïde. Le bilan thyroïdien à réaliser sera également primordial pour suivre l'évolution de la maladie ou pour s'assurer qu'aucune ne se déclare.


Explications Dr Adil Benlyazid El Hassani,chirurgien oto-rhino-laryngologiste et cervico-facial

«Les nodules sont bénins dans plus de 90% des cas»

Qu'est-ce que la thyroïde et quel rôle joue-t-elle dans notre corps ?La thyroïde est une glande située dans la partie basse du cou, globalement en forme de papillon, qui sert à fabriquer les hormones thyroïdiennes. Elle libère la thyroxine (T4) et la tri-iodothyroxine (T3), des hormones qui augmentent la quantité d'oxygène consommée par l'organisme. Elle stimule la production de nouvelles protéines par les cellules du corps. En régissant la libération de ces deux hormones, la thyroïde détermine l'intensité du fonctionnement des organes.

Quels symptômes indiquent son dysfonctionnement ?Les hormones thyroïdiennes agissant sur tous les organes du corps, les symptômes provoqués par un manque ou un excès d’hormones sont relativement divers. Le manque d’hormones (ou hypothyroïdie) se traduit en général par un ralentissement global de toutes les fonctions de l’organisme. Parmi les principaux signes, on retrouve : une prise de poids, une intolérance au froid, de la fatigue, une tendance dépressive, un ralentissement du rythme cardiaque, une constipation, etc. À l’inverse, un excès d’hormone (ou hyperthyroïdie) va se traduire plutôt par : une accélération du rythme cardiaque, de l’agitation, une perte de poids malgré un appétit accru, une hypertension artérielle, une sensation de chaleur excessive, des selles fréquentes parfois accompagnées de diarrhée. Néanmoins, certaines maladies de la thyroïde peuvent s’accompagner d’une production hormonale normale et donc aucun des signes cités précédemment. C’est souvent le cas des nodules de la thyroïde (sorte de petites boules qui se forment dans la glande thyroïde), dont certains peuvent être d’authentiques cancers qui n’auront de manifestation clinique que tard dans leur évolution. Ce qui pourra attirer l’attention dans ces cas sera plutôt une tuméfaction dans la partie basse du cou. Plus tard dans l’évolution on peut assister à l’apparition de ganglions dans le cou ou de troubles de la voix.

Quand faut-il s'inquiéter et quels examens réaliser pour valider son diagnostic ?Devant les signes de dysfonctionnement hormonal (hypo ou hyperthyroïdie), votre médecin saura vous prescrire le bilan sanguin adapté mesurant le taux circulant d’hormones (T3, T4 et TSH et parfois les anticorps anti-thyroïdiens). La prise de sang peut également rechercher une élévation du taux de thyro-calcitonine qui est un marqueur tumoral d’un type particulier de cancer de la thyroïde (cancer médullaire). Il pourra également demander une échographie du cou qui étudiera en détail la morphologie de la glande thyroïde et classera les éventuels nodules selon leur risque de malignité. En l’absence d’hyperthyroïdie, la scintigraphie thyroïdienne n’est plus d’actualité dans les examens utiles pour explorer la glande thyroïde. Enfin, la cytoponction des nodules est un examen pouvant s’avérer utile pour apprécier le risque de malignité de ces derniers lorsqu’ils existent. Il consiste à prélever avec une aiguille fine quelques cellules dont l’aspect est étudié au microscope.

Quels traitements existe-t-il aujourd'hui et peut-on en guérir ?Les nodules qui produisent des hormones en excès (appelés aussi nodules chauds ou toxiques) peuvent être traités de trois façons : médicalement, chirurgicalement, et plus rarement avec de l’iode radioactif. Les nodules ne produisant pas d’hormones (appelés euthyroïdiens) posent d’abord un souci diagnostique sur leur nature bénigne ou maligne. Au terme de leur bilan qui comportera les examens sanguin, échographique et parfois cytologique, votre médecin vous conseillera soit une surveillance, soit d’aller vers une vérification chirurgicale. En cas de doute sur la nature maligne de ce nodule, il est impératif d’associer à la chirurgie une analyse extemporanée du nodule afin de pouvoir dans le même temps chirurgical procéder au traitement adapté d’un éventuel cancer thyroïdien qui doit dans bon nombre de cas inclure le traitement des ganglions de voisinage et ne pas se limiter à la seule glande thyroïde. Cette chirurgie thyroïdienne et ganglionnaire constitue le traitement principal des cancers de la thyroïde et sera complétée dans certains cas par un traitement à l’iode radioactif. D’un point de vue pronostique, il faut retenir que ces nodules sont bénins dans plus de 90% des cas. Lorsque la lésion est maligne, il s'agit dans plus de 80% des cas d'un cancer papillaire qui est une forme d’excellent pronostic. On peut ainsi dire qu’il s’agit de l’une des formes de cancers dont les taux de guérison définitive sont les plus élevés.

Quels sont les facteurs de risque ? Les personnes prédisposées ?Il existe une prédominance féminine assez nette, en particulier entre 40 et 60 ans. La surcharge pondérale et la carence iodée augmenteraient la prévalence des nodules et la radiothérapie externe du cou leur risque de malignité. Les formes familiales de cancers de la thyroïde sont très rares.

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