06 Février 2015 À 20:09
Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a remis, mercredi à Rabat, à la famille de feu Belkacem Ouazzane, l'une des victimes des violations graves des droits de l'Homme, le rapport de l'expertise génétique prouvant que les restes retrouvés près de l'ancienne prison d'Agdz sont effectivement ceux du défunt. Selon ce rapport, qui a été remis en présence des fils du défunt, Abdelkerim et Omar Ouazzane, de l'avocat de la famille, le bâtonnier Abderrahmane Benomar et d'une délégation d'acteurs œuvrant dans le domaine des droits de l'Homme, les restes retrouvés près de l'ancienne prison d'Agdz sont bien ceux de Belkacem Ouazzane, vu que son ADN est conforme à celui des membres de sa famille, indique un communiqué du CNDH.Cette démarche intervient dans le cadre de l'exécution des recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER), notamment celles relatives à l'établissement de la vérité, ajoute la même source, précisant que les investigations menées par l'IER ont abouti à la découverte d'une tombe se trouvant dans un cimetière près de l'ancienne prison d'Agdz, qui serait celle de Belkacem Ouazzane.
La commission de suivi, créée à l'issue du mandat de l'IER et après présentation du rapport final de cette instance, a procédé à l'exhumation des restes de la dépouille et a soumis des échantillons à l'expertise d'un institut spécialisé dans les analyses génétiques basé à Nantes en France (Institut génétique Nantes Atlantiques), lequel a affirmé que les composantes génétiques de ces restes sont conformes à celles des membres de la famille du défunt.
L'expertise génétique a été remise en présence de représentants de la Ligue marocaine des droits de l'Homme, du Forum marocain pour la vérité et l'équité, de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme, de l'Association marocaine des droits de l'Homme et de la Coordination des familles de disparus dont le sort reste inconnu et des victimes de disparitions forcées au Maroc.
Né en 1924 à Figuig, feu Belkacem a été arrêté le 17 avril 1973 à proximité des frontières algéro-marocaines, limitrophes de la ville de Figuig. Il a été transféré au centre de détention secret de l'aéroport d'Anfa à Casablanca, plus connu sous l'appellation de «Corbis», puis au centre de Derb Moulay Chérif dans la même ville et ce jusqu'en juin 1973, date de son incarcération à la prison centrale de Kénitra. Le 30 août 1973, le Tribunal militaire permanent des Forces armées royales de Kénitra le déclara innocent.
Le même jour, feu Belkacem est enlevé de l'intérieur de la prison locale de Kénitra et fait l'objet d'une disparition forcée. Selon des témoins, il a été aperçu dans le centre secret de détention de Témara où il aurait passé une année environ, puis au centre de Tagounit où il serait resté deux années avant d'être transféré au centre d'Agdz en compagnie d'un groupe de détenus, où il aurait rendu l'âme, relève le communiqué. Son fils, Abderrahim Ouazzane, avait, d'ailleurs, témoigné lors d'une audition publique des victimes des violations passées des droits de l'Homme qu'a connues le Maroc entre 1956 et 1999, initiée par l'IER, le 29 janvier 2005 à Figuig. Il s'agit de la troisième audition du genre après celles de Rabat.