11 Mars 2015 À 18:20
En collaboration avec la Banque mondiale, l’Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) s’apprête à lancer, pour la première fois au Maroc, une nouvelle approche de gestion intégrée des ressources en eau en milieu urbain. Une première également dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), selon un document officiel de l’Institution de Bretton Woods dont le «Matin Eco» détient copie. Ce mode de gestion innovant nécessitera une meilleure coordination entre l'ONEE, les Agences des bassins hydrauliques ainsi que les municipalités. L'objectif est de rendre les villes marocaines durables et résilientes via une meilleure gestion de l’offre et de la demande en eau, en améliorant à la fois la gouvernance, les réseaux urbains d'alimentation en eau, tout en adoptant une vision globale de toutes les étapes du cycle de vie de l'eau en milieu urbain.
Ceci pour faire face à la pénurie d’eau, à la croissance rapide de la population urbaine, de la pollution et des interactions non optimisées entre l'eau et d'autres secteurs (énergie, agriculture, industrie, tourisme, ménages notamment). Selon nos informations, la Banque mondiale envisage, à cet effet, d’accorder à l’ONEE un prêt de 100 millions de dollars. Des fonds destinés à financer l’introduction de la gestion intégrée des ressources en eau dans trois régions du Royaume : Al Hoceima, Sidi Ifni et Tarfaya, qui font face à un important écart entre l'offre et la demande. Les négociations sont en cours entre la Banque et l’ONEE.
Le conseil d’administration du groupe de la Banque mondiale devra approuver ce prêt en décembre prochain. Outre le volet gouvernance de l’offre et la demande, les 100 millions de dollars de l’Institution de Bretton Woods financeront aussi la réalisation de 3 usines de dessalement de l’eau de mer de taille moyenne. L'une à Al Hoceima, l'autre à Sidi Ifni, puis une autre à Tarfaya dans le cadre d’un partenariat public-privé. Sur la base des infrastructures et des conditions d’alimentation actuelles, les prévisions de la Banque Mondiale présument que le déficit offre/demande en eau potable à Al Hoceima passerait de 15% en 2015 à 50% en 2030. Celui de Sidi Ifni atteindrait 40% à l’horizon 2030 et de Tarfaya 50%.
Globalement au Maroc, la demande en eau devrait atteindre 13,5 milliards de mètres cubes en 2015 et 16,5 milliards en 2030, soit un déficit de 2 et 5 milliards de mètres cubes respectivement, sur la base des conditions actuelles d’alimentation et de l’évolution de la population. L’objectif de la Banque mondiale et de l’ONEE est d’étendre par la suite la gestion intégrée des ressources en eau à d’autres régions du Royaume.