09 Avril 2015 À 16:06
Le programme d’art contemporain «Mastermind» ouvre jusqu’au 26 avril sa quatrième édition à Casablanca. Dix-huit artistes présentent à la galerie Venise Cadre le paradigme multiple d’un Maroc riche de créativité, d’énergie et d’intelligence. La programmation de cette année présente un parcours expographique d’une nouvelle génération d’artistes qui forment la nouvelle scène marocaine. Ce parcours propose des projets divers où les artistes montreront leurs travaux sans décontextualiser leur recherche, car il est désormais question dans «Mastermind» d’exprimer la trajectoire de l’artiste afin que le public ressente et comprenne par l’énoncé général de l’exposition qu’il est question de communauté, d’un ensemble...
«Avec ma contribution au programme “Mastermind”, je désire accompagner une infime partie de cette nouvelle génération à laquelle j’appartiens. Sans revendiquer, ni même exiger une version de l’histoire qui se construit, cette nouvelle scène marocaine a pour besoin de raconter son monde, tel qu’elle le voit et comme elle le vit, éliminer toute sorte de filtres qui éloignent les individus», affirme Mohamed Arejdal, commissaire du programme «Mastermind». Cette édition dévoile ainsi un pan inconnu de la scène artistique marocaine, dont les protagonistes proposent un certain dialogue inédit entre disciplines, pratiques artistiques et comportements.«À travers cette édition, “Mastermind” confirme son statut de programme d’art de premier plan, et propose une sélection pointue au panorama aussi exigeant que représentatif de la nouvelle scène marocaine», confirme Mehdi Hadj Khalifa, président de la compagnie Another Life, organisateur de l’évènement. Le programme de 2015 présente une coagulation surprenante d’œuvres et d’artistes. Le public pourra ainsi découvrir les dessins d’Ismael Ahendouz. Ce diplômé de l’Institut national des beaux-arts de Tétouan utilise différentes techniques et matières, le pastel, le crayon et le collage... Dans ses dessins, il s’éloigne de l’exploitation simple, directe, et serait donc dans un mélange entre ce qui est réaliste et surréaliste. L’artiste multidisciplinaire Laila Ait Bouchtba dévoilera l’installation «Mon père est stérile». «Ma démarche artistique est en fait très spontanée.
Une fois le projet réalisé, je deviens moi-même spectatrice, et là je commence l’analyse du projet», souligne cette artiste autodidacte. Zainab Andalibe, quant à elle, présentera un «joyeux bordel» tentaculaire en reproduisant un élément du paysage urbain que sont ces réseaux électriques de fortune que l’on a pour habitude de voir dans bon nombre de ruelles et de quartiers marocains. Ces installations anarchiques sont révélatrices d’une culture système D. Dans le même espace, l’installation est accompagnée d’une pièce sonore diffusant une interférence radiophonique. Une autre artiste, Salma Cheddadi, sera présente par «L’odeur du père». Il s’agit d’une pièce olfactive, produite en laboratoire. C’est un boisé aromatique naturel au pin de Sibérie, avec des connotations ambrées douces de type ambre gris, sur un fond suave «cuiré», fumé et animal. Elle est présentée sous forme de «tableau-paysage», un coffrage de Plexiglas perforé contenant des chemises d’homme froissées et imbibées de l’odeur du père.
Les ouvertures laissent s’échapper l’odeur, invitant le spectateur à une certaine proximité avec l’œuvre. «Dans “L’odeur du père”, je tente de recréer rationnellement une expérience sensible, brosser le portrait d’un père absent avec une composition olfactive complexe capable de se raconter comme un paysage, un tableau qui se livre à la lecture du regardeur, par couches successives et plan après plan», souligne Salma Cheddadi. D’autres dessins, installations et photographies sont également exposés grâce à ce programme pour la culture et la recherche artistique. Le but est de défricher des talents et porter une attention particulière aux différents comportements créatifs naissant sur le territoire marocain.