Spécial Marche verte

Ftour au travail, synonyme de galère

Rompre le jeûne en famille est l’idéal durant le mois sacré. Cependant, ceci n’est pas possible pour tout le monde. Certaines personnes sont obligées de prendre le ftour à l’extérieur à cause de leur travail.

De nombreuses personnes sont obligées de prendre le ftour au travail ou dans des cafés, loin de leur famille à cause de leur boulot.

29 Juin 2015 À 17:59

Il est 19 h 30. Alors que de nombreuses personnes sont en train de dresser la table du ftour pour profiter d’un bon repas en famille, Kawtar 22 ans, vendeuse dans une boulangerie à Casablanca prépare avec ses collègues, quatre autres jeunes filles et deux hommes, leur ftour. «Nous sommes obligés de rompre le jeûne au travail tous les jours. Le propriétaire de la boulangerie ne veut pas fermer avant 19 h 30. Et comme la plupart d’entre nous habitent loin, nous rompons notre jeûne ici. Même si nous nous entendons bien et que le ftour se passe dans la joie et la bonne humeur, l’ambiance du ftour en famille nous manque beaucoup», confie Kawtar tristement. Celle-ci n’est pas la seule. De nombreuses personnes sont obligées de prendre le ftour au travail ou dans des cafés, loin de leur famille à cause de leur boulot.

En effet, il existe beaucoup de métiers où les employés ne peuvent pas manger à la maison pendant le mois sacré. Le personnel des transports en commun constitue, avec les serveurs et les agents de sécurité, la catégorie d’employés la plus touchée par cette situation, en plus des vendeurs dans les magasins qui habitent loin de leur lieu du travail et qui sont obligés de reprendre le boulot après le ftour.

Pour Siham, 35 ans, téléconseillère dans un centre d’appel, les choses sont encore plus compliquées. Elle est doublement triste, car elle doit rompre son jeûne au travail loin de son mari et ses deux enfants. «Je prends le ftour au travail du lundi au vendredi. Comme nous travaillons avec des clients étrangers, nous sommes obligés de maintenir les shifts habituels même pendant le Ramadan», raconte Siham. Et de poursuivre «Mon mari et mes enfants rompent le jeûne chez ma belle-famille pour ne pas se sentir trop seuls. J’ai souvent le sentiment d’être une mauvaise épouse et une mauvaise mère. Mais je n’ai pas vraiment le choix. Je dois bien travailler pour subvenir à tous nos besoins. Nous avons droit à une pause de 30 minutes pour rompre le jeûne. Heureusement que l’employeur met à notre disposition un buffet ftour copieux». Mais ceci n’est pas le cas de toutes les entreprises. De nombreuses personnes se plaignent non seulement du fait qu’elles soient obligées de rompre le jeûne loin de leur famille, mais aussi des plats qui laissent à désirer proposés par l’entreprise. «Pendant le mois du Ramadan, je n’ai d’autres choix que de prendre le ftour au travail, mais il faut avouer qu’il s’agit d’une très mauvaise expérience. Non seulement je romps le jeûne seul loin de mes proches, mais aussi la nourriture que nous offre le traiteur chargé de fournir le ftour à l'entreprise dans laquelle je travaille est horrible. En regardant la table du ftour, j’ai envie de pleurer. Après une longue journée de jeûne, on nous propose des œufs cuits broyés, du jus d'orange périmé, du riz sans saveur, du pain dur immangeable, on dirait des restes… bref une catastrophe», fustige Aberrahmane, 30 ans, agent de sécurité. 

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