17 Mars 2015 À 15:21
Éco-Conseil : Quelles sont les différentes étapes du process de génération d’idées en entreprise ?Jihane Benslimane : Tout d’abord, la créativité se définit comme étant la capacité d’inventer du nouveau, de nouvelles choses à partir d’éléments déconstruits, un concept. Celle-ci n’est possible qu’en présence de l’imagination qui, elle, échappe à toute contrainte.Pendant longtemps, le phénomène de la créativité a été décrit comme la distinction entre les parties droite et gauche du cerveau (le lobe gauche serait rationnel et analytique tandis que le lobe droit serait créatif et émotionnel). Les scientifiques nous expliquent aujourd’hui que la créativité est bien plus complexe que cette dernière théorie.
En fait, on pense que la créativité implique un certain nombre d’étapes cognitives, de voies neuronales et d’émotions. La créativité consiste à générer des idées, mais seulement après la première phase : celle qui consiste à bien poser le problème («Creative Problem Solving» dit le CPS). Ensuite, deux étapes interviennent : la phase de divergence et la phase de convergence.La phase de divergence appelée plus communément phase de «libération» ou de «génération d’idées» est la partie la plus créative du processus. La phase de convergence est celle permettant de sélectionner des idées en intégrant les contraintes et la réalité de l’environnement, et en mettant de côté les idées les plus créatives. Cependant, pour innover, nous avons besoin d’idées créatives, originales, voire inattendues.
Pour libérer temporairement le potentiel créatif des collaborateurs, nous utilisons des techniques associatives portant principalement sur l’utilisation du brainstorming, du brainwriting, de la purge, de la grappe, de la carte mentale (Mind Mapping), du hasard fécond, du martien… Ces techniques associatives permettent de développer progressivement la pensée créative grâce à la représentation visuelle et au regroupement d’idées associées à un sujet principal. Les techniques rationnelles, elles, poussent les collaborateurs à examiner un problème sous des angles différents. Nous pouvons les mettre en œuvre via la méthode des six chapeaux, la méthode QQOQCCP (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ?), les cinq pourquoi.Enfin, il y a les techniques projectives, analogiques et de déformation qui amènent le collaborateur à imaginer et à comparer un problème ou une situation qui survient dans un contexte précis à quelque chose de semblable se produisant dans un autre contexte. Les méthodes que nous utilisons le plus régulièrement sont le portrait chinois, la métaphore (l’analogie), la bionique (en s’appuyant sur des projections d’images), les tribus, le corridor du client…
L’entreprise peut motiver ses salariés à créer en proposant des formations, des conférences sur des thématiques utiles à l’activité, des séminaires de recherche créative, du coaching, des animations d’ateliers en ajustant les supports de travail comme le brainstorming (aussi appelé «remue-méninges» ou «tempêtes d’idées»), le brainwriting, les grappes (post-réunions créatives), l’utilisation de la carte mentale ou heuristique en réunion.La direction de l’entreprise peut également ajuster les emplois du temps des collaborateurs afin de permettre à chacun de se consacrer à la génération d’idées créatives (ex. : une heure par semaine). Enfin, il est essentiel de mettre en place des facilités d’accès à des activités artistiques soit par ateliers (théâtre, arts plastiques, sculpture...) en lien avec les domaines d’activités de la structure ou de convenir de partenariats avec des organismes spécialisés.