28 Décembre 2015 À 18:22
En plus des œuvres picturales qu’offrent à voir, jusqu’au 10 janvier, les trois galeries, et ce sous l’intitulé «Ben Yessef à Tanger», la population tangéroise a eu droit à un magnifique spectacle de lâcher de pigeons sur la Place des Nations. Un moment aussi émouvant pour les spectateurs que pour l’artiste, dont les travaux ont été, de tout temps, distingués par la présence de cet oiseau représentant la paix et l’amour. Un moment dont on a vraiment besoin en ces temps où les valeurs et principes des Nations sont le sujet d’une dégradation incroyable. Ce petit geste était une manière pour l’artiste d’immortaliser sa relation éternelle et immuable avec la colombe, symbole de paix et de pacifisme.
En effet, Ahmed Ben Yessef ne cessait, par le biais de chacune de ses peintures, d’ancrer la paix dans nos esprits à travers ce symbole, le plus représentatif, qu’est la colombe, au point de devenir lui-même très connu par cet emblème. Quand on parle de Ben Yessef, on pense automatiquement à la colombe. Selon cet artiste hors pair, on ne peut instaurer un style propre à soi que si on a un message à faire passer et qu’on insiste pour l’exprimer à notre manière et non en suivant les courants à la mode. En effet, malgré le foisonnement des styles apparus, ces dernières décennies, aucun n’a pu distraire le grand Ben Yessef de sa palette, en laquelle il y croit profondément et à laquelle il donne le meilleur de lui-même.
«Pour le style de Ben Yessef, je l’appellerais “réalisme imaginaire”, non par fantaisie, mais parce que, honnêtement, il ne me vient pas à l’esprit une autre expression meilleure que celle-là pour définir sa peinture, dans laquelle l’image, après le rebond, ne va pas être la même que la première, mais pas méconnaissable. L’imagination du peintre influe puissamment sur l’image renvoyée, mais pas sur la transmission de la substance. Les images de Ben Yessef une fois sur leur support (toile, papier ou céramique) ne sont pas véridiques (pas même le peintre ne prétend qu’elles le sont), mais elles deviennent toujours plausibles.
Il est évident que le style de Ben Yessef se démarque de l’art abstrait figuratif, bien que, comme le grand peintre qu’il est, Ben Yessef est souvent tenté par l’exercice dans ce domaine, victime du pouvoir de l’art plastique. Nous pouvons faire des comparaisons avec des styles plus communs au sein de l’appellation “réalisme figuratif”, grande école à laquelle il appartient. En somme, Ben Yessef fait preuve d’autant de réalisme que Sorolla, c’est un émigré comme Picasso et il débride son imagination comme Dali», avait écrit l’artiste Francisco Hidalgo.
Les travaux de Ben Yessef dégagent des émotions instillées par ses sentiments les plus profonds qui donnent à ses œuvres une touche spéciale et une empreinte que d’aucuns ne peuvent sous-estimer. Ce qui a valu à ce maitre de la peinture de voir ses œuvres exposées dans des musées et des collections particulières à travers les quatre coins du monde. Sans oublier que certaines de ses toiles ont été reproduites dans des monnaies et des billets de banque, notamment l’ancien billet de 100 DH.