04 Octobre 2015 À 13:09
La classification des postes est une démarche au cœur des processus RH. Elle permet à toute organisation de clarifier les rôles et les responsabilités, à positionner le poste dans l’organisation, à définir les besoins en formation et à éclairer les décisions de recrutement et de mobilité. La classification dans sa finalité concerne l’équité dans l’organisation des ressources humaines, car elle permet de justifier la politique de rémunération et de gestion des carrières. Mais ce n’est nullement une démarche scientifique comme ont tenu à l’affirmer les trois intervenants, venus présenter et défendre leurs trois méthodes de classification.
Il est à souligner que plusieurs méthodes de classification et de pesée des emplois existent sur le marché et permettent de mesurer, à partir de critères qualitatifs, le poids du poste dans une organisation. La méthode LMS, comme présentée par le directeur général du Cabinet LMS ORH, Hamid El Otmani, est une «approche mixte inspirée de méthodes universelles, critérielles et analytiques, qui a été développée sur la base des difficultés rencontrées par les DRH pour qu’elle soit adaptée à la réalité du terrain». À l’instar des autres méthodes, il s’agit de définir la raison d’être d’un poste et d’évaluer sa valeur ajoutée et sa contribution à créer de la richesse pour l’entreprise, à l’aune de plusieurs critères, notamment l’optimisation des ressources, le management de l’information, la gestion des interfaces, la prise de risque, le management des équipes, la prise de décision, le savoir, le savoir-faire et le savoir-être.
Partant du même principe, la méthode Hay affiche néanmoins une nette séparation entre le poste et l’individu. «La cotation d’un poste correspond à l’évolution du niveau de responsabilité. C’est une hiérarchie des postes qui, souvent, implique une hiérarchie des individus et c’est là que le débat pose problème : qu'est-ce qui est du ressort de l’individu et qu’est-ce qui est du ressort du poste. Il existe des méthodes qui séparent carrément les postes des individus. La méthode Hay appartient à cette catégorie-là», explique Jacques Perani, consultant expert – Hay Group. «Le point de divergence avec la méthode LMS est la non-prise en compte du savoir-être qui, comme les conditions de travail, fait partie des éléments périphériques au poste et relève du domaine de la rémunération», a-t-il ajouté.
La méthode Mercer, exposée par Mehdi El Yousfi, directeur général adjoint du Cabinet DIORH, est une méthode critérielle, universelle, analytique et internationale dont «le principal enjeu est de mettre en cohérence un certain nombre de processus, d’outils qui sont entre les mains du DRH (le recrutement, la rémunération, les mobilités…)». Elle permet de mesurer les poids des rôles et responsabilités dans l’entreprise à travers quatre facteurs d’évaluation à savoir : L’impact qui mesure le poids stratégique et le niveau de contribution d’un poste dans une organisation, compte tenu des type et taille de celle-ci ; la communication qui revient à apprécier les compétences en communication requises pour le poste et le cadre dans lequel ces compétences sont mobilisées ; l’innovation qui consiste à évaluer les types de challenges requis en termes d’innovation et la complexité du cadre de prise de décisions requis par le poste ; la connaissance qui implique une appréciation de la nature des connaissances requises pour atteindre les objectifs fixés, du management et de l’étendue géographique.
Qu’elle soit effectuée par le biais de ces méthodes ou d’autres, la classification reste une démarche incontournable pour une bonne gestion des ressources humaines. Selon M. El Yousfi, «c’est un passage obligé dans les projets de mise en œuvre d’un schéma directeur RH dans l’entreprise qui va servir de grille d’analyse pour éclairer les prises de décision et assurer leur cohérence». Mais au-delà de l’utilité avérée de la classification, les méthodes font l’objet de critiques leur reprochant de pêcher par manque d’objectivité. Un reproche auquel a répondu M. El Otmani en assurant que ces méthodes ne sont ni scientifiques ni objectives, «mais elles permettent bel et bien de limiter la subjectivité. D’abord par une évaluation qui se fait au sein d’un comité où chacun apporte sa propre subjectivité dont la sommation donnera une subjectivité de groupe qui est une objectivité partielle». M. El Yousfi a été plus catégorique en affirmant avec force que contrairement à ce qui se dit, «la classification reste un outil objectif. On peut lui reprocher d’être non pertinent mais absolument pas subjectif». Ces méthodes-là ne sont pas non plus figées, rassurent les trois intervenants, elles sont tout à fait adaptables et évolutives et le choix d’une méthode ou d’une autre n’est pas tellement important. Ce qui l’est plus, d’après M. Perani, «c’est la définition pertinente et pointue des besoins de l’entreprise en amont de la classification», ajoutant qu’«il n’y a pas une méthode pour coter des postes, il y a plusieurs méthodes comme il y a plusieurs équipes projets qui ne sont pas les mêmes d’une entreprise à l’autre. C’est la rencontre des gens qui connaissent la méthode avec les gens qui connaissent le travail qui seule peut garantir le succès du projet».