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La reconstruction d'une zone entre l'Afrique, la Méditerranée et l'Europe, un espace de création de richesses et de refondation de la raison

Une réflexion sur la reconstruction d'une zone entre l'Afrique, la Méditerranée et l'Europe peut-être non seulement une plateforme de création de richesses, mais aussi un espace qui permettra «la refondation, la reconquête et le retour de cette raison qui nous fait aujourd'hui défaut», a indiqué, vendredi à Rabat, André Azoulay, membre de l'Académie du Royaume du Maroc et conseiller de S.M. le Roi.

La 43e session de l'Académie du Royaume du Maroc, tenue du 8 au 11 décembre à Rabat b Ph. MAP

13 Décembre 2015 À 21:55

«Malgré l'intérêt des pays du sud de la Méditerranée d'intégrer une zone à venir et en devenir de stabilité et de création d'une richesse mieux partagée et de régulation de l'ensemble de ces désordres auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, le simple fait d'évoquer en ces temps de régression, d'archaïsme, de doute et de fractures, et de parler de l'Afrique, de la Méditerranée et de l'Europe comme nouvel ensemble est probablement paradoxal, peut être même naïf», a souligné M. Azoulay, à la clôture de la 43e session de l'Académie du Royaume du Maroc, tenue du 8 au 11 décembre à Rabat, sous le thème «l'Afrique comme horizon de pensée». Néanmoins, a-t-il dit, «force est de constater aujourd'hui que cette mondialisation à rythme forcé a connu, au fur et à mesure qu'elle avançait, un monde qui reculait sur l'essentiel, en l'occurrence, le savoir-vivre ensemble et le respect mutuel». Pour M. Azoulay le grand élan international de fusion des forces et des richesses ira de pair avec «un partenariat euro-méditerranéen avec plus de réciprocité et de justice dans la richesse que nous créons ensemble».

«Une Afrique jeune, dont la richesse et le développement sont pour demain, une Méditerranée en crise et une Europe un peu perdue», tel est le constat que l'on se fait actuellement, a-t-il signalé, faisant valoir qu'avec une «Union européenne avec à ses frontières des bruits de bottes, la guerre, le terrorisme, l'anarchie des flux migratoires, toutes ces peurs que l'on croyait disparues fleurissent désormais un peu partout et nourrissent tous ces ostracismes, toutes ces caricatures, tous ces racismes que l'on croyait totalement révolus, car l'Europe ne peut pas être amnésique et ne peut oublier qu'il y a un peu plus d'un demi-siècle elle avait connu les pires tragédies que notre civilisation contemporaine ait vécues». Malgré ce constat, «c'est de façon évidente l'intérêt de l'Europe de mettre le cap enfin au Sud avec une approche qui ne serait pas celle qui dominait jusqu'à présent toutes les constructions de partenariats, par exemple, avec le sud de la Méditerranée», a affirmé M. Azoulay, plaidant par là même pour «un partenariat revu et corrigé qui sera celui de l'équité, de la parité et de la raison». L'ensemble des investissements directs en Afrique, des subventions et des aides est très largement absorbé par les déficits commerciaux du continent avec le reste du monde industrialisé, a-t-il noté, appelant à «une co-gouvernance et coresponsabilité, une équation revue et corrigée de nos partenariats économiques pour que la richesse que nous créons ensemble soit mieux partagée».

Dans ce sens, «le Maroc affirme son leadership, la crédibilité de sa position dans l'intermédiation dans ce choc des plaques tectoniques qui se manifeste aujourd'hui dans la tragédie et dans la fracture», a-t-il relevé, soutenant que le Royaume, à travers l'ensemble des décisions fondatrices de sa stratégie internationale et notamment sur le continent africain, s'est proposé en intermédiaire avec la légitimité, la crédibilité et le respect de tous. La 43e session de l'Académie du Royaume du Maroc, tenue du 8 au 11 décembre à Rabat, sous le thème «l'Afrique comme horizon de pensée», est une session placée sous le signe de la relance, a indiqué, vendredi, le secrétaire perpétuel de l'Académie, Abdeljalil Lahjomri. «Cette session est celle de la relance de l'Académie. Elle avait vécu un moment d'assoupissement, mais S.M. le Roi a voulu que cette Académie reprenne avec son dynamisme et en même temps avec une restructuration de ses objectifs et de ses structures», a souligné M. Lahjomri dans une déclaration à la presse. Sur la thématique de cette session, qui place l'Afrique au centre des débats, il a relevé que ce choix dénote d'une volonté d'apporter «une modeste contribution à ce travail colossal que S.M. le Roi fait en Afrique, et nous souhaitions en même temps réunir à Rabat penseurs, philosophes et experts africains, en particulier de l'Afrique anglophone, dans une démarche d'ouverture sur ces pays». 

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