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Le coaching entrepreneurial, propulseur de compétences

Le coaching devient primordial dans le processus de création d’entreprises. L'on parle alors de coaching entrepreneurial dont l’objectif est de permettre aux dirigeants débutants de développer leurs qualités entrepreneuriales. L’accompagnement des porteurs de projets est présenté comme une démarche indispensable dans la conduite du projet.

31 Mai 2015 À 13:30

Face à un marché du travail morose, les projets de promotion de l’entrepreneuriat ne cessent de se développer en faveur des jeunes désireux de se lancer dans l’auto-emploi. Beaucoup de programmes sont mis à la disposition des jeunes entrepreneurs pour les assister dans toutes les étapes de création d’entreprises : étude de marché, dossiers administratifs, financement… Ces programmes, plus ou moins aboutis, se doivent d’intégrer la dimension de l’accompagnement personnel des porteurs de projets. En d'autre termes, le coaching entrepreneurial. Le besoin tel qu’il a été identifié par de nombreux observateurs fait du coaching un levier de développement des jeunes entrepreneurs, notamment au niveau des toutes petites entreprises (TPE) et un élément crucial dans l’accompagnement post-création de la jeune structure. Objectif principal : outiller le jeune entrepreneur en l’aidant à mieux percevoir les difficultés qu’il vit tant sur le plan personnel que professionnel, lui expliquer les enjeux et les objectifs de la création d’entreprises, le responsabiliser face à ses choix, lui exposer les risques auxquelles il peut faire face…

L’enjeu est de réussir la transition du jeune entrepreneur vers le statut de dirigeant d’entreprise, comme l’explique Amal Chrif Houat, DG Attitude Conseil. Il est même au cœur du dispositif d’accompagnement post-création, et notamment à travers le coaching. Cette transition est un challenge pour tous les intervenants au niveau de l’accompagnement : experts de l’assistance technique, experts formateurs et experts coachs. Au-delà de se concentrer sur les différentes étapes de création d’entreprises, le coaching entrepreneurial met le porteur de projet, futur dirigeant, au centre de cette démarche en s’intéressant à son développement personnel en faisant le point sur ses motivations, sa maturité par rapport à son projet et en l’accompagnant pour identifier certaines clés individuelles de réussite, mais aussi d’échec. Ainsi, à la différence d’un formateur, d’un consultant ou d’un «prescripteur de solutions», le coach est plus un facilitateur de changement et de prise de conscience, explique Mme Chrif Houat. Et de poursuivre, «l’entrepreneur ne reçoit pas des solutions, mais, avec le coach “facilitateur”, il développe sa capacité à résoudre ses problèmes grâce à ses propres ressources (savoirs, capacités, compétences). L’entrepreneur réfléchit sur lui-même, prend conscience de ses forces et de ses faiblesses, et développe une autonomie personnelle».

Les TPE dans la ligne de mire

Les TPE (très petites entreprises) mobilisent l’ensemble des acteurs économiques compte tenu de leur rôle dans le développement économique. Cette mobilisation est d’autant plus importante qu’aujourd’hui on parle de plus de 3 millions de TPE et que pas moins de 60.000 très petites entreprises voient le jour chaque année. Selon le Haut Commissariat au Plan, les TPE constituent 80% du tissu économique national, avec 50% des postes d'emploi. Ces chiffres éloquents expliquent, d’une part, la nécessité de développer davantage les programmes d’appui à la création d’entreprises, et, d’autre part, la mise en place, en parallèle, du coaching entrepreneurial qui adopte une démarche proche de la réalité de ces start-ups, car il ne s’agit pas uniquement de savoir si le porteur de projet possède les capacités requises pour diriger une entreprise, mais de savoir aussi comment accompagner le développement des compétences nécessaires à la réussite de cette entité. «Le coach doit favoriser la mise en place de tous les moyens possibles pour que le coaché atteigne ses objectifs», note Mme Houat. C’est d’ailleurs l’une des approches du cabinet Attitude Conseil qui a développé un outil de coaching entrepreneurial dédié pour les TPE. Dans son mode d’emploi, le cabinet dresse un certain nombre de résultats de cet accompagnement en faveur de ce type d’entreprise : • L’entrepreneur aura conscience de ses points forts et de ses limites dans le management. • Certains de ses comportements auront changé afin d’améliorer les résultats.• Le potentiel de développement aura été identifié et reconnu par le coaché• Les prises de conscience auront été transformées en stratégies de réussite.• Le dirigeant aura la capacité de développer leur personnalité.• Le dirigeant aura la capacité de réduire leur niveau d’anxiété et de stress négatif.• Le dirigeant acceptera la prise de risques inhérente à leur activité.• Le dirigeant améliorera les capacités organisationnelles et relationnelles de l’entreprise.• L’entrepreneur sera motivé et travaillera avec plus de plaisir. 


Entretien avec Amal Cherif Haouat, DG Attitude Conseil, présidente du FITPE et coach professionnelle

«L’entrepreneur réfléchit sur lui-même, prend conscience de ses forces et de ses faiblesses et développe une autonomie personnelle»

Le Matin-Emploi : Quelle est votre définition du coaching entrepreneurial ?Amal Cherif Haouat : Par coaching entrepreneurial, on entend la guidance d’un individu, à travers son potentiel et ses ressources internes en termes de savoirs, de compétences et de capacités, à réaliser ses objectifs et son projet professionnels. L’attitude à adopter vis-à-vis du porteur du projet de création d’entreprise ou d’un entrepreneur en post-création, est la transposition du «moi-ici et maintenant» par rapport à «moi-ici-et demain». Transposé dans l’univers entrepreneurial, le coaching est fondamentalement axé sur les objectifs suivants : • Identifier et percevoir ses compétences et ses ressources, ses aspirations, et les possibilités de l’environnement, afin d’être en accord avec les buts et les objectifs de son projet.• S’approprier l’identité d’entrepreneur : prendre ensuite conscience de son rôle et «son identité» socioprofessionnels.• Développer sa confiance en soi.• Accroitre son autonomie de réflexion et d’action dans un environnement de plus en plus mouvant.Le coach a pour mission de développer ce potentiel d’entrepreneur et de le centrer sur l’identité d’entrepreneur.À la différence d’un formateur, d’un consultant ou d’un «prescripteur de solutions», le coach est plus un facilitateur de changement et de prise de conscience. L’entrepreneur ne reçoit pas des solutions, mais, avec le coach «facilitateur», il développe sa capacité à résoudre ses problèmes grâce à ses propres ressources (savoirs, capacités, compétences). L’entrepreneur réfléchit sur lui-même, prend conscience de ses forces et de ses faiblesses et développe une autonomie personnelle.

Pourquoi vous adressez-vous aux TPE ?D’abord, il faut souligner que la TPE est un statut par lequel sont passées des entreprises de taille moyenne, y compris moi-même. Ensuite, elle continue à dominer le tissu économique au Maroc. L’intérêt qu’on a donné à ce segment les décennies précédentes, malgré sa contribution à la richesse et la création d’emploi, n’a pas été à la hauteur de son rôle. Pour lutter contre le chômage, on a pensé à la création de microentreprises ou à la TPE, mais on a rarement pensé auparavant (il y a une quinzaine d’années) à la TPE en tant que structure ou entité économique sans rapport avec la problématique du chômage ; laquelle entité méritait davantage d’attention en termes de programmes d’accompagnement, de conseil et de financement. La réalité du chômage a attiré l’attention sur ce segment, connu pour sa flexibilité, sa réactivité et sa possibilité d’auto-emploi pour les jeunes et les moins jeunes. À cela s’ajoute le fait que ce segment d’entreprises n’a pas les ressources financières nécessaires pour les mobiliser et faire appel au conseil et à l’expertise comme le fait la PME moyenne. De façon générale, ce segment bénéficie de programmes étatiques ou de programmes internationaux de coopération.

Comment peut-on détecter les habiletés managériales chez un jeune avant même la création de son entreprise ?Je dirais plutôt les «habilités entrepreneuriales», car c’est de ça qu’a besoin un jeune porteur de projet de création d’entreprise, car les habiletés entrepreneuriales incluent et englobent les habiletés managériales. Il existe plusieurs outils et moyens qui permettent de détecter ces habiletés. Cela peut être à travers des ateliers de sensibilisation ou de découverte de l’entrepreneuriat où on teste ses qualités entrepreneuriales grâces à des tests, des activités ludiques, des simulations ou des jeux de rôles qui lui permettent de se faire une auto-analyse comportementale par rapport au risque, à la vision d’entrepreneur, par rapport à la recherche des opportunités, à la confiance en soi et au leadership…

Quels sont, pour vous, les efforts à fournir pour l'accompagnement post et pré-création ?En pré-création, les efforts d’accompagnement doivent être centrés, comme on vient de l’évoquer, sur l’appropriation, à travers le coaching entrepreneurial proprement dit, de l’identité d’entrepreneur qui requiert davantage d'habilités et de qualités entrepreneuriales. La nature des ateliers dans cette phase doit privilégier l’action et les activités ludiques à même de mener progressivement le porteur de projet vers des situations entrepreneuriales plus complexes et plus réelles liées à l’environnement interne de l’entreprise (production, qualité, gestion…) qu’à l’environnement externe (marché, difficultés de financement et de crédit…). Ces situations mobilisent des savoir-faire et des savoir-agir adaptés aux comportements d’un entrepreneur.En post-création, il faut souligner que les TPE sont de petites structures (1 à 3 personnes) qui sont à un moment de leur vie où des décisions très concrètes doivent être prises afin de franchir un cap ou une étape nouvelle. Ces étapes sont souvent des «crises de croissance», c’est-à-dire que l’esprit présent à la création de la structure (de l’entreprise) diminue d’intensité, et l’énergie particulière des débuts commence à s’essouffler. Les créateurs de TPE ont l’impression de ne plus savoir où aller et peuvent, par exemple, avoir du mal à identifier qui sont leurs clients. Leur discours commercial devient plus banal, et leurs points forts/faibles sont mal identifiés. En un mot, ils ont perdu les sensations internes qui les dirigeaient naturellement pendant la phase de pré-création et au démarrage, et les choses ne vont plus de soi. Au niveau de l’entreprise, il peut y avoir une lassitude avec parfois le désir sous-jacent «d’abandonner le bateau». Le coaching intervient à cette étape de post- création pour redonner confiance aux dirigeants et travailler avec eux le «comment» pour dépasser cette situation et les aider à s’approprier l’avenir. 

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