16 Octobre 2015 À 17:56
«Je suis heureux de cette consécration que je dédie à tout le peuple marocain. C’est une victoire acquise dans la douleur, mais amplement méritée». Ce sont les mots du boxeur marocain Mohammed Rabii, vendredi à son arrivée à l’aéroport Mohammed V en provenance de Doha où il a remporté jeudi le titre du champion du monde des Welters après sa victoire sur le Kazakh Daniyar Yeleussinovn, N°1 mondial, à l'unanimité des juges (3-0). Après une première participation aux Championnats du monde en 2013, à Almaty au Kazakhstan, Mohammed Rabii a réussi pour sa deuxième participation l’exploit de remporter le titre de champion du monde de la catégorie des -69 kg.
Le challenge était pourtant de taille, Rabii l'a relevé avec brio, livrant la prestation complète et solide que tous les Marocains attendaient. Parti en outsider lors de ce combat face au N°1 mondial, le Marocain a montré dès le début de combat qu’il était le patron sur le ring en touchant à chaque fois le visage de son adversaire. Il a donc confirmé tout le bien que l’on pensait de lui depuis sa victoire à la World Series Boxing (WSB). Jamais Rabii n'a paru véritablement être inquiété par son adversaire qui boxait pourtant avec rapidité et à distance. Le Marocain, très entreprenant, a su exploiter les rares failles du Kazakh pour lui asséner des coups gagnants. Le natif de Sidi Bernoussi, dans la banlieue casablancaise, a profité de l’avantage de la surprise au premier round pour déstabiliser Yeleussinov qui semblait, plutôt, parier sur un premier round d'observation. Et même quand il a voulu se ressaisir au deuxième round, le Kazakh a eu affaire à un Rabii en confiance et dominateur, fort en cela de sa condition physique et de son style de boxe efficace. L’exploit et de taille, d'autant que Rabii lui-même et son staff visaient uniquement une place au podium : «Je ne m’attendais pas à gagner la médaille d’or. Je visais juste le podium, mais grâce à mon entraîneur Cubain Scott Dagoberto et Mesbahi, je suis monté en puissance au fil des combats», a-t-il indiqué vendredi à la presse à son arrivée à l’aéroport Mohammed V.
À la question de savoir quel est le boxeur qui lui a posé le plus de problèmes, Rabii a affirmé que c’était l’Anglais Josch Kelly en quart de finale : «J’ai rencontré énormément de difficulté en quart de finale face à l’Anglais Josch. Il est très supérieur techniquement. J’ai cogné très fort pour le battre», a-t-il indiqué. Rabii a, en outre, souligné que le secret de sa réussite est sa capacité à encaisser les coups. Avec cette médaille d'or, Rabii réalise la meilleure performance marocaine lors des Mondiaux. Il fait mieux que le bronze de Hamid Rahili (poids mi-mouche) et de Mohamed Mesbahi (mi-lourds) en 1995 à Berlin. C’est le premier sportif individuel hors athlétisme qui a réussi à obtenir un titre mondial. Il est à signaler que ces championnats du monde ont permis la qualification d'Achraf Kharroubi (52 kg) aux JO de Rio. Il a profité du parcours du Cubain Yosbany Veitia, classé premier à la WSB et finaliste des Mondiaux de Doha. Dans un communiqué, la FRMB s’est félicité des performances des pugilistes marocains dans ces championnats : «La performance du boxeur marocain Mohammed Rabii, qui a remporté, jeudi à Doha, le titre mondial de la catégorie des 69 kg lors des Championnats du monde de boxe, ainsi que les prestations des autres pugilistes marocains lors de ce Championnat constituent une fierté pour le peuple marocain et le sport national en général. Ces performances, qui s'ajoutent aux bons résultats obtenus auparavant, comme le titre des championnats d'Afrique de boxe, en août dernier au Maroc, constituent une fierté pour le peuple marocain et le sport national en général et une source d'orgueil pour la Fédération royale marocaine de boxe», a indiqué la FRMB.
«C’est une belle victoire pour la boxe marocaine. C’est une victoire logique. Il a gagné la World Series Boxing. Ce sacre est la récompense de la logique du travail qu’il a effectué. Maintenant, le Championnat du monde est une étape, mais il faut qu’il soit plus gourmand. Il faut qu’il soit champion olympique. Il a le talent et la capacité pour réaliser cet exploit. Il faut qu’il soit bien encadré. Il ne faut pas le lâcher. Quand il va rentrer, il ne faut pas qu’il tombe dans l’euphorie. C’est un jeune boxeur qu’il faut protéger des gens malhonnêtes qui vont certainement se rapprocher de lui et qui pourraient détruire sa carrière. Il faut qu’il soit protégé par la fédération. Certes, il doit profiter de sa victoire avec sa famille trois ou quatre jours, mais pas plus. Si vous le laissez un mois ou deux, c’est fini. Il faut le remette vite au travail et bien l’entourer.