15 Avril 2015 À 17:51
Nouvelle étape, nouvelles opportunités de business maroco-russes. Après Saint-Pétersbourg, la mission BtoB en Russie a mis le cap sur Kazan. Hier matin, les entreprises marocaines de l’agro-industrie et du textile ont pu découvrir les marchés qu'elles sont susceptibles d'investir. Kazan, où les plus importantes activités sont liées au pétrole et à la production de gaz naturel, concentre également une forte demande en produits halal.
C'est que la ville abrite une population pour moitié musulmane et compte déjà huit entreprises marocaines dans les domaines de l’oléiculture et du poisson transformé. «Étant un opérateur dans l’agroalimentaire halal, notre entreprise est très intéressée par ce marché. Reste à savoir si les normes d’importation sont équivalentes à celle de l’Indonésie et si la certification Imanor suffirait comme garantie», témoigne une entreprise marocaine qui est du voyage. «Le marché de Kazan représente près de 10% du marché Halal russe. Ici nous imposons un peu plus de contrôle technique, mais le potentiel est là», explique Andrey Zhuraulev, directeur de Bahetle, un opérateur local spécialisé dans le premium et ethnique ainsi que les plats cuisinés. Cette entreprise qui dispose de 38 magasins, dont 19 à Moscou et 12 à Kazan, affirme avoir apprécié le Festival du Maroc à Moscou organisé en novembre dernier.
Une opération qui avait permis, selon elle, de découvrir toutes les opportunités d’échanges entre le Maroc et le Tatarstan. Cartier Saada, Lesieur Cristal, Aiguebelle ou encore les producteurs-exportateurs de fruits et légumes semblent y voir aussi de nouvelles perspectives à l’export. «Vu que le pouvoir d’achat a beaucoup baissé, on nous demande du poisson moins cher comme le thon et le bar, c’est prometteur, mais comment être compétitif avec des coûts de transport élevés ?» lâche un professionnel marocain dans le domaine de la pêche. Les rencontres prévues entre les responsables de Kazan et la délégation marocaine donneront certainement encore plus de visibilité sur les opportunités à saisir.
Questions à Hassan Sentissi, président du Conseil d’affaires
maroco-russe et de l’Asmex
Quel potentiel pour nos expéditions en Russie ?En 2003, on écoulait à peine 50 millions de dollars sur le marché russe, actuellement on est à plus de 2 milliards de DH. C’est vrai que nos échanges sont déséquilibrés, du fait de l'importation de pétrole brut. Ceci dit, il faut oser ce marché et y aller sereinement. L’agroalimentaire représente un excellent potentiel.
Quels sont les aspects sur lesquels il faut tabler le plus : la promotion, la logistique... ?Vous n’êtes pas sans savoir qu’il existe une rotation hebdomadaire entre Agadir et Saint-Pétersbourg, c’est là où il va falloir que le ministère du Transport réagisse et trouve un moyen pour soutenir les exportateurs marocains. Le Maroc exporte maintenant environ 30 milliards de dollars toutes catégories confondues (fruits, poissons, textile) et il y a un prélèvement de 15% «jetés à la mer». C’est justement le prix du transport. Si nous avions notre flotte, nous payerions ce transport aux Marocains. Il faudra reprendre l’ancien modèle de financement, à savoir l’intervention de la CCG à hauteur de 85% pour l’acquisition de bateaux.
Que pensez-vous du plan d’urgence lancé en 2014, quels sont les points à améliorer ?Tout ce qui peut booster l’exportation est le bienvenu, mais avec la crise en Europe, le rythme des réalisations reste lent. Cela dit, ce plan a omis le volet financement. Il faut que les Marocains consomment le made in Morocco, une éducation à la base est nécessaire.
Bank Al-Maghrib a modifié lundi le panier de cotation du dirham. Quel impact sur les exportations, selon vous ?C’est normal, car le dollar a pris de la valeur. À mon sens, aucun impact sur les exportations, ce qu’il faut viser, c’est le yen. En somme, je pense qu’il faut se diriger carrément vers la convertibilité du dirham.
Propos recueillis par I.L.A.