12 Octobre 2015 À 16:49
Le peintre Omar Bouragba a précisément choisi cette période de 2007 à 2015 pour faire découvrir tous ses travaux qui n’ont jamais été vus à Rabat. «J’ai déjà montré mes peintures des années 2007 à 2011 dans d’autres villes, mais pas dans la capitale. Donc, j’ai pensé que ce serait une bonne occasion pour faire cette rétrospective rassemblant les créations de toutes ces années», souligne l’artiste Omar Bouragba. Par ailleurs, cette exposition permet de présenter l’évolution du travail de l’artiste, puis de découvrir des œuvres d'années plus productives que d’autres.
Dans sa lecture de cette rétrospective, Jean-François Clément (Université de Nancy) s’est arrêté sur la permanence et la diversité du travail du peintre Omar Bouragba. «Celui-ci n’utilise pas que l’expression graphique, puisqu’il est également poète, tout comme il peut s’imposer de longues périodes de silence, certaines années étant, en conséquence, plus riches en création que d’autres. On n’est donc pas dans le cas des peintres qui s’expriment en permanence, sans aucun répit et de manière exclusive, par l’image. La peinture n’existe ici qu’en contrepoids et n’est nullement un objet unique de passion. Rien à voir non plus avec les peintres qui n’ont rien à dire et qui utilisent la peinture à d’autres fins que pour une expression personnelle. Omar Bouragba a bien quelque chose à dire, à la fois par les formes montrées et par les couleurs utilisées», explique-t-il.
Toutefois, ceux qui connaissent le parcours de Bouragba savent qu’il a, à ses débuts, travaillé la calligraphie, en utilisant les lettres en tant que mouvement sensuel dans l’espace. Son amour de la lettre est d’inspiration soufie et prend une dimension symbolique. Sa peinture est aujourd’hui celle d’un peintre abstrait féru de géométrie, avec des mouvements sensuels où Omar Bouragba se réfère à la spiritualité, au mysticisme et à l’invisible. Ceci expliquerait les démarches philosophiques qui ont été à la base de ses choix esthétiques. Et ce afin, selon lui, de «susciter un contact intérieur chez celui qui regarde, une forte incidence sur son âme, une vibration de son être tout entier».
En fixant de très près les œuvres de Bouragba, Jean-François Clément décèle, dans certaines, l’idée d’un tourbillon qui s’enfonce vers quelque chose de non représentable. «Il faut être prudent et accepter d’aller voir de plus près. Le tourbillon peut continuer à exister tout en étant très peu visible, car esquissé par de simples traits de crayon ou par des coups de pinceau devenus à peu près invisibles.
Il y a ainsi d’autres schémas structuraux, comme ce qui fut jadis nommé la forme de “l’œuf au plat”, présente chez Jilali Gharbaoui à un moment de sa vie. Là aussi, il convient de voir de plus près, car on peut se trouver au fond d'un vortex face à un espace relativement plat dans lequel jouent des formes plus complexes, traits ou formes arrondies, mais aussi la lumière que ces formes peuvent refléter», précise-t-il dans la présentation de l’exposition de Omar Bouragba.
Ce Marrakchi d’origine a commencé à peindre dès 1959. Son séjour à Rabat lui permet de connaître le milieu artistique des années 1960 et de se lier d’amitié avec Mekki Murcia qui lui organise sa première exposition à La Mamounia de Rabat en 1965. Mais ses rencontres avec Jilali Gharbaoui en 1965 et Ahmed Yacoubi en 1968 furent déterminantes dans ses orientations de peintre. Sauf que Marrakech le rappelle en 1971 pour y retourner et travailler dans un esprit serein plein de la spiritualité. Un long parcours couronné par des expositions au Maroc et à l’étranger, sachant que plusieurs de ses œuvres figurent dans des collections au Maroc, en France, en Italie, en Hongrie, aux États-Unis, en Arabie saoudite, au Sénégal, au Koweït et en Tunisie.