23 Janvier 2015 À 22:21
Le Bulletin des scientifiques atomiques, une association qui compte dans ses rangs 18 prix Nobel, juge «très élevée la probabilité de catastrophe planétaire à moins que des mesures ne soient prises rapidement». La célèbre horloge indique maintenant minuit moins trois minutes, précise Kennette Benedict, présidente de cette association qui a créé en 1947 cette horloge symbolisant au départ l'imminence d'un cataclysme nucléaire, rapporte l'AFP.«Aujourd'hui, le réchauffement climatique incontrôlé et une course aux armes nucléaires résultant de la modernisation des énormes arsenaux existants représentent des menaces extraordinaires et indéniables à la survie de l'humanité», a estimé Kennette Benedict en annonçant cette décision lors d'une présentation à Washington. «Les dirigeants mondiaux n'ont pas agi avec la promptitude et l'ampleur requises pour protéger les citoyens de catastrophes potentielles», a-t-elle ajouté pour justifier le déplacement de l'aiguille de la pendule.
La dernière fois que l'aiguille avait été déplacée remonte au 10 janvier 2012, quand elle avait été avancée d'une minute. Les gaz à effet de serre dans le monde se sont accrus de 50% depuis 1990 et ces émissions ont augmenté plus rapidement depuis 2000 que durant les trois décennies précédentes combinées.
Selon Kennette, les investissements consacrés aux infrastructures d'exploitation des énergies fossiles ont dépassé mille milliards de dollars par an, sans compter des centaines de milliards de dollars de subventions publiques.
Pour Richard Somerville, professeur et chercheur retraité du Scripps Institution of Oceanography à l'Université de Californie, «les efforts entrepris pour réduire les gaz à effet de serre ont été très insuffisants pour éviter des perturbations climatiques». «Sans des réductions beaucoup plus importantes de ces gaz, le monde émettra suffisamment de dioxyde de carbone CO2 d'ici la fin de ce siècle pour bouleverser profondément le climat terrestre», prévient-il. «Ce changement climatique affectera des millions de personnes et menacera un grand nombre d'écosystèmes dont dépend la civilisation humaine», poursuit le professeur Somerville, pressant «les dirigeants du monde d'agir».