08 Décembre 2015 À 17:52
Fatih Akin, ce singulier, attachant et célèbre cinéaste, invité dans les plus grandes manifestations cinématographiques, est considéré comme l’un des cinéastes majeurs sur la scène internationale. Sa riche et intéressante filmographie lui a valu d’être consacré, entre autres, par l’Ours d’or à Berlin pour «Head-On», le Prix du jury à Cannes pour «De l’autre côté», puis la Mostra de Venise en 2009 pour «Soul Kitchen».
Ce passionné de Bruce Lee, depuis son jeune âge, a pu concrétiser son rêve de faire du cinéma, grâce à ce maitre du Kung Fu, ainsi que d’autres géants comme Martin Scorsese et Francis Ford Coppola.«J’ai été influencé aussi bien par les films allemands que turcs, parce qu’il y a tout un courant de cinéma turc. Dans le temps, le seul moyen d’avoir un contact avec la Turquie était de voir les films en vidéo, dont certains m’avaient vraiment touché. Cette combinaison Allemagne-Turquie m’a permis de faire des films très touchants et irrationnels. Ce sont, en général, des films très personnels avec des choses que j’ai vécues et que je n’ai pas vues dans d’autres films», souligne Akin qui croit, à travers ce genre de films, avoir comblé le fossé qui existe entre les deux cultures. Et d’ajouter que faire un film pour lui est comme faire une guerre.
«C’est mon Jihad personnel. C’est pour cela que je demande à mes acteurs d’être honnêtes et de me faire confiance. Tout ce que j’attends d’eux est de bien répéter leur rôle pour faciliter le travail au tournage». C’est tout un processus qui commence avec l’écriture du scénario, qui est traduit ensuite en film.«Chaque film est différent de l’autre. Chacun doit avoir sa force et son authenticité. Il y a, aussi, le côté musical qui est très important. C’est le lien émotionnel avec le public, qui ajoute une autre dimension. Moi-même, je suis musicien (bassiste). La musique est très présente dans ma vie», précise Fatih Akin dont certaines de ses productions sont très dures, comme celles où il traite le sujet du génocide arménien. «C’est une forme de confession sur ce qui a été fait pour ne pas le refaire. Mes parents ne sont ni juifs ni allemands, mais sur le plateau de tournage, on se sent responsables, parce qu’il s’agit d’un être humain qui a tué un autre». n
Le Matin : Que représente ce festival pour vous, en tant qu’acteur ?Rabii Al Kati : Le FIFM est une grande manifestation cinématographique qui constitue un gain et une valeur ajoutée pour le cinéaste marocain, mais aussi pour le cinéma international. Car le festival occupe une place prépondérante dans la cartographie des festivals internationaux, tels Berlin, Cannes… Beaucoup de célébrités, d’intellectuels, de critiques y participent. Chose très positive. Même la relation de l’artiste marocain avec cet événement a commencé à s’améliorer, quant à la présence de celui-ci et son rôle au sein du festival. Pour moi particulièrement, en tant qu’acteur, ce festival représente un certain rayonnement sur le plan médiatique, car on peut rencontrer un grand nombre de supports aussi bien marocains qu’étrangers. Puis, on peut découvrir les plus récentes productions cinématographiques à travers le monde.
Est-ce que, d’après vous, il y a d’autres revendications des artistes marocains pour mieux bénéficier de ce festival ?Je pense que nous avons déjà évoqué l'absence d’une plateforme qui peut réunir les artistes marocains et ceux qui viennent d’ailleurs à travers une rencontre pour pouvoir dialoguer et débattre sur des sujets portant sur le septième art. C’est un souhait que nous aimerions voir se concrétiser dans les prochaines éditions.
Comment pouvez-vous expliquer le choix des Prix qui change d’un jury à l’autre ?Le jury est une idéologie avec des références personnelles selon l’espace et le temps. C’est pour cela que les lectures se différencient. Car le choix des critères n'obéit pas à un calcul mathématique. Il reste que le Prix ne doit pas être le but de l’artiste. Mais c’est le travail qui compte et qui doit rester dans l’histoire.