Spécial Marche verte

1.000 nouveaux cas de scoliose par an

La scoliose, déformation de la colonne vertébrale et du dos, toucherait chaque année jusqu’à 1.000 personnes. Dans la majorité des cas, les traitements commencent à des stades avancés de la maladie et ne sont pas toujours bien adaptés.

Une scoliose peut s'aggraver sur toute la période de croissance.

30 Avril 2015 À 16:33

La Société marocaine de la chirurgie rachidienne (SMCR) a organisé, récemment en partenariat avec MédicPro, établissement spécialisé dans l’appareillage orthopédique, la première journée consacrée à la scoliose, symptôme de déformation de la colonne vertébrale et du dos. Cette rencontre a permis à différents spécialistes de débattre de l’état actuel de la prise en charge de la scoliose au Maroc, mais aussi des dernières évolutions que connaît le traitement de cette pathologie qui se développe dès l’enfance de manière insidieuse. «Nous ne disposons malheureusement pas de statistiques au niveau national, toutefois nous estimons que chaque année, jusqu’à 1.000 nouveaux cas apparaissent. Cela n’est pas négligeable, bien que l’estimation reste très approximative. Il faut prendre en charge ces malades, surtout quand on sait qu’une scoliose va durer et s’aggraver durant toute la période de croissance», intervient Abdelouahed Refass, chirurgien pédiatre, spécialiste en traumatologie orthopédie et coordinateur scientifique de cette journée.

Conséquences d'un dépistage tardif

Ce qu’il faut savoir c’est qu’une scoliose dépistée très tôt (avant que la déformation n’apparaisse) est une scoliose qui va relever d’un traitement simple et court et qui va connaître des résultats satisfaisants. «Si nous mettons les moyens orthopédiques en place, nous pouvons atteindre jusqu’à 75% de résultats favorables et, donc, seuls 25% de malades feraient l’objet d’un traitement chirurgical», précise-t-il.Le problème, c’est qu’un début de scoliose peut parfois passer inaperçu. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les douleurs ne sont pas un véritable symptôme, même avec des amplitudes pouvant atteindre jusqu’à 50 degrés ! «À ce stade, la douleur peut être totalement absente, par contre la déformation va entraîner une usure prématurée et précoce des structures intervertébrales des ligaments et des muscles et va engendrer une arthrose précoce à partir de l’âge de 22 ans. Et c’est cette arthrose qui va générer des douleurs atroces, sans parler des autres conséquences de la déformation sur les plans respiratoire, cardiaque et neurologique pouvant même entraîner des paralysies», indique notre spécialiste. Et lorsque la déformation est déjà importante, les traitements sont non seulement difficiles, mais handicapants.

En effet, il existe trois possibilités en fonction de l’état d’avancement de la maladie. «Une scoliose, qui vient d’être dépistée et qui n’est pas évolutive après observation pendant quelques mois, est soumise à une simple physiothérapie kinésithérapie. Une scoliose minime, mais qui évolue de quelques degrés par semestre, sera traitée par un corset orthopédique. Enfin, une scoliose qui s’aggrave très rapidement, qui entraîne des déformations majeures et que nous n’arrivons pas à contrôler par le traitement orthopédique, va relever du traitement chirurgical».

Cependant, comme le précise notre spécialiste, les traitements non chirurgicaux, par plâtre et corsets, sont souvent imparfaits. Quant à la chirurgie, qui ne s’applique que dans des cas spécifiques de scoliose, elle soude entre elles les vertèbres déformées et raidit inéluctablement une étendue plus ou moins grande de la colonne vertébrale. Dépister le plus précocement possible permet, donc, d’envisager une déformation minime, une croissance la plus proche possible de la normale et, surtout, permet d'évite la perte de la mobilité vertébrale. 

Copyright Groupe le Matin © 2025