24 Août 2015 À 16:00
La durée même des négociations entrées dans leur troisième jour dans le village frontalier de Panmunjom, où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de 1950-1953, illustre la difficulté pour les deux parties de parvenir à un compromis acceptable. La Présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye, a exigé des «excuses claires» de Pyongyang pour l'explosion de mines antipersonnel qui a mutilé en début de mois deux soldats sud-coréens à la frontière. Faute de quoi, a-t-elle dit lors d'une réunion avec ses conseillers, Séoul continuera la guerre de propagande qu'elle mène à la frontière au moyen de puissants haut-parleurs, campagne qui insupporte Pyongyang au point qu'elle a menacé la Corée du Sud de frappes militaires concertées. Ce nouveau regain de tensions dans la péninsule divisée a déjà suscité un échange de tirs d'artillerie jeudi tandis que les deux camps en rajoutent dans la rhétorique belliqueuse et déploient leurs armements. «Nous ne battrons pas en retraite face aux menaces nord-coréennes», a déclaré la Présidente.
La Corée du Sud répondra à toute nouvelle «provocation» par des «représailles» des plus «fermes». Depuis son élection fin 2012, Mme Park a mis un point d'honneur à mener une politique de fermeté vis-à-vis de la Corée du Nord et devrait résister à tout compromis qui pourrait être perçu comme une récompense pour le comportement de Pyongyang. La Corée du Nord dément avoir joué le moindre rôle dans l'affaire des mines antipersonnel. Pour les analystes, il est totalement improbable qu'elle accepte de présenter ses excuses. «Et la Présidente Park le sait bien sûr», a commenté Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul. «Chacun des deux camps essaye de faire monter la pression sur l'autre et à prendre le dessus dans ce qui semble clairement être des négociations très difficiles», a-t-il ajouté. D'après le ministère sud-coréen de la Défense, le Nord a doublé ses unités d'artillerie à la frontière et déployé les deux tiers de sa flotte de sous-marins, soit une cinquantaine de vaisseaux, hors de leurs bases militaires. «Le Nord a une attitude hypocrite alors que les discussions se poursuivent», a dit un porte-parole du ministère de la Défense, pour qui le mouvement des sous-marins est «sans précédent».