16 Septembre 2015 À 18:31
Jusqu'au 10 octobre, une équipe de scientifiques français embarquée à bord du navire océanographique «L'Europe» va parcourir la Méditerranée occidentale, de la rade de Toulon aux rives tunisiennes, avec des escales au large de la Corse, de la Sardaigne et de la Sicile. Cette équipe étudiera les effets des stress thermiques sur les environnements marins et terrestres d'une demi-douzaine de petites îles dont la taille modeste (moins de dix hectares) en fait des «territoires sentinelles» préservés des pressions humaines.
Mesures physiques, hydrologie, identification de plancton animal et végétal, ou encore comptage de poissons par des méthodes non intrusives sont au programme de cette campagne, qui doit permettre de mieux appréhender l'influence des changements climatiques sur les évolutions des écosystèmes de Méditerranée. «Au delà d'un nécessaire constat, il s'agit d'obtenir des arguments scientifiques solides pour construire une décision politique», explique Pierre Boissery, expert auprès de l'Agence française de l'eau.
La Méditerranée compte 15.000 petites îles, dont 85% dépendent de la Grèce, souvent mal connues. «Certaines, autour de l'Ile d'Elbe par exemple, n'ont pas été visitées par un scientifique depuis plus d'un siècle», expose le délégué «Europe et International» du Conservatoire du littoral, Fabrice Bernard. Mais ils sont devenus des laboratoires du vivant, où l'on peut relever les impacts strictement induits par les changements climatiques. «On calcule les capacités de résilience de ces milieux, leurs capacités à s'adapter et à survivre. On s'en sert de territoire pilote pour une meilleure gestion des écosystèmes méditerranéen, un modèle que l'on pourra dupliquer», résume Fabrice Bernard. L'enjeu est de taille. Les experts prévoient que 80% de la population des pays du bassin méditerranéen, soit près de 600 millions d'habitants, vivront sur la frange littorale à l'horizon 2025.