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«Chaïbia, le mythe vivant» voit le jour

«Chaïbia, le mythe vivant» est le titre d’une monographie qui vient de paraître avec le soutien du ministère de la Culture. L’opus de 200 pages propose un voyage décoiffant au cœur de la genèse de l’œuvre de Chaïbia Tallal, une figure de proue de l’art au Maroc, décédée en 2004. Et c’est la première fois que son fils Hossein Tallal, également artiste de renom, relate son parcours, alimenté par des documents historiques tirés des archives de la Galerie Alif-Ba dirigée par Rabia Aroussi.

20 Septembre 2016 À 17:31

Impossible de parler de l’histoire de la peinture au Maroc sans citer le nom de la grande plasticienne Chaïbia Talal, décédée en 2004. Source de fierté du Royaume et symbole d’une expression picturale éternellement jeune, Chaïbia Talal est une école de peinture en soi. Pour mettre en lumière le génie des œuvres originales de cette grande plasticienne, son authenticité et ses caractéristiques esthétiques et patrimoniales, un ouvrage monographique intitulé «Chaïbia, le mythe vivant» vient de paraître avec le soutien du ministère de la Culture. Sacré voyage ! Il s’agit de mettre en lumière la genèse de l’expression picturale de la «Mère de l’art naïf».Consacré à l’œuvre artistique de Chaïbia Talal, riche à plus d’un titre, cet opus retrace le parcours à plusieurs facettes de cette artiste pionnière de la peinture au Maroc. Car Chaïbia Talal est non seulement une grande artiste-peintre, mais elle est aussi une des premières militantes des droits de la femme. L’ouvrage, préparé par le critique d’art Abdellah Cheikh, est préfacé par un extrait de la Lettre royale de condoléances adressée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Hossein Tallal le 2 avril 2004. «Chaïbia est une artiste pionnière reconnue mondialement par son talent autodidacte et son génie particulier qui ont immortalisé son nom créatif dans toutes les galeries et les milieux artistiques et diplomatiques de par le monde».

Cet opus de 200 pages se veut un vibrant hommage à la mémoire de l’artiste-peintre Chaïbia Talal à travers des témoignages et des photos inédites, des escales biographiques de la défunte. «Comment je suis devenue peintre ? Tu sais, chacun de nous a sa voie bien tracée. Avant de peindre, des événements ont étoilé mon chemin : une rencontre dans un sanctuaire, un rêve, des pressentiments… J'ai fais le rêve là, dans la petite chambre à côté qui donne sur le jardin. J’étais chez moi, le ciel était bleu, bardé d’étendards qui craquaient au vent, comme s’il y avait une tempête. Da la chambre où j’étais jusqu’à la porte, à travers tout le jardin, il y avait des cierges allumés. Ils m’ont apporté des pinceaux et de la toile. Il y avait des jeunes, et deux vieillards avec de longues barbes. Ils m’ont dit : “Ceci est dorénavant ton gagne-pain”… Donc il y eut ce rêve… Un jour, Pierre Gaudlbert est venu avec Cherkaoui chez moi. Ils ont aimé. Ils m'ont demandé de leur montrer le reste des toiles. Ils ont aimé», a confié Chaïbia Talal à la sociologue et écrivaine Fatema Mernissi, décédée en 2015. Sans conteste, elle demeure parmi les artistes-peintres les plus célèbres de tous les temps au Maroc. Aujourd’hui, l’on parle encore de sa peinture, de cette école et ses rudiments, de son univers et ses composantes. Car Chaïbia Talal n'est pas seulement une grande plasticienne mais également une grande militante en faveur des droits des femmes. Elle a tout d'abord mis en place une scène d'arts plastiques féminine au Maroc, puis elle a participé à l'essor de cette même scène sur le plan mondial. Enfin, elle a assisté à plusieurs réunions et rencontres internationales des Nations unies.

Pour son fils, Hossein Tallal, également artiste-peintre, le secret de Chaïbia, c'est le travail minutieux. «C’est une femme artiste qui a travaillé tout le temps. Enfermée chez elle, elle recevait beaucoup de monde. Dans ses œuvres calculées en nombre d’or, chaque chose était à sa place. Pour elle, la sincérité est importante dans la création. Elle se manifeste par des traits et des compositions. Chaque couleur donne une image sur l’artiste. Il faut aussi reconnaître que Chaïbia a mené la peinture marocaine à l’universalisme par ses couleurs, ses habits, ses fantasmes, sa bohémie. Elle a fait connaître à travers ses œuvres d’autres artistes-peintres marocains. Il ne faut pas avoir 70% de blabla et 30%de peinture. Il faut 100% de peinture», explique-t-il.

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