Naissance de SAR Lalla Khadija

Abdallah Akar expose à l’Institut français

Les cimaises de la galerie de l’Institut français de Kénitra abritent, jusqu’au 27 novembre prochain, une exposition du plasticien iconoclaste Abdallah Akar.

Les œuvres exposées invitent à découvrir un univers où se côtoient lettres arabes, magie du verbe et magnificence des couleurs.

18 Novembre 2016 À 18:07

La singularité du travail de Abdallah Akar se manifeste dans cette capacité à établir le lien entre la calligraphie, la poésie et la peinture. À travers ses œuvres, il invite à découvrir un univers où se côtoient en parfaite harmonie lettres arabes, magie du verbe et magnificence des couleurs. Certains n’hésiteraient pas à comparer son style à une symphonie dont les partitions sont indépendantes les unes des autres, mais qui produisent une œuvre cohérente et magistrale.

Dans une série composée d’une trentaine de tableaux, Abdallah Akar écrit, peint, calligraphie des mots, avec cette volonté et ce talent d’offrir au public des œuvres où les frontières ne sont qu’illusoires. C’est un plasticien qui propose sa propre vision marquée par une recherche continue de support et de combinaisons renouvelée.La critique d’art Aida Akar décrit avec justesse l’univers créatif de cet artiste hors pair. «L’artiste joue en quelque sorte avec l’écriture, comme une mise en abime de la lettre faisant écho au fond sublimé par la couleur. On peut même voir, ici ou là, des fractales de lettres, prenant des formes tantôt obliques, tantôt carrées, tantôt arrondies.» Il faut reconnaître que l’on perd pied face à ces formes cosmiques, comme des poussières d’étoiles, des poussières de lettres comme il les définit lui-même.

La densité et la richesse créatrice de l’artiste sont le fruit d’une expérience personnelle forte acquise tout au long de sa carrière artistique. Après des années de jeunesse dans son village natal, au sud de la Tunisie, Abdallah Akar arrive à Paris à la fin des années 60. Il rencontre le maître Ghani Alani, calligraphe irakien et se forme à ses côtés. Il deviendra par la suite peintre-calligraphe, en plus de sa profession d’enseignant de mathématiques-chimie.

À l’écoute de la plus haute poésie, arabe et occidentale, il aime la complicité du papier et du bois ou des grands voiles de coton. Dans son atelier du Val-d’Oise, Akar, intuitif et fervent, aime croiser l'héritage et la création, les sensations et les mondes. Juste avant l’exposition, il a participé, aux côtés de Brahim Bouchika (typographe) et Moulay Youssef Elkahfay (lithographe), au projet «Dessine-moi une ville» né du constat flagrant de la mutation que connaît la ville de Kénitra, passant d’une cité à vocation agricole à une ville économique de toute première importance.

Le projet s’adressait aux jeunes et avait pour vocation la formation aux techniques de la gravure, de la typographie et de la calligraphie, en choisissant la ville de Kénitra comme thématique. Les artistes ont procédé à une information et mise en pratique de ces techniques, puis ont travaillé avec les stagiaires afin de réaliser des œuvres authentiques mettant en valeur leur propre vision de l’espace urbain, fruit d’une réflexion esthétique et sociologique. Il s’agit de fresques murales, de réalisations graphiques qui sont actuellement exposées dans les locaux de l’Institut français. L’objectif était aussi de rendre encore plus convivial un lieu dans lequel certains stagiaires étudient. Il s’agit plus généralement d’une opportunité de s’approprier un lieu en créant un espace de dialogue.

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