27 Novembre 2016 À 19:08
Les exposés et débats animés tout le long de ces deux jours se sont déroulés à un rythme soutenu, durant plus de dix heures d’échanges, en présence de plus de 120 participants et participantes, dont la majorité venait d’Europe et d’Afrique, représentant 45 instances de régulation, des organisations internationales (Unesco, Organisation internationale de la francophonie, OIF), des institutions spécialisées (Institut national de l'audiovisuel, INA)... La totalité des médias audiovisuels nationaux, les radios et les télévisions, en plus du Centre cinématographique marocain (CCM), représentés par leurs premiers responsables, ont été au centre des apports de ces journées. Alors que des expertises et des expériences venant de France (INA) et du Canada (Radiotélévision publique, «ICI Radio Canada»), ont permis des échanges d’ordre technique avec les cadres et les techniciens en charge de nos archives audiovisuelles au CCM, à la HACA et dans nos différents médias nationaux ainsi qu’avec les délégations des instances de régulation des pays africains, membres du REFRAM (Réseau francophone des régulateurs des médias) que préside Ibrahima SySavané, également président de la HACA de Côte d’Ivoire et ex-ministre de la Communication. Sont intervenus également à la tribune, le représentant de l’Unesco au Maghreb, Khaled Salah, les représentants de l’OIF, Bertrand Levant, Pierre Barrot, Jean François Furnemont, les représentants de l’INA, Éric Rault, Mmes Christine Braemer et Marion Jacquemin, le représentant de Radio Canada, Patrick Monette, ainsi que l’expert, ex-secrétaire général de l’ACCT (devenue OIF en 2005), l’historien canadien Jean-Louis Roy, auteur d’une grande enquête mondiale sur la diversité culturelle parue en janvier dernier : «Bienvenue dans le siècle de la diversité, la nouvelle carte culturelle du monde».
À noter aussi que la participation marocaine comptait également de fortes délégations, celle de la Bibliothèque nationale, conduite par Driss Khrouz, celle des Archives du Maroc, conduite par Jamaa Baïda, celle de la Gendarmerie royale, et des délégations de responsables et d’enseignants de l’ISIC, de l’ISMAC et de l’ESI. Le Conseil national des droits de l'Homme était représenté par son secrétaire général, Mohamed Essabbar.Menant ces travaux comme un conclave visant à ériger la sauvegarde des archives comme une priorité nationale pour tous les pays représentés, la HACA a retenu pour ce chantier, ouvert pour la première fois tant au Maroc qu’à l’échelle multipartite du REFRAM, deux objectifs principaux : développer un fort plaidoyer à l’adresse des décideurs politiques et des médias concernés, interrogeant, à l’occasion, les politiques publiques concernées ou à promouvoir ; mener une profonde réflexion sur les meilleurs choix à recommander en matière de systèmes d’archivage, de modes de gestion de ces fonds, et des contenus de formation à déployer au profit des responsables qui en ont la charge de conception, de gestion et d’exploitation. Ces orientations, explicitées dans leurs interventions d’ouverture par la présidente de la HACA Maroc, Amina Lemrini El Ouahabi et Ibrahima SySvané, président du REFRAM et de la HACA Côte d’Ivoire, ont été déclinées sur différents panels, dont un animé exclusivement par les acteurs nationaux : Fayçal Laraïchi pour la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), Sarim Fassi Fihri pour le CCM, Salim Cheikh pour la Soread 2M, Othman Nejjari pour Medi1 TV et Khalid Belyazid représentant l’Association des radios privées, l’ARTI.
C’est au cours de ce panel qu’a été dégagée la perspective, à la fois mobilisatrice et réaliste, proposée par le PDG de la SNRT : lancer une plateforme nationale qui, grâce à la numérisation et une connectivité performante, pourrait non seulement sauvegarder et moderniser nos archives audiovisuelles éparpillées entre diverses institutions, avec des risques avérés à ce jour, qui diffèrent d’un fonds à un autre, mais permettrait aussi de rendre accessible, vite et efficacement, tout ce patrimoine aux citoyens, aux professionnels, aux créateurs, aux chercheurs, avec des possibilités d’exploitation différenciées et même génératrices de revenus pour les dépositaires. Sans oublier les possibilités d’échanges et de coopération entre les détenteurs de ces fonds, à des fins de programmation ou de création. Cette perspective, si elle nécessite une décision d’ordre réglementaire ou législatif, somme toute aisée à entreprendre, et des concertations d’ordre institutionnel, elle dépend fondamentalement, pour sa concrétisation, d’une mobilisation volontariste de tous les concernés et demande à être confortée par une volonté politique et une politique publique acquises à ce but ultime. Elle nécessitera également une importante ingénierie nationale de formation et de recrutement de ressources humaines hautement qualifiées dans les systèmes d’archivage qui sont sans cesse en évolution du fait des progrès et des innovations continuels du numérique.