Spécial Marche verte

De banales infections à l’origine de lourdes pathologies

L’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques organise ce samedi sa sixième journée de l’auto-immunité. L’occasion de débattre des risques de ce type de pathologies, qui touchent 10% de la population marocaine, à la suite d’une infection souvent anodine.

Les virus bactériophages (en vert) s'en prennent à la bactérie Escherichia coli, responsable d'infections urinaires ou d'intoxication alimentaire.

04 Novembre 2016 À 20:17

Dans notre pays, ces maladies infectieuses sont encore un problème de santé publique, même si elles sont en nette diminution. Dans ce sens, L’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (Ammais) organise ce samedi sa sixième journée de l’auto-immunité. «Nous débattrons aujourd’hui des risques que peut avoir une simple infection pour l’apparition ou l’aggravation d’autres pathologies, des moyens de prévenir ces risques et notamment des traitements adéquats à mettre en œuvre», indique le Pr Khadija Moussayer, présidente de l’Ammais.En effet, les maladies auto-immunes, telles le lupus la sclérose en plaques, le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie cœliaque, la maladie de Crohn, ou encore le psoriasis représentent la troisième cause de morbidité après les affections cardiovasculaires et les cancers, en touchant environ 10% des marocains.Plusieurs causes en sont à l’origine, comme l’hérédité et des facteurs environnementaux divers : rayons solaires, tabac, pollution atmosphérique et alimentaire, et les infections. Les bactéries et virus jouent en effet un rôle important dans leur déclenchement : ainsi l’helicobacter pylori (une bactérie commune dans l’estomac), dont on sait déjà qu’elle est directement impliquée dans la survenue de cancers, serait aussi responsable de nombreuses pathologies auto-immunes.

«On considère qu'aujourd'hui au Maroc, une personne sur deux est porteuse de cet agent infectieux et que 10% d'entre elles développeront des infections gastriques sérieuses comme les ulcères ou les gastrites chroniques», affirme le Pr Khadija Moussayer. Des liens sont établis aussi entre certains streptocoques (des bactéries présentes fréquemment, notamment dans la bouche et les intestins) et le rhumatisme articulaire. «À partir d’une simple angine non traitée, des attaques auto-immunes vont survenir pouvant toucher le cœur, les articulations, le système nerveux central ou la peau, avec de graves conséquences potentielles au niveau des valves cardiaques ou du système nerveux central», poursuit notre spécialiste.

Un autre exemple montre bien l’importance de cette problématique au Maroc : la tuberculose latente, un état où des personnes sont infectées sans que la maladie soit encore développée. «Près d’un tiers de la population en est atteinte», avance le Pr Moussayer, notant que le risque de la développer au cours de l’existence chez ces personnes infectées est de 10%. En revanche, les personnes dont le système immunitaire est déjà affaibli, en particulier par une maladie auto-immune ou par ses traitements, courent un risque beaucoup plus élevé de réactiver ces formes latentes. Seul un traitement préventif permet d’éviter cette complication. 

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