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L’ADFM déplore la faible présence des femme dans les débats électoraux

L’Association démocratique des femmes au Maroc vient de livrer les conclusions préliminaires de son observation ayant porté sur la dimension genre dans les médias pendant les législatives 2016. La principale conclusion fait état d’une faible présence de la gent féminine dans les débats.

16 Octobre 2016 À 15:23

L'Association démocratique des femmes au Maroc (ADFM) a réalisé une étude sur la base d’une observation ciblée qui a porté sur la présence de la femme dans les médias marocains (audiovisuel et presse écrite) au cours de la campagne électorale des législatives du 7 octobre. Cette étude, présentée récemment à Casablanca (le rapport final sera diffusé prochainement), est le fruit de l’observation de quatre chaines de télévision (la première, 2M, Tamazight et Medi1 TV), de trois radios (Al Idaa Al Watania, Al Idaa Al Amazighia et Chada FM), de cinq journaux indépendants (Le Matin, Aujourd’hui le Maroc, Assabah, Al Massae, Akhbar Al Yaoum) et six journaux partisans (Al Ittihad Al Ichtiraki, Attajdid, Bayan Al Yaoum, Al Alam, Rissalat Al Ouma et Akhir Saa).

Elle a permis à l’ADFM de conclure que, dans les médias et à travers les supports suivis, lors de la campagne électorale, la présence de la femme était très faible. En effet, selon les résultats préliminaires de cette étude, il y avait une présence prédominante des hommes lors de cette campagne par rapport aux femmes sur les médias. Les formations politiques n’ont pas donné aux femmes la possibilité de les représenter, est-il souligné. L’étude relève également que même les femmes qui ont pris la parole n’ont pas accordé, dans leurs propos, de l’importance aux questions féminines. Les chiffres livrés dans ce sens montrent par exemple que les questions de la parité, de la citoyenneté et de la lutte contre la discrimination n’ont représenté que 8%. Sachant que d’autres thèmes comme la question de la «réforme» a représenté 18%, la justice sociale 9,4%...

L’enquête de l’ADFM montre également que les supports médiatiques n’ont pas exploité les genres journalistiques pour présenter les candidates aux élections, ce qui fait que les produits journalistiques ont été sans attrait. En ce qui concerne les plateaux de débat sur les chaines de télévision, les femmes ont été presque absentes au profit des hommes. L’étude relève, s’agissant de la nature des intervenants, la présence de seulement 4% d’académiciens avec une nette absence des femmes. Les acteurs politiques ont été présents à hauteur de 10% pour les femmes et 30% pour les hommes.

Quant aux acteurs de la société civile, ils ont été présents dans une faible proportion (4%). À cet égard, l’étude a relevé que dans ce cas, il y a eu parité entre les hommes et les femmes. En ce qui concerne les «autres» profils d’intervenants, ils sont 18% d’hommes et 4% de femmes. S’agissant de la nature du discours qui a dominé lors de la campagne électorale, l’étude souligne que c’est le discours politique qui a prévalu, véhiculé à hauteur de 24% par des hommes et 8% par des femmes. Le discours social a été mis en avant par des hommes à hauteur de 10% et de 5% par des femmes. Quand au discours économique il reste très faible. Selon Khadija Errabah, l’une des figures de proue du mouvement féminin et responsable à l’ADFM, l'opération de cette étude a été menée selon une approche scientifique confiée à un chef de projet et une équipe de jeunes qui a déjà travaillé sur la même question lors des élections législatives de 2007 et de 2011, ainsi que les communales de 2009 et de 2015. Les analyses entreprises ont porté sur le volet quantitatif et qualitatif, souligne, pour sa part, Mohamed Abdelouahab Allali, professeur universitaire, expert en communication et responsable du master en communication politique à l’ISIC.

Il est à noter que ces conclusions vont être adressées aux acteurs concernés, notamment les formations politiques, ainsi qu'à la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. Cette dernière, est aussi appelée à mener des études sur l’approche genre dans les médias, accompagnées de recommandations. L’ADFM prévoit également d’agir pour le changement du cadre légal, notamment la loi 57-11 ainsi que le décret 2.11.661 qui réglementent l’accès aux médias lors de la campagne électorale. 

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