10 Mai 2016 À 17:48
Grand rendez-vous de l'assurance en Afrique, la quarante-troisième Conférence et assemblée générale de l’Organisation des assurances africaines (OAA) clôt ses travaux aujourd'hui. Durant trois jours, ce forum, placé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI et initié sur le thème «L’assurance africaine entre les défis actuels et émergents», se proposait notamment de mettre en évidence le potentiel de croissance du secteur en Afrique et de décrypter les défis que devrait relever l’ensemble des opérateurs en vue d’asseoir un développement efficient et durable.Le taux de pénétration de l’assurance en Afrique demeure très faible dans la mesure où il se situe à peine à 2,8% contre une moyenne mondiale de 6,3%, a souligné Bachir Baddou, directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance, l’organisatrice de cet événement continental avec la Société centrale de réassurance.
L’industrie de l’assurance dans nombre de pays africains doit continuer à se structurer et à croître en mettant en place des couvertures à même de répondre aux besoins des populations et à leur pouvoir d’achat, a-t-il dit, estimant que cette industrie a, devant elle, «un gisement de matières assurable extraordinaire et des marges de progression exceptionnelles pour les années à venir». Il a, d’autre part, signalé que le marché marocain de l’assurance a réussi, en quelques années, «une véritable transformation» qui en fait aujourd’hui l’un des secteurs clés de l’économie nationale, faisant savoir à cet égard que pas moins de 13 milliards de dollars ont été investis par les entreprises d’assurance dans l’économie marocaine.
Cette tendance de fond a été amorcée depuis 2007, année durant laquelle l’assurance vie et capitalisation est devenue la première branche en termes de primes émises devant l’assurance automobile, a ajouté M. Baddou, pour qui ladite tendance s’est poursuivie et accentuée de sorte qu’à fin 2015, l’assurance vie et capitalisation représentait 34,7% des primes émises, rapprochant ainsi le Maroc de plus en plus des marchés matures.Dans le même ordre d’idées, le président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, Hassan Boubrik, a indiqué que le secteur de l’assurance en Afrique reste encore peu développé, étant entendu qu’il ne représentait en 2015 qu’à peine 1,5% du marché mondial, et que plus de 70% des primes émises sur le marché africain proviennent uniquement de l’Afrique du Sud.
Le marché africain est également marqué par un taux de cession en réassurance très élevé, dont 23 à 25% en moyenne en dehors de l’Afrique du Sud et du Maroc, compte tenu de la faible capitalisation des assureurs et de leur manque d’expertise, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité de travailler en synergie et d’intensifier les efforts dans l’optique de faire émerger une véritable industrie de l’assurance dans le continent.À ce titre, M. Boubrik a avancé quelques idées qui pourraient contribuer à la concrétisation de cet objectif. Il s’agit, entre autres, de travailler davantage pour une consolidation des acteurs et pour l’émergence de groupes panafricains capables d’investir et de développer l’expertise nécessaire, d’œuvrer pour une harmonisation des cadres réglementaires régissant le secteur et d’affirmer davantage le rôle des autorités de supervision en leur donnant plus d’autonomie et plus de moyens.
À son tour, la présidente de l’OAA, la Tunisienne Lamia Ben Mahmoud, a souligné le rôle clé que joue l’assurance dans toute économie moderne et stable, faisant observer que le besoin en assurance devient de plus en plus évident avec le développement accru des économies et l’importance grandissante des risques.Après avoir relevé que le baromètre de l’assurance africaine, une étude qui donne lieu à une présentation officielle de l’état actuel et des perspectives d’avenir du marché africain, est estimé à une valeur de 69 milliards de dollars, la patronne de l’OAA a plaidé pour la création de groupements au niveau du continent pour soutenir les marchés africains de l’assurance et asseoir les voies de complémentarité et de coopération afin de dépasser les difficultés et atteindre le niveau souhaité.
Organisation non gouvernementale créée en 1972, l’OAA compte plus de 356 membres représentant 47 pays et 14 membres associés internationaux. Elle œuvre notamment pour la promotion et la coopération interafricaine et le développement d’une industrie de l’assurance et de la réassurance saine dans le continent.